Qu'est-ce que t'en penses?
Qu'ils soient de passage ou expatriés quelques années, les francophones sont légion à Budapest. Leurs impressions sont peut-être les vôtres !
Qui : Delphine 36 ans, Française
Motif : Avec mon mari François, nous avions souvent parlé de vivre à l’étranger. Alors qu’il terminait une mission à Paris, j’entamais ma cinquième année comme juriste au ministère des finances. A Paris avec deux enfants de deux ans et demi et six mois, c’est compliqué de s’organiser quand les parents travaillent. Même si mon boulot était très intéressant, nous nous sommes dit que c’était à ce moment-là ou jamais qu’il fallait tenter l’expérience à Budapest. Nous ne connaissions pas du tout l’Europe centrale, qu’à l’époque nous appelions Europe de l’Est, d’ailleurs ! François est d’abord venu seul pour rencontrer les équipes et repérer la ville et l’école. Il a accepté le poste et à partir de janvier 2007, est venu tous les quinze jours.
Premières impressions : En février, j’étais enfin du voyage ! J’adore les villes avec un fleuve, j’ai trouvé que le Danube, immense, donnait une vraie ouverture, de l’air à la ville. Et avec des avenues larges, ici au moins je ne me sentais pas oppressée. En revanche, je ne m’attendais pas à ce que le soleil se couche aussi tôt. Et je ne m’y suis toujours pas fait ! En revanche, lorsque nous nous sommes installés en mai, le soleil se levait à cinq heures et dans notre maison qui n’a pas de volets notre fils se réveillait tous les jours à l’aube !
Buda ou Pest : Avant d’habiter à Paris, nous avions tous les deux vécu dans une maison et nous voulions retenter l’expérience ; nous en avons donc cherché une à Buda. J’ai choisi de ne pas circuler en voiture, c’est la raison principale pour laquelle nous ne nous sommes pas installés près du Lycée Français. Nous avons inscrit nos enfants à Happy Kids et avons emménagé dans le XIème arrondissement. J’adore ! C’est vraiment la campagne à la ville, notre maison est dans la verdure avec une vue très dégagée sur la ville et en bus, je suis à 10 minutes d’Astoria. Moi qui avais tout de suite aimé l’espace en centre-ville, j’ai aussi craqué pour les rues plus étroites qui serpentent à travers les petites collines de Buda.
Les débuts : Comme prévu, les premiers mois, je me suis retrouvée seule à la maison avec les enfants en attendant de trouver une baby-sitter pour notre fils et d’inscrire notre fille à la crèche. J’ai vite commencé à prendre des cours de hongrois dans une école de langue avec une super prof dans un groupe de deux ou trois francophones. Parallèlement, Budapest Accueil (B.A.) m’a aidée à rencontrer des gens à travers des activités. Très vite, j’ai intégré le Conseil d’administration de l’association pour remplacer la trésorière qui partait. Je peux vous dire que ça m’a beaucoup occupée, car c’est une association dynamique qu’il faut faire tourner !
L’évolution : Je dois avouer qu’après deux ans à Budapest, où j’étais mère à plein temps et où j’ai réalisé que j’avais quand même quitté un poste intéressant, je me suis posée beaucoup de questions. Je pense qu’on doit toutes se les poser. Mais j’aurais certainement eu le même questionnement ailleurs, ça ne tient pas à Budapest. J’ai eu envie de faire autre chose. En fait, ma prof de hongrois m’a donné envie d’enseigner ! Je voulais donner des cours à des adultes qui font vraiment la démarche d’apprendre une langue. Mais comme être française ne suffit pas pour donner des cours de français, j’ai suivi une formation du CNED de Français Langue Etrangère et ai eu plusieurs élèves. De plus, B.A est revenue me chercher pour me proposer d’être coordinatrice d’activités et je n’ai pas su dire non ! Pendant un an, j’ai beaucoup bossé.
Rentrée 2011 : J’ai renoncé à l’enseignement et à B.A. car il m’était impossible de tout concilier. Aujourd’hui, j’ai envie de prendre du temps pour moi, de profiter un peu plus de la ville.
Mes incontournables : A Buda : Normafa et le train des enfants, la pâtisserie Szamos de Svábhegy, le restaurant Arcade près de Mom Park. A Pest : Ce n’est pas très original, mais j’aime les bains Széchenyi ! Ce sont mes préférés, mais je trouve que je n’y vais pas assez. J’aime aussi le Marché central, « notre » soupe de poisson à l’Osteria, le premier restaurant dans lequel nous avons dîné en arrivant ! J’aime aussi aller le dimanche midi à la taverne grecque Dionysos, car c’est super pour les enfants.
A la découverte du pays : Comme tout Hongrois qui se respecte, on a passé une semaine au Balaton, à Aszófő, près de Tihany, trois étés consécutifs ! Nous avons visité Sopron, Pécs, Tokaj, mais ce que je préfère c’est Hortobágy. Depuis l’année dernière, nous profitons des pays limitrophes : la Croatie, la Roumanie qui est superbe, les Alpes juliennes en Slovénie que j’ai adorées.
Les Hongrois : J’ai tout de suite remarqué qu’ils étaient adorables avec les enfants. Les gens me parlaient et, même si je ne comprenais pas grand-chose, je sais qu’ils me faisaient des compliments sur Romane et Gaspard. Ils viennent également en aide très rapidement : en empruntant les transports en commun avec deux enfants, je n’ai jamais porté une poussette dans les escaliers, alors qu’à Paris j’étais transparente...
Le bémol : Avant, je n’avais pas envie de critiquer, mais, au bout de 4 ans, j’ose le dire : quand j’entre dans un magasin, j’ai l’impression de déranger. Je sais qu’en France non plus tout le monde n’est pas sympa et que vous pouvez toujours courir pour trouver un employé de La Poste qui parle anglais. Ici, j’ai quand même remarqué que dès que j’essaie de parler avec mon hongrois de base, ça déride un peu les vendeurs. Pas plus tard que la semaine dernière, je choisis un tissu, vous savez celui tout en haut de l’étagère... La jeune vendeuse prend son échelle, pas très motivée, avec un profond soupir, mais lorsque je la remercie, en hongrois, voici qu’elle me sourit !
Les saveurs : J’aime beaucoup la húsleves (un bouillon avec des petits pâtes, quelques légumes et de la viande). J’adore les meggyes rétes, cette pâtisserie faite de nombreuses feuilles de pâte ultra fine, fourrée de griottes et parfumée à la cannelle. Moi qui n’aimais pas trop la cannelle avant de venir en Hongrie, je m’y suis habituée ! J’ai également découvert de bons vins rouges, même si je trouve qu’ils sont toujours un peu forts. J’aime bien ceux d’Eger et de Villány.
Le hongrois : Quand je suis arrivée, il était évident que j’allais l’apprendre. J’ai arrêté parce que cela devenait difficile de caser les cours dans mon emploi du temps et aussi parce que je sentais que je stagnais. Forcément, quand tu ne progresses plus, c’est moins marrant ! Je pense qu’il faut être en immersion totale pour faire des progrès ; j’aurais dû plus l’écouter, parler avec des gens. Mais, dès janvier 2012 je compte reprendre des cours intensifs.
Mon mot préféré : Meglepetés (surprise !). C’est la façon de le prononcer, certes, mais surtout quand il est associé à Kinder meglepetés, c’est tout un programme, tellement plus séduisant que Kinder surprise ! Mais j’ai aussi beaucoup aimé apprendre globális felmelegedés, réchauffement climatique, même si je ne m’en suis pas beaucoup servi !
O.E.
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