SHÖNBRUNN ou LA VRAIE VIE DE CHÂTEAU

SHÖNBRUNN ou LA VRAIE VIE DE CHÂTEAU

Billet d'Humeur

Certes c’est toujours un peu bateau de parler d’un tel château et pourtant…. qu’il est beau et pas seulement en son Canaletto.

Image retirée.

Oui, Schönbrunn est magique et si près de Budapest à l’échelle européenne, qu’il serait bien dommage de s’en priver. C’est une promenade familiale gaie, un petit moment de civilisation parfait. Car au-delà du Zoo, des écureuils en liberté qui gambadent un peu partout dans le parc, les enfants semblent vraiment apprécier le grand tour des appartements impériaux. Car ils le sentent, on leur explique très intelligemment en leur remettant des audiophones comme aux grands: en ce château ont également grandi bien des enfants.

Ainsi, ce palais fut d’abord la résidence d’été d’une famille extraordinairement féconde et tout à fait atypique pour une dynastie régnante du XVIIIe siècle. Et de grâce, oublions un instant Sissi la première anorexique people dont on nous rebat constamment les oreilles, pour s’inviter avec délices dans l’univers baroque et rococo de l’authentique couple impérial historique que formait Marie-Thérèse de Habsbourg avec François de Lorraine qu’elle aimait (Ah les french Lovers !). C’est elle qui régnait, c’est lui qui faisait tourner les finances et la petite entreprise familiale qui ne connaissait pas la crise. Bien sûr, à première vue, Schönbrunn est une énorme crème montée un peu mastoc à la gloire de l’architecture pâtissière autrichienne à un détail près cependant: sa conception intérieure alterne pièces de réceptions et appartements privés. Ainsi, on ne visite pas essentiellement des chambres d’apparat comme à Versailles, mais bien une grande variété stylistique de pièces en enfilade où la famille vivait, jouait, et d’où certainement l’impératrice concoctait des mariages comme d’autres cuisaient des Strudels. Car c’était bien ça la recette gagnante de la maison impériale en matière de politique étrangère : mieux valait d’abord célébrer un mariage que de déclarer une guerre. Ainsi, Marie-Thérèse, en plus de moderniser son gigantesque Etat d’une main de fer (elle n’avait rien d’une monarque éclairée), de faire bâtir un des plus gros châteaux baroques d’Europe, accrut à la chaîne sa lignée. Dix de ses seize enfants (sept filles et trois garçons) vécurent jusqu’à l’âge de leurs très politiques épousailles, à une petite exception près cependant qui en dit long sur l’impératrice : elle consentit à un mariage d’amour pour l’archiduchesse Marie-Christine qui était bien évidemment sa fille favorite. Pour les autres, au boulot ! Et ce notamment pour une de ses cadettes qu’elle expédia en France à l’âge de quatorze ans par CPE (Carrosse Princier Express) afin de renforcer son alliance avec les Bourbons contre la Prusse et l’Angleterre.

Ainsi, Marie-Thérèse est la mère de la seule reine française totalement fashionista à avoir fini raccourcie un petit matin par la machine de Monsieur Guillotin. Et oui, pauvre Marie-Antoinette dont le nom, ces derniers temps, sonne lui aussi terriblement Bling-Bling : macarons, champagne, bijoux, chaussures éventails, perruques, robes, moutons et Petit Trianon… Depuis deux ans que les Américains s’en sont entichés, elle tourne la tête des grands couturiers et des commissaires d’exposition. En mars à Paris s’ouvrira au Grand Palais une exposition très opportuniste qui lui sera entièrement consacrée et pour laquelle Schönbrunn a consenti à prêter certains de ses trésors. La bonne nouvelle dans cette affaire, qui sent le coup culturo-marketing à pleins flacons de sels, c’est que pour un temps, le style Bavaro-Sissi va pouvoir aller se recorseter ailleurs.

Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos écureuils de Schönbrunn, à nos laques chinoises, à nos petits salons aux porcelaines et aux pierres dures…à nos panneaux japonais en papier de riz où toute la smala de petits archiducs et archiduchesses grandissait, apprenait à peindre, à danser, à dessiner... Ils sont très cosy ces appartements ; pour un peu on y vivrait sous le regard de tous ces enfants blonds que l’on voit en portraits. On nous raconte qu’ils avaient avec leur père des jeux artistiques fréquents comme un salon en panneaux de marqueteries des Indes devenu prétexte à une distraction familiale tout à fait épatante. Ils en décollaient et recollaient les morceaux afin d’en varier toujours les compositions.

Et une fois la visite du château achevée, vos enfants proprement «culturationnés », pas de soucis, tout ne fait que continuer avec les jardins, les perspectives, les serres et bien sûr… le Zoo.

À la grande fierté des Autrichiens, un petit Panda y est né à la rentrée. Et ce petit prince-là, à qui vont-ils le marier ?

Marie-Pia Garnier

Les Winter Pass permettent une visite complète à tarifs légèrement préférentiels. Ça n’est pas de toute façon une journée économique alors ruinés pour ruinés, n’hésitez pas à déjeuner dans la gloriette du Zoo qui est très Shönbrunn et où l’on mange plutôt pas mal.

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