Retour dans le passé

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Peintures sur commande

 

Le gouvernement a acheté 15 toiles, au sujet historique déterminé, afin de rendre plus populaire la nouvelle constitution. Ce geste, qui évoque le régime passé, pose la question de l'influence politique dans le domaine artistique.

 

 

Des gardes armés assurent la protection des quinze peintures exposées à la Bibliothèque Széchényi, au château de Buda. Les tableaux ont été récemment commandés par le gouvernement Orbán. Ils illustrent les évènements majeurs des 150 dernières années de l’histoire hongroise. On peut dire que le choix des évènements est assez subjectif. En plus des thèmes de la deuxième Guerre Mondiale, la Révolution de 1956, le gouvernement a également sélectionné le débordement policier contre les manifestants anti-Gyurcsány en 2006, le Théâtre National (inauguré par le premier gouvernement Fidesz en 2002), la catastrophe des boues rouges et bien sûr l’adoption de la nouvelle constitution en 2011. Dans une époque de récession, le gouvernement a payé le prix fort pour ce projet artistique. Il a prélevé en effet 20 millions de forints (70 000 euros) au budget du Ministère de l’Administration et de la Justice afin de financer son mécénat. Chaque artiste sera rémunéré 1,6 millions de forints.

C'est le commissaire du gouvernement chargé du projet, Imre Kerényi, qui est à l'origine de cette commande de toiles. Il souhaite illustrer et populariser la nouvelle constitution qui entrera en vigeur l’année prochaine. Il a expliqué qu’il s'était inspiré de l'exemple de 1896 ; l’Etat avait alors commandé 50 peintures sur l’histoire de la Hongrie pour la cérémonie du millénaire, commémorant la fondation de l’Etat hongrois.

Imre Kerényi a souligné que les politiciens actuels ne figuraient pas sur les tableaux. Pourtant sur la toile de l’enterrement posthume d’Imre Nagy (martyr de la révolution de 1956), évènement symbolique du changement de régime, le jeune Viktor Orbán prononce un discours devant la foule face au musée Mûcsarnok.

Les petit-enfants d’Imre Nagy se sont opposés à l'utilisation de l'image de leur ancêtre dans un but de promotion de la nouvelle constitution, et aussi d'autres raisons.

„Ce projet absurde évoque l’époque Rákosi. On esperait pourtant avoir enterré cette période de propagande politique ainsi que l'oppression artistique” – ont-ils indiqués dans un communiqué. Les oeuvres ont tout de même été vaguement critiquées dans la presse hongroise, notamment à cause de leur qualité esthétique, de l’utilisation de clichés et en raison d’imprécisions historiques.

Le grand public pourra les découvrir pour la première fois à partir de février 2012, à la Galerie Nationale, lors d’une exposition organisée en hommage à la nouvelle constitution. Les oeuvres seront exposées pendant huit mois, puis les peintures seront transférées dans les locaux du Parlement. Le gouvernement publiera un album en 10 000 exemplaires sur la constitution illustré avec les quinze peintures. Chaque municipalité devra présenter au public ce livre dédié à la nouvelle loi fondamentale. Chaque livre reposera sur la Table de la Constitution que les municipalités devaient installer cet automne.

 

Les 15 oeuvres:

Gábor Szinte: L’époque du dualisme austro-hongrois (1867-1914)

Gyôzô Csaba Somogyi: La première guerre mondiale (1914-1918)

Sándor Filep. République hongroise des conseils (1919)

Tibor Kiss: Trianon (1920)

Mózes Incze: L’époque de Miklós Horthy (1919-1944)

Tibor István Bráda: La deuxième guerre mondiale (1939-1945)

László Gyémánt: L’holocauste

(1944-1945)

Dániel László: L’époque de Mátyás Rákosi (1948-1953)

Imre Kocsis: Révolution et guerre d’indépendence (1956)

Krisztina Rényi: L’époque de János Kádár (1956-1988)

Tamás Galambos: L’enterrement posthume d’Imre Nagy (1989)

Gábor Atlasz. Le Théâtre National (1837-2002)

János Korényi: Le débordement policier (le 23 octobre 2006)

József Szentgyörgyi: Les boues rouges (2010-2011)

Iván Szkok: L’adoption de la nouvelle constitution (le 25 avril 2010)

 

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