Situation de fortune
Les instances financières à la traîne
La taxe bancaire, le remboursement anticipé à taux fixe, la volatilité des taux de change et des indices économiques désespérants : tous autant de facteurs qui, en ce moment, pèsent lourdement sur les banques en Hongrie. Des liquidités et des crédits asséchés ont provoqué la chute libre du chiffre d’affaires des multinationales, qui pour le moment résistent.
Après 13 années d’envolée financière, le secteur bancaire est devenu déficitaire en 2011. L’instauration de la taxe bancaire, du remboursement anticipé à taux fixe, à quoi s’ajoute la volatilité des cours, a fortement affecté le résultat des banques. Selon le rapport de l’Association des Banques, le remboursement des crédits en devise étrangère a, à lui seul, provoqué 210 Mrds de pertes pour la totalité du secteur : 50 Mrds pour K&H, 60 Mrds pour Erste et 60 millions d’euros pour Raiffeisen. Il faut noter que, chez Erste, 27 à 28% des crédits hypothécaires en devise étrangère ont été remboursés en amont, permettant ainsi à près de 25 000 débiteurs de se libérer de leur dette à un taux préférentiel. 99% de ces crédits remboursés l’ont été en Franc suisse. Chez K&H le taux de pré-remboursement s’élève à 30%, soit 28 000 débiteurs concernés.
Les banques étrangères désormais résistent et ne prévoient pas de quitter la Hongrie, bien qu’elles soient amenées à élaborer de nouvelles stratégies opérationnelles. Jelasity Radován, PDG de Erste souhaite dans cet esprit placer les clients premium, les familles et les jeunes adultes au centre de leurs préoccupations. Les autres banques jouent sur le rétablissement de la santé de leurs portefeuilles, fortement dégradée du fait des mesures gouvernementales prises d’une manière unilatérale sur le remboursement final. « Les finances traînent en ce moment. Ainsi, la capacité des banques à améliorer l’état financier de l’économie par leur activité de financements est remise en question », a admis Ferenc Karvalits, vice-président de la Banque Nationale MNB.
D’autres difficultés comme la crise de l’euro font également craindre les banques multinationales. Outre l’évolution du marché financier hongrois, celles-ci ne peuvent pas s’acquitter de l’impact des tendances globales, dont l’enjeu le plus brûlant est le rétablissement de confiance du secteur au niveau international. En Europe Centrale et Orientale, la situation est mitigée. Elles opèrent dans l’incertitude, entourées de risques internationaux et locaux considérables. En Slovaquie, en Pologne et en République Tchèque, la stabilité de la performance économique produit désormais un effet positif sur le secteur financier. Alors que la donne n’évolue pas en Bulgarie, en Roumanie et en Croatie, où des risques considérables sont en jeu. Néanmoins le secteur dispose d’une certaine élasticité pour amortir les chocs, ainsi la situation reste stable dans ces zones. En Hongrie il est grand temps que les banques changent de mode opératoire si les autorités publiques le permettent.
Kata Bors