SUR LA PISTE DE L’OR BLANC
Ça y est, c’est officiel : nous venons de passer un hiver pratiquement vierge de toute neige et dont la douceur n’a paraît-il pas été enregistrée depuis 100 ans qu’il existe des outils de mesures météorologiques fiables en Hongrie.
Au rancart, déneigeuses, sacs de sel et Moonboots ! Bienvenue-Bienvenue aux cigognes prématurément rentrées d’Afrique et aux crapauds de Styrie. Partout les amandiers sont en fleurs et les cerisiers aussi. Oui, vraiment c’est épatant. Tout est précocement si joli.
Pourtant, cette excellente nouvelle ne semble pas réjouir tout le monde. Certains grognons comme les climatologues et les stations de ski ne cessent de jouer les fâcheux devant notre plaisir.
Pour les uns ce record mondial de chaleurs (+0,72°C) les amène à scruter les pôles avec inquiétude et déclarer l’état d’urgence devant la fonte massive de la banquise et les innombrables conséquences induites : élévation du niveau de la mer, dérèglements inquiétants des courants marins…
Pour les autres, et de façon plus prosaïque, se pose la question de savoir si la neige n’est pas carrément une espèce en danger qui risquerait fort de nuire à leur petite entreprise : le raccourcissement des saisons de ski et la possible disparition progressive de toutes les stations de basse et moyenne altitude dans les Alpes. Ainsi, si nous prenons notre voisin autrichien chez lequel il est si facile d’aller skier d’ici, sachez qu’une élévation de seulement 2°C des moyennes hivernales verrait une chute du nombre des stations bénéficiant d’un enneigement naturel fiable de 42% (source OCDE 2007). Presque la moitié du parc de loisirs alpin sur lequel la majorité des aficionados hongrois aiment à dévaler les pistes blanches de préférence ! Effectivement, là, c’est beaucoup moins rigolo sans compter qu’avec un pic culminant seulement à 1015m dans ce pays, on va pouvoir dire adieu aux dimanches sur les planches dans les Matras ou dans les collines de Normafa.
Donc, si ce réchauffement climatique se confirme, il est possible que d’ici à la moitié de ce siècle, on ne puisse plus skier qu’en haute altitude (les canons à neige exigent également des températures négatives continues et sont extrêmement gourmands en eau et en énergie). Ainsi, la rareté de l’offre pourrait voir le ski de masse porté par la croissance économique céder à nouveau la place à un ski pour élite très aisée comme au bon vieux temps des années 60. Tiens, tiens ! Déjà qu’entre les forfaits, les cours pour les enfants, la location du matériel et les logements, c’était ruineux d’aller skier, il est probable que nous serons nombreux à faire l’impasse. En attendant, profitons-en pour dévaler les rares montagnes environnantes encore enneigées.
Et pour finir sur une note plus en harmonie avec le dossier mode de ce numéro, parlons un peu chaussure de ski à son pied.
Comme tout le monde le sait, ce qu’il y a d’horrible pour les femmes c’est d’entrer les pieds dans ces atroces coques rigides dont les attaches exigent une force herculéenne dans les doigts et que les fabricants osent appeler des chaussures.
Qui a déjà regardé une femme se dandiner en marchant dans ces outils de torture, me comprend. Ainsi, pour tenter de nous amadouer en nous faisant croire que nous sommes aussi bien carrossées que ces atroces excroissances plastifiées, chaque année, la marque Lange lance sa collection féminine à l’aide d’une muse à mettre le feu à tout l’univers spatulé. (Pamela Anderson…Fanny Anselme cette année).
Ainsi, pour nous vendre ça:
On nous donne à voir ça !
Enfin, quand je dis on nous donne, je devrais plutôt écrire, on leur donne. Et eux, ce sont nos hommes dont on sait très bien que leur sauter directement à la braguette est le plus sûr chemin pour les faire dépenser… sans trop y regarder. Ainsi vont les modes.
Marie-Pia Garnier
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