Recherche communauté perdue

Recherche communauté perdue

Comme le suggère son titre affirmatif, Ensemble, c’est tout , le dernier film de Claude Berri s’engage à livrer un message sur le « vivre-ensemble ». Nous spectateurs, gens des villes atomisés, dispersés, atteints par le virus de l’incommunicabilité urbaine (« on ne connaît plus nos voisins de palier» dixit le film) allons, le temps d’une heure trente, pouvoir assister à la résurrection de la communauté disparue.

 

 

Pour mener à bien cette mission, il fallait choisir des individus que tout oppose. Et dans le film, on n’ira pas avec le dos de la cuillère. Présentations. Tout va se jouer dans l’appartement gigantesque de Philibert (Laurent Stocker), jeune aristocrate bègue à TOCs, entravé par son passé de noble. Dans l’appart, il y a aussi le jeune cuisinier, Franck (Guillaume Canet) en jeune nerveux qui bosse dur et doit durant son seul jour de liberté s’occuper de Paulette (Françoise Bertin), sa grand-mère qu’il vient d’être obligé de confier à une maison de retraite. Tout ce petit monde continuerait à cohabiter, sans enthousiasme, si n’arrivait Camille (Audrey Tautou), femme de ménage trop maigre dessinant pendant ses loisirs et qui sera une sorte de «cata-lyseur communautaire». Car, finalement, tous réunis sous le toit de Philibert, ils vont grâce à elle apprendre à vivre ensemble.

Il faut le dire : malgré un contraste qu’on sent artificiel entre les personnages, les acteurs sont assez bons et sympathiques pour qu’on ait envie de rester avec eux. Laurent Stocker, en aristo timide, et malgré son personnage dessiné au marteau-piqueur, est celui qui tire le mieux son épingle du jeu, dans quelques intervalles. Il est d’ailleurs dommage qu’il soit «scénaristiquement» abandonné en cours de route au profit de l’histoire du couple vedette. Françoise Bertin (mamie paulette) sonne juste en vieille dame qui a compris ce qui allait lui arriver. Canet et Tautou ne sont pas mauvais, mais on comprend trop vite où leur opposition initiale voulait en venir, et ils se contentent d’être gentils sous leur carapace à laquelle on ne croit pas trop.

Malgré cela, le film aurait pu marcher si ne flottait à sa surface, comme un paquebot qu’on ne coulera pas, l’INTENTION totalement assumée de réduire la fracture sociale, de colmater la brèche sociologique, de combler le fossé des générations… On comprend que l’auteur du scénario (Claude Berri aussi) puisse sincèrement désirer quelque chose de ce genre, mais le film baigne dans une telle positivité communautaire que l’on se lasse. C'est-à-dire qu’un peu de négatif n’aurait pas fait de mal. On ne demande pas la vérité sociale, sociologique à un film, mais une construction dramatique où les personnages auraient de vrais conflits, dans laquelle se dresseraient de vrais obstacles, où en contraste avec cette idée que «la communauté c’est bien» il y ait une autre idée crédible, solidement dramatisée : «la solitude aussi !», par exemple. Mais le film ne propose aucune lutte de ce genre et nous répète, à travers une réalisation plate, que la communauté est une chose formidable. On le savait déjà.

Alexis Courtial

 

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