Retraité recherche Eldorado
Où résident les retraités hongrois?
Malgré la perspective d’une maigre pension, la plupart des retraités hongrois ne songent pas à quitter la Hongrie. Et pour cause, les pays qui pourraient leur assurer un train de vie plus confortable sont souvent très lointains mais surtout très rares.
L’évolution du système des retraites et celle des tendances démographiques font craindre à la plupart des salariés hongrois une baisse significative de leurs revenus lors de leur départ à la retraite. Et ils ont bien raison de s’inquiéter car, en Hongrie, la moyenne des retraites s’élève à l’heure actuelle à 92.000 HUF par mois, soit seulement 70% du salaire moyen. Une somme insuffisante pour assurer aux retraités un mode de vie confortable, avec la possibilité de mettre de l’argent de côté, de voyager un peu ou de financer des soins de bonne qualité. Face à cette situation, deux solutions s’imposent: soit revoir ses exigences à la baisse et essayer de vivre le plus modestement possible ou alors suivre le modèle allemand et émigrer dans un pays où leur maigre pension offre aux retraités de meilleures conditions de vie. Malheureusement nombre de ces pays, comme par exemple le Mexique ou l’Afrique du Sud, sont trop lointains et culturellement trop différents pour attirer les retraités hongrois.
Parmi ceux qui choisissent malgré tout l’émigration, les destinations les plus fréquemment choisies sont les États-Unis, le Canada et l’Allemagne, pays où le coût de la vie est en général beaucoup plus élevé qu’en Hongrie. Mais l’on trouve également des retraités hongrois en Irak, en Turquie, en Bulgarie et au Nigeria, dont le choix n’est donc pas dicté par des questions de confort. Il s’agit souvent de couples qui choisissent de suivre leurs enfants expatriés ou qui ont eux-mêmes travaillé quelques années dans ces pays et où ils peuvent bénéficier aujourd’hui d’allocations régulières en plus de leur retraite hongroise.
Mais l’immense majorité des retraités hongrois n’est pas motivée pour quitter la Hongrie. Seulement 0,3% des retraites hongroises sont ainsi versées vers l’étranger, dans quelques 55 pays au total. De plus, les conditions d’immigration sont souvent un frein au départ des retraités, comme le dépôt de sommes importantes au cours de la procédure juridique de l’installation dans un pays tiers, ou encore l’obligation de percevoir un minimum de revenus mensuels relativement élevé. Ces contraintes fonctionnent donc comme des “obstacles tarifaires” à l’immigration et la plupart des retraités hongrois ne peuvent pas se permettre de tels engagements.
Selon l’étude annuelle de Mercer, groupe de conseil en Ressources Humaines et en produits et services financiers associés, qui compare chaque année le coût de la vie à travers le monde, Budapest se place en 106e position sur la liste des villes les plus onéreuses (notons que l’année dernière elle figurait à la 62e place). C’est-à-dire que, par rapport aux coûts de référence plafonnés à 100 et attribués à la ville de New-York, le coût de la vie à Budapest représente seulement 66,4% de celui de New-York. Cela signifie donc également qu’il n’y a pas beaucoup d’autres villes ou pays où la retraite moyenne hongroise pourrait être suffisante pour vivre. Selon la liste Mercer, les capitales des pays limitrophes, comme Bucarest ou Bratislava, figurent également devant Budapest et ne devrait pas représenter une réelle tentation aux yeux des modestes retraités hongrois. Il faut pourtant manier les moyennes des indices statistiques avec prudence car, dans la plupart des cas, elles ne reflètent pas les inégalités au sein de la population. Quant aux statistiques concernant le montant des retraites en Hongrie, elles sont en revanche fiables car la moyenne des pensions représente bien le montant dont dispose la très grande majorité des retraités. En effet, seulement 6% des 2,5 millions de retraités perçoivent une pension supérieure à 120.000 HUF, et 1,5 millions, soit 60% d’entre eux, touchent entre 60.000 et 120.000 HUF.
Contrairement aux retraités hongrois, de nombreux séniors à travers le monde peuvent raisonnablement choisir de partir couler des jours tranquilles à l’étranger. Ceux qui optent pour cette préférence sont en outre aidés dans leur choix par une liste des destinations les plus attirantes établie régulièrement par le magazine américain Forbes. En comparant les niveaux de vie, la qualité des soins médicaux, la sécurité, les animations sportives et culturelles, etc... Forbes recommande ainsi aux retraités américains de s’installer au Canada, en Autriche, en France, en Espagne, en Irlande, en Italie ou encore au Panama. Les atouts sont différents, mais le but reste le même: profiter de ces années de retraite dans la paix, le calme et l’harmonie, c’est-à-dire parfois loin de sa mère patrie.
Kata Bors