Rapproche et sépare
Pont piétonnier sur le Danube
Les architectes hongrois rêvent depuis longtemps d’un pont sans voiture à Budapest. Toutefois, les plans choisis par le gouvernement sont fortement critiqués.
Des restaurants, clubs et salles de conférence seraient à la disposition des piétons sur le futur pont à plusieurs étages, envisagé sur le Danube et imaginé par l’architecte József Finta et l’historien des sciences Ferenc Nagy. Comme le ministre du développement national, Tamás Fellegi, l’a annoncé en janvier, le gouvernement souhaite réaliser ce pont piétonnier dans le cadre du nouveau plan Széchenyi (cf: article sur le nouveau plan Széchenyi en page 3). La construction de ce pont d'une surface de 25300 milles m2 se situera entre les pont Lágymányosi et Petôfi. Il relierait ainsi le centre universitaire ELTE et le centre millénaire côté Pest. L'architecte le conçoit comme un «point de rencontre international pour les étudiants». Il a proposé de lui attribuer le nom du mathématicien hongrois János Bolyai connu comme le "Copernic de la géometrie"
József Finta avait déjà présenté des plans similaires en 2005. A cette époque, les dirigeants des quatre universités et de l’Académie des sciences avaient soutenu son projet pour que l’État réalise son rêve. Les premiers plans ont vu le jour au cours des années 90 et proposaient un pont au même endroit que celui imaginé par József Finta. La capitale hongroise souhaitait alors accueillir l’Exposition universelle de 1996, le pont aurait pu permettre aux nombreux visiteurs de quitter plus facilement la rive de Buda et de traverser le Danube. L’Exposition universelle ne s'est pas tenue à Budapest mais les architectes ont continué à réfléchir et fournir des esquisses pour ce pont. L’architecte du Palais des Arts, Gábor Zoboki, a imaginé un pont qui faciliterait la circulation des habitant du sud de Budapest. Le groupe Art Front a proposé, quant à lui, des péninsules artificielles, recouvertes de plantes, qui serviraient de ponts entre les deux rives et également l’île Marguerite. L'ouverture du pont aux Chaînes exclusivement aux piétons a également été proposée.
Mais les dirigeants de Budapest ont surtout débattu sur les dessins de l’historien d’art, Iván András Bojár. Le fondateur du mouvement Szeretem Budapestet (J’aime Budapest) suggérait en effet de lier le centre ville côté Pest au château avec une construction regroupant des cafés, des magasins et même une salle de mariage. Bojár voulait ainsi redynamiser la ville, plus particulièrement côté Buda, et motiver les habitants à fréquenter les centres commerciaux sur les deux rives en créant plus de mobilité.
Les architectes et les urbanistes hongrois ne savent pas encore si le choix du gouvernement est définitif. József Finta a signalé qu’il souhaite uniquement donner son nom à cette oeuvre architecturale. Le gouvernement doit organiser un concours international pour sélectionner le projet architectural le plus adapté. Cependant, de nombreux experts, comme le journaliste József Martinkó ou Iván András Bojár, s'interrogent aujourd'hui sur les projets existants et souhaitent encourager la réflexion sur la création d'un pont qui se situerait entre les ponts Lágymányosi et Petôfi, ces quartiers de Budapest n’étant pas du tout fréquentés, et l’infrastructure globale n’étant pas suffisamment développée. Dans un article paru sur le site Index, Martinkó explique le choix actuel pour József Finta par la forte relation entre ce dernier et l’entrepreneur milliardaire József Demján qui a beaucoup investi dans le quartier «Millénaire». L’architecte et Demján ont travaillé ensemble sur de nombreux projets, comme le centre commercial Westend ou le Bankcenter dans la rue Arany János. Selon Index, il serait probable que Demján participe également à ce nouveau projet.
Par ailleurs, c’est entre ces deux ponts, Lágymányosi et Petôfi, que le Danube est le plus large. Par conséquent, le projet de Bojár est estimé à 14 milliards forints, et celui de Finta coûterait 10 milliards de plus. Même le maire de Budapest, István Tarlós, conteste le financement de ce méga-investissement par l’État et la capitale en pleine période de crise, alors que le budget central et celui de la capitale sont tendus.
Judit Zeisler