Rencontre avec la ParaDance Company
Cette troupe, fondée en 1995, est exclusivement composée de danseurs en fauteuils roulant. Ils donnaient une représentation dimanche 29 avril, à 18 h, dans l'auditorium de l’Université d'Europe centrale. Plusieurs spectacles auront également lieux cette semaine.
« La quoi ? » Tels furent mes premiers mots quand j’entendis parler pour la première fois de cette troupe si particulière. Passée la surprise, je vis qu’ils donnaient une conférence de presse le jour même, au sein de la CEU (Central European University). Piqué par une saine curiosité, je décidais de m’y rendre. Arrivé dans la salle je remarque qu’il y a surtout des enfants de Vénus, des femmes, je suis le seul fils de Mars, ce qui je l’avoue n’est pas pour me déplaire ! Je ne vais point ici vous détaillez la conférence, celle-ci étant en Hongrois (je ne suis malheureusement pas magyarophone) pour vous parler de l’après, et des différentes rencontres. Je me dirige en premier lieu vers une grande femme blonde, la quarantaine, qui est la marraine de la normal">ParaDance Company, et on peut dire que c’est une alliée de poids puisqu’il s’agit d’Yvette Bozsik. Très connue en Hongrie, cette danseuse et chorégraphe peut se targuer de plusieurs distinctions honorifiques. Le Prix « Kossuth », l’Ordre National de la Légion d’Honneur, mais surtout le Prix du « Grand artiste Hongrois » décerné par l’Académie hongroise des sciences et des arts, qui la reconnait « Digne artiste de Hongrie ». Cependant elle n’a pas chorégraphié le spectacle de l’association, elle me redirige vers l’entraineuse (et chorégraphe) de la petite troupe, Okszana Jegonyan.
Je converse d’abord avec elle en usant de mon anglais franchouillard (c’est-à-dire très mauvais !). Quand la compréhension devient difficile je remercie chaudement ma rédactrice en chef de faire la traduction Hongrois-Français. La première question qui me titilla fut de savoir pourquoi et comment, elle qui est « valide » (pas en fauteuil roulant), elle entrainait la PDC (ParaDance Company). « Longue histoire » me répondit-t-elle, cependant j’appris dans la version courte qu’Okszana et son mari avaient travaillé pendant plusieurs années en Allemagne, où ils enseignaient la danse. Parfois ils avaient des élèves en situation de handicap, une fois retournés en Hongrie, ils eurent l’idée de développer des techniques de danse pour les gens en fauteuil roulant. Et on peut dire que ce fut une réussite ! Après l’entrainement « de compétition » dispensé par Okszana et son époux (qui participa dans une moindre mesure), la Paradance Company gagna un concours qui permit à la troupe de recevoir des financements (qui ne sont pas nombreux). L’entraineuse est confiante pour le dimanche 29 avril, journée internationale de la danse, elle promet un « grand spectacle » de chant et de danse.
Mais il était temps d’interroger les plus concernés, c’est-à-dire les danseurs eux-mêmes ! J’aborde donc une petite femme à la flamboyante chevelure sang, Renata Koselak, responsable (pour la danse) de la petite troupe, elle l’a intégrée il y a seulement deux ans. Elle nous parle fièrement, à ma rédactrice et moi, des tournées de la PDC, dans la campagne Hongroise et jusqu’en Transylvanie ! Elle explique aussi les entrainements auxquels sont astreints les danseurs, un par semaine en temps normal, mais avec la série de spectacles (six soirs d’affilés !) qui s’annonce, c’est plutôt cinq par semaine depuis quelques mois.
Mais la Paradance Company n’est pas seulement un groupe de danseurs, mais aussi une association qui lutte pour les droits des handicapés en Hongrie. La présidente, petite rousse aux yeux bleus pétillants, nous alpague, György Ungvari est plutôt concernée par le problème, elle-même n’ayant plus l’usage de ses jambes. L’association fut créée par des handicapés en 1995, György en est la présidente depuis sept ans. Elle nous explique que la troupe a aussi un but militant. Avec d’autres organismes, ils ont demandé au maire de Budapest d’adapter toutes les stations de métro de la ligne 3, pour faciliter les déplacements des personnes en fauteuils roulants. Elle était quelque peu tendue en nous parlant, puisque la décision du maire devait tomber le soir même. En outre l’association dispensera une heure de sensibilisation avant chaque représentation.
Il ne reste plus qu’à souhaiter bonne chance à la normal">Paradance Company, je vous encourage cher lecteur à aller, au moins une fois, assister à l’un de leur spectacle ! Ce n’est pas tous les jours que vous pourrez voir des exemples d’abnégation et de témérité, qui malgré leurs difficultés, luttent et essayent de changer le regard que l’on porte sur les gens en situation de handicap !
Jean-Baptiste Ramat
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