Rencontre au sommet
Le Premier ministre hongrois Gordon Bajnai a rencontré son homologue slovaque Robert Fico, le 10 septembre, du côté hongrois de la frontière, à Szécsény, pour tenter de mettre un terme aux tensions des derniers mois entre les deux pays.
Le but de la rencontre était avant tout d'apaiser les tensions entre les deux pays, tous deux membres de l'Union européenne. «Mais cela ne pourra se faire sans le rennoncement de la part du gouvernment slovaque aux éléments les plus controversés de la loi linguistique touchant entre autres la minorité hongroise», souli-gnait Gordon Bajnai avant la rencontre. Par ailleurs, il était impossible de rester muet après l'interdiction par Bratislava, le 21 août, d'une visite privée du président hongrois Lászlo Solyom en Slovaquie, à Komarno, une commune à forte population hongroise.
Comme prévu, la nouvelle loi linguistique slovaque, consi-dérée par Budapest comme discriminatoire envers la minorité hongroise vivant en Slovaquie, forte de 500.000 à 600.000 personnes – soit environ 10% de la population slovaque, et le développement des liens économiques étaient les thèmes primordiaux du sommet. La loi linguistique controversée est entrée en vigueur en Slovaquie le 1er septembre. Elle interdit dans les services publics le recours à d'autres langues que le slovaque, sous peine d'amendes pouvant aller jusqu'à 5000 euros. Toutefois, en guise de premier geste à l'égard de Budapest, le ministère slovaque de la Culture a suspendu temporairement les sanctions financières prévue par la loi, une mesure saluée le 8 septembre par le chef du gouvernement hongrois. Ce dernier a cependant continué à exiger la suspension complète de la loi tant qu'un accord ne sera pas conclu avec la minorité hongroise en Slovaquie.
Un autre événement n’a fait qu’aggraver la situation entre les deux pays voisins à savoir le lancement de cocktails Molotov (qui finalement n’ont pas explosé) le 26 août dernier contre l'ambassade de Slovaquie à Budapest. Il s’agissait alors d’une réaction aux événements survenus le 21 août, lorsque le président hongrois, Lászlo Solyom, s’était vu refusé l’entrée en Slovaquie par le chef du gouvernement slovaque, Robert Fico. Celui-ci avait alors invoqué des raisons de sécurité. Lászlo Solyom souhaitait participer à l’inauguration d’une statue de Saint Etienne, le saint patron des Hongrois, à l'invitation du maire d'une commune à forte minorité hongroise. Le gouvernement slovaque avait vu là une provocation car cette visite intervenait en effet le jour du 41e anniversaire de la répression contre le printemps de Prague, à laquelle avaient participé des troupes hongroises. Budapest avait alors dénoncé un «fait sans précédent dans l'histoire de l'Union européenne» et officiellement protesté auprès de l'ambassadeur slovaque en Hongrie, ainsi qu’auprès du Parlement européen à Bruxelles et du haut commissaire de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) à La Haye.
Malgré tous ces facteurs, l’ambiance du sommet du 10 septembre était relativement bonne et calme. Les Premiers Ministres des deux pays ont signé un accord de 11 points dont les plus importants sont les suivants:
- création de conseils de coopération bilatéraux pour garantir le dialogue politique, la protection des minorités ethniques vivant sur les deux sols (essentiellement celles hongroise, slovaque et tzigane), l’amélioration de la coopération économique et commerciale, etc.
- la Slovaquie accepte la recommendation du haut commissaire de l’OSCE, Knut Vollebaek, visant la modification de la loi linguistique slovaque sur de nombreux points, admettant ainsi l'insuffisance de cette loi concernant les droits de la minorité hongroise vivant en Slovaquie. Ainsi les experts de l'OSCE auront-ils la possibilité de suivre la procédure de modification et d'intevenir en cas d’anomalie.
Le message crucial du sommet était sans doute la volonté des deux côtés de retrouver le plus tôt possible le chemin des relations de bon voisinage, et d’éviter les provocations directes et indirectes à l’avenir.
Bálint Seres