Réformes fiscales: un cas d’école

Réformes fiscales: un cas d’école

Dans le cadre du programme Le Premier ministre à la fac d’éco, Ferenc Gyurcsány s’est prêté au jeu des question-réponses avec les étudiants, invités à estimer les conséquences fiscales de certaines mesures. A travers ce débat, c’est toute sa politique économique que M. Gyurcsány a tenté de justifier.

Son discours inaugural, prononcé le 17 septembre dernier à l’Université Corvinus, dont il était l’invité pour la troisième fois consécutive depuis sa réélection en 2006, était décliné en deux parties: la synthèse des réformes mises en oeuvre depuis 2006 et la présentation de son programme économique à venir.

L’économie hongroise, qui souffre toujours des dépenses excessives des gouvernements successifs depuis 2000, sera bientôt remise sur les rails – au moins c’est ce que promet le Premier ministre. Il a cité quatre domaines prioritaires dans lesquels son gouvernement a récemment lancé des réformes: l’enseignement, le système des retraites, l’administration publique et la santé. A l’exception de cette dernière où ses mesures ont été suspendues après le référendum du 9 mars dernier (une large majorité des électeurs s’étant prononcée contre ses initiatives), Ferenc Gyurcsány considère que son parti a entamé les réformes les plus importantes de l’Europe contemporaine. De plus, a-t-il souligné, celles-ci ont été menées à bien sans que le gouvernement rogne les allocations sociales – scénario auquel le parti libéral (SzDSz) aurait été favorable.

Tout en essayant de capter l’attention de son jeune auditoire, M. Gyurcsány a pris l’exemple des retraites pour illustrer l’ampleur parfois décevante des mesures. Il a demandé aux étudiants d’évaluer l’économie que le gouvernement réaliserait s’il réduisait de 24 000 HUF en moyenne le montant des pensions. Les estimations des étudiants étaient en effet assez loin de la vérité: l’État n’épargnerait que 35 milliards de HUF – une économie finalement peu importante face aux pertes plus considérables à l’échelle des pensionnés…

Le Premier ministre a ensuite souligné combien les statistiques lui étaient favorables. Celles-ci font en effet état d’une diminution de 7,6 % du déficit budgétaire au cours des deux dernières années. Mais il faut tenir compte de son niveau initial (11,6% en 2006) qui n’avait pas d’équivalent en Europe non plus… Selon les experts, si le gouvernement continue à maîtriser les dépenses publiques de la même manière, le déficit pourrait passer en dessous de la barre des 3 % du PIB en 2009 et la Hongrie remplirait l’un des critères de Maastricht qui semblait irréalisable pendant de longues années.

Côté croissance, les chiffres sont également encourageants: le PIB a progressé de 2 % sur les deux premiers trimestres de 2008 et ce dans une Europe menacée par la récession. Cependant, certains analystes considèrent que la partie délicate des réformes reste à venir dans la mesure où le gouvernement devrait de nouveau prendre des décisions impopulaires pour garantir des changements à long terme. De ce point de vue, les projets de M. Gyurcsány, présentés dans L’Accord (lire JFB n°272 du 18 septembre), puis devant de futurs économistes, sont assez timides. Vraisemblablement, la baisse des impôts qu’il propose ne sera-t-elle pas assez significative pour entraîner un véritable assainissement de l’économie.

Le gouvernement socialiste, désormais minoritaire, est dans une situation difficile puisqu’il devra très vite trouver de (nouveaux ?) alliés pour le vote du budget 2009, puis pour tenir les engagements pris par le Premier ministre. Engagements qui consistent à investir davantage dans l’infrastructure et l’enseignement. En répondant aux questions des étudiants, M. Gyurcsány a pronostiqué que la Hongrie ne serait que très peu touchée par la crise financière et que le pays pourrait remplir la majeure partie des critères de Maastricht d’ici 2 à 3 ans.

Enfin, à celui qui l’interrogait sur ses espérances d’être reconduit au pouvoir en 2010, il a tout simplement répondu: «je suis celui qui veut toujours croire à la victoire».

 Anna Bajusz

 

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