Rendez-vous en terre créative avec Philippe Brasseur, le « cultivateur d’idées »
Échanges inspirants à l’Institut Français
Une tomate sur une ampoule : tel est le logo porté par Philippe Brasseur, qui se définit lui-même comme « cultivateur d’idées ». Mission réussie dès la première observation, face à nos nombreuses interrogations autour de ce fruit posé sur le socle métallique d’une ampoule. Pour trouver la réponse, il faudra être créatif. Développer ce savoir-faire chez les gens est quelque chose de naturel pour ce maitre de la communication. D’où le choix d’une tomate bien rouge pour renouveler la représentation du signal « idée ». À l’image du fruit, la créativité est quelque chose de naturel, qui se cultive. Nos représentations autour de nos propres capacités vont être renouvelées au fil de ces 3 rencontres. Il nous ouvrira les yeux sur les nombreuses capacités de chacun avec l’importance d’être créatif dans le milieu de l’entreprise et de l’éducation. « Êtes-vous créatifs ? » interrogation à laquelle, le public de l’institut français a répondu en majorité par la négative et qui aura donné lieu, au fil de nos rencontres, à un changement de perception : chacun peut l’être.
La démarche stimulante de Philippe Brasseur :
Après 27 ans, ce « facilitateur » d’idées revient à Budapest pour présenter les clés développant la créativité chez chacun. Il vient pour accompagner les personnes vers des solutions dans de nombreux domaines avec pour crédo qu’aucune activité humaine n’échappe à la créativité. Sans cesse, il fait partager son goût pour l’échange, celui d’une pensée structurée entre innovation et pédagogie. Le conférencier dynamique aime mettre les gens en liens dans les activités proposées durant ses conférences.
Ces liens se retrouvent entre les différentes cultures, et une créativité dans laquelle chaque pays possède ses spécialités. Il nous explique alors qu’il y des différences entre la culture Française, Anglo-saxonne ou belges. Dans les grandes lignes, l’héritage de pensée français orienterait vers la conceptualisation de modèles théoriques, produit de « l’éducation à la française », la culture des lumières et la philosophie. Chez les Anglo-saxons, le pragmatisme est selon lui l’aspect le plus prégnant, alors que le belge se situerait à mi-chemin entre ces cultures qui se complètent bien. Ce dialogue des personnes et des cultures se poursuivra après sa venue à Budapest par un détour vers l’Italie, ou sera donnée, comme chaque année, un colloque intitulé « creaconférence »
Ce maître dans l’art du dialogue sait adapter ses outils selon le public. Les adultes étaient ravis de retrouver ce que l’on semble avoir perdu enfant, et les enfants heureux d’exploiter leur capacité en la matière. La créativité est partout, le créatif peut-être n’importe qui, du moment où, d’après Philippe Brasseur, on réussit à sortir de son confort. Si le conférencier reproduit parfois les mêmes structures dans ses conférences, -les retours du publics sont toujours différents. De cela en témoigne l’expérience de « la chaussure » : pour stimuler l’imagination de l’auditoire, Philippe Brasseur nous propose d’inventer par équipe une paire de chaussure révolutionnaire, en la combinant avec le thème des abeilles. Cette technique d’association est censée stimuler notre esprit, en équilibrant entre un défi et une contrainte. Les réponses sont toujours différentes, et le grand gagnant à l’Institut Français était un jeune enfant avec pour projet des chaussures ramenant les aveugles chez eux. Avec les possibilités de cette belle discipline, on comprend mieux la passion du conférencier. Cette passion, il ne se contente pas de la transmettre par des conférences, il donne des outils sur son site internet, et propose un livre sur le thème des arts pour stimuler de manière ludique notre esprit créatif.
Favoriser le climat créatif dans une organisation :
Philippe Brasseur nous a fait partager l’importance de la créativité en entreprise. Il affirme qu’elle participe à la croissance, avec l’imagination pour moteur du progrès humain. Il est ainsi nécessaire de favoriser l’inicitative, partant du principe que nous sommes tous nés avec ces capacités: elles n’échappent à personne et aucun domaine ne leurs échappe.
Allant de belles formules en pensées intéressantes, le facilitateur d’idées nous présente et illustre la créativité comme outil de transformation de n’importe quel produit en expérience hors du commun. Elle se stimule par un climat d’entreprise favorable, de confiance et de valorisation. Tout processus commence par un défi, pour lequel la critique peut être mortifère. Nous sommes tous comme des artistes et la plus belle manière de développer la créativité, que ce soit en entreprise ou dans l’éducation, est de reconnaître le potentiel de chacun. Cette rencontre est pour nous l’occasion de reprendre confiance en soi, se détacher de la peur d’émettre une idée bête, et remettre en question les règles. Dans cet équilibre entre ouverture et contraintes, la créativité est un outil de production dans l’entreprise, tout autant, voir plus important que les autres.
Cultiver la créativité à sa racine : l’éducation :
« comment se fait-il que les enfants étaient si intelligents et que les Hommes soient si bêtes ? » Cette citation d’Alexandre Dumas relayée par le maître de conférence interroge. À l’école, l’enfant n’apprend pas à être intelligent, si ce n’est à répondre de la manière qui est la plus attendue et ne jamais remettre en question les règles. Les Arts plastiques enseignés à l’école en sont une preuve : il s’agit de « faire de l’art à la manière de.. » et non pas d’innover. Il est bon de rappeler que Pablo Picasso, pour produire ses œuvres est parti à la découverte de l’art primitif africain, afin de remettre en question ses perceptions d’origines. L’éducation doit être cette découverte permanente d’un art primitif inconnu. Ce jardinier de l’esprit pense que les enfants sont moins bridés par les connaissances qu’on leurs imposent. La spontanéité et l’ouverture sont des caractéristiques remarquables chez les plus jeunes qui n’ont pas de freins.
C’est pour cette raison qu’il s’intéresse beaucoup à la formation des enseignants, et nous y a initiés lors de ce moment partagé. « L’enseignement est un système qui se reproduit lui-même, le professeur est perçu comme un bon professeur lorsqu’il imite ce que lui-même a connu » Sa formule rappelle qu’il y a un important travail à faire, en intégrant la créativité à la pédagogie et permettre d’apprendre plus volontairement. Il a fait le choix pour ses enfants de l’école à pédagogie ouverte, dont ils témoignent d’un apprentissage facilité et d’une certaine autonomie.
En citant Carl Roger, Philippe Brasseur nous rappelle la place centrale qu’occupe la créativité : « être créatif, c’est se réaliser en tant que personne ». Il est de notre devoir de porter en nous les valeurs humanistes du psychologue, en prenant le risque chaque jour d’innover, de s’engager grâce à notre plus belle arme : la pensée.
Théo Cazedebat
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