Seconde mi-temps !

Seconde mi-temps !

Six nouveaux ministres et trois nouveaux ministères. Tel est le remaniement du gouvernement hongrois. Des experts civils comme des fonctionnaires du MSZP ont été nommés ministres. Les plus grandes surprises : le licenciement de Mónika Lamperth (ministre du travail et des affaires sociales depuis 2002) et la nomination, en tant que ministre des collectivités locales, de István Gyenesei, représentant indépendant. Selon les analystes politiques, ce remaniement montre que le premier ministre Ferenc Gyurcsány s’évertue également à renforcer son influence au sein du parti socialiste.

A la suite du limogeage par Ferenc Gyurcsány de la ministre libérale de la santé, Ágnes Horváth, le leader du SZDSZ, János Kóka, avait annoncé que son parti quitterait le gouvernement ; c’est chose faite depuis le 30 avril. Le MSZP s’est bien efforcé de trouver une solution à travers un hypothétique nouvel accord de coalition avec les libéraux mais, en même temps, Ferenc Gyurcsány et les autres membres influents du parti se sont apprêtés à diriger un gouvernement minoritaire.

Le 28 avril, le Premier ministre a présenté son nouveau cabinet, (en exercice depuis le 1er mai), en déclarant : «Une nouvelle époque commence dans la vie du gouvernement. Notre programme ne change pas, mais la structure, les personnes sont nouvelles.» Ferenc Gyurcsány a souligné, sans mentionner pour autant des faits concrets, que le développement, l’agrandissement, l’accroissement seront au centre de sa politique pendant les deux années à venir.

Le Premier ministre a, comme prévu, créé trois nouveaux ministères et six nouveaux ministres dans son nouveau gouvernement minoritaire : István Gyenesei - ministre des collectivités locales : représentant du Parlement ; Károly Molnár - ministre de la recherche et de l’innovation : recteur du BME (Université de technologie et de l’économie de Budapest) ; Imre Szabó - ministre de l’environnement et des eaux : chef du MSZP du département de Pest ; membre du Comité de l’environnement du Parlement ; Pál Szabó - ministre des transports, des télécommunications et de l’énergie : directeur de la poste ; Tamás Székely - ministre de la santé : directeur de la OEP (Caisse Nationale d’Assurance Maladie) ; Erika Szûcs - ministre des affaires sociales et de l’emploi : adjointe au maire de Miskolc, directrice d’une ancienne entreprise de Gyurcsány (Perfekt Rt.) ; Gordon Bajnai, jusqu’ici ministre des collectivités locales et du développement du territoire, obtient un nouveau ministère, celui de l’économie et du développement, ce qui signifie qu'il sera responsable de la politique économique du gouvernement. C’est pourquoi quelques politologues, et journalistes étrangers considèrent Bajnai comme le successeur possible de Gyurcsány.

Avant même que les nouveaux mi-nistres n’aient pris leurs fonctions, l’opposition avait déjà lancé des attaques contre eux. Ainsi, les représentants du Fidesz ont-ils énuméré les affaires contestées de la Poste (l’achat des vélos; la privatisation problématique du siège) en attaquant directement Pál Szabó, directeur de la Poste et nouveau mi-nistre.

D’ailleurs, selon l’opposition, le gouvernement minoritaire n’a pas reçu l’autorisation du Parlement, le MDF et le Fidesz demandent donc au Premier ministre de prendre l’initiative d’un vote de confiance. Procédure jugée inutile par les socialistes.

Les politologues constatent qu’on trouve à la fois des experts civils (Tamás Székely, István Gyenesei, Károly Molnár) et des fonctionnaires du parti (Imre Szabó, Erika Szûcs) dans le gouvernement remanié. Deux ministres sont en plus vraiment proches du Premier ministre, parce que Gyurcsány a eu des relations d’affaires avec eux : Erika Szûcs (Perfekt) et Pál Szabó (Motim).

Selon le politologue Zoltán Kiszelly, il faut encore faire attention aux ministres qui gardent leur poste : «le remaniement ne touche pas les rivaux possibles du Premier ministre (par exemple Péter Kiss, Imre Szekeres) ; pour Ferenc Gyurcsány, il est important de les avoir à l’œil.» Le politologue souligne que le Premier ministre essaie également de remanier le MSZP puisque, par exemple, Mónika Lamperth, ministre depuis 2002, a quitté le gouvernement pour s’investir au sein du MSZP ; quant au trésorier du parti, László Puch, il devient secrétaire d’État dans le nouveau gouvernement.

Les socialistes, qui ne sont qu’à six sièges de la majorité absolue au Parlement, pensent pouvoir continuer à gouverner si les libéraux s’abstiennent pendant les votes et ne joignent pas leurs voix à celles du Fidesz. En même temps, Ferenc Gyurcsány a déjà déclaré que si le budget n’était pas accepté à la fin de l’année, le gouvernement devra démissionner, et il faudra organiser des élections anticipées.

Szabolcs Dull

 

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