Splendeur perdue?
Le centre ville de Budapest a accueilli pendant plusieurs dizaines d’années des petites boutiques et des magasins conviviaux attirant et desservant la demande des consommateurs . Aujourd’hui son image est un peu différente : beaucoup de boutiques spécialisées ont disparu laissant derrière elles des locaux vides et fermés aux vitrines «artistiquement décorées» d’affichages sales et déchirés, donnant aux rues de Budapest une image triste et démora-lisante. On pourrait croire que ces magasins sont totalement abandonnés par leur propriétaire. En réalité ce n’est pas le cas.
Avec la création des gros centres commerciaux proposant un vaste choix de magasins spécialisés et d' hypermarchés sous le même toit, les petites boutiques se sont retrouvées dans une situation financière difficile. La concurrence, le prix trop élevé du stationnement pour les acheteurs, le manque de place libre pour la livraison des marchandises, les prix des loyers s’élevant parfois jusqu’à plusieurs milliers d’euros ont causé la faillite puis la fermeture de la plupart d'entre elles. L’activité de ces points de vente a été liquidée, les locaux ont été fermés et les vitrines abandonnées donnant libre cours à «l’affiche-déco». La municipalté n’a malheureusement pas les moyens de résoudre le problème en «réactivant» les magasins vides, car la plupart des locaux ont été privatisés autour des années 96. La ville n’a donc plus d’autorité sur les propriétaires. Le reste est géré par le BFVK Rt. (Administrateur des biens de la ville de Budapest) qui en propose la location.
Comme il arrive souvent que les locataires ne soient plus capables de payer le loyer, ils ferment et abandonnent leur magasin , mais le bail reste valable. Dans ce cas-là, ils sont avertis par le BFVK Rt. tous les 3 mois, puis pénalisés par une amende de 30 000 HUF qui est au pire extorquée par le tribunal lors d’une procédure de plusieurs années tandis que les vitrines, autrement dit l’image des rues de la capitale, restent négligées. De plus, il arrive souvent que le BFVK ne connaisse pas ses débiteurs.
L'administration des locataires et des loyers nécessiterait l’élaboration d’une base de données complète dont la municipalité ne dispose pas pour l’instant. Les solutions actuelles sont donc temporaires : des amendes aux locataires connus, des taxes préférentielles pour les payeurs fiables. Une nouvelle tendance a cependant vu le jour : la libre utilisation des vitrines à des fins artistiques! Notons par exemple les expositions de jeunes artistes, photographes ou graphistes sur la vitrine de l’ancien magasin Persona Outlet dans la rue Ráday. Cet usage des vitrines est à vrai dire, plus admirable que les vieilles affiches ou publicités souvent sales et déchirées.
Kata Bors
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