Quatre Hongrois de Transylvanie au Parlement européen

Quatre Hongrois de Transylvanie au Parlement européen

Quatre députés hongrois transylvains vont représenter la minorité hongroise de Roumanie au Parlement européen: le candidat indépendant László Tôkés et deux candidats de la liste de l’Union démocratique des Hongrois (UDMR) ont été élus lors des élections qui se sont tenues le 25 novembre. Un autre candidat de la liste du Parti national libéral (PNL) au pouvoir a, lui aussi, décroché un mandat.

Image retirée.

La Roumanie, pays membre de l’Union européenne depuis janvier 2007, vient d’organiser les premières élections de ses députés auprès du Parlement européen. Le taux de participation a été particulièrement faible puisque seulement 27% des électeurs se sont rendus aux urnes. Quatre des 35 élus sont de langue maternelle hongroise, bien que les sondages annonçaient qu’aucun d’eux ne dépasserait le seuil des 5% (minimum requis pour un parti) ou 2,85% (pour un candidat indépendant). Contrairement aux attentes, l’évêque réformé (et actuellement démissionnaire), László Tôkés, a été crédité de 3,76 % et l’UMDR a finalement remporté près de 5,52% des voix. Ces deux très bons résultats ont créé la surprise, d’autant plus qu’avant les élections, l’UMDR avait proposé à Tôkés de figurer en bonne place sur la liste du parti, mais celui-ci exigeait la tête de liste. Cela lui ayant été refusé, l’évêque a finalement fait le choix de déposer une candidature indépendante.

Ainsi, la minorité hongroise de Transylvanie était-elle pour la première fois partagée au cours de ces élections. Une autre innovation de László Tôkés: bien qu’il fût candidat indépendant, l’Alliance des jeunes démocrates (Fidesz), avec en premier lieu le leader du parti, Viktor Orbán, a soutenu sa campagne électorale. Cette division au sein de la minorité hongroise laissait craindre aux électeurs que les Hongrois de Transylvanie ne puissent élire des eurodéputés. Et l’attitude du Fidesz a été fortement critiquée par les partis de la coalition gouvernementale car les statistiques étaient défavorables aux Transylvains, et ce pendant toute la campagne.

Le résultat final peut être attribué à l’effet de plusieurs facteurs. Durant l’été, Orbán a prononcé plusieurs discours en faveur de Tôkés, à la demande explicite de ce dernier. Il a soutenu sa campagne, tout en affirmant ne pas l’avoir aidé financièrement. La politique même d’Orbán a beaucoup influencé la campagne de Tôkés et la communauté hongroise, qui ne connaissait pas encore de près les méthodes d’Orbán, a été divisée par le programme agressif de cet allié. Ces tensions, incitées par Orbán et Tôkés, ont également pris corps dans la rue, où l’on a constaté des accrochages entre les sympathisants de l’UMDR et de Tôkés. Compte tenu de ces événements qui auraient dû conduire les candidats hongrois à la défaite, ces derniers peuvent se réjouir du faible taux de participation qui a joué en leur faveur.

Face à la campagne de Tôkés, celle de l’UMDR était plus sereine et paisible, mais aussi plus irrésolue et plus faible. Plus faible car des personnalités de renom comme Attila Korodi, ministre de l’environnement, ne figurait pas en tête de liste. Mais plus concrète aussi puisque c’est la première fois que l’UMDR dévoilait clairement ses intentions concernant les questions de santé publique, l’économie et l’enseignement. Il semble toutefois que l’instrument principal de leur succès fut leur adversaire lui-même, qui a réussi à créer une unité inhabituelle au sein de l’UMDR. Le parti a par ailleurs refusé toute aide extérieure (y compris de la part de la Hongrie) pendant la campagne.

Plusieurs scénarios sont désormais possibles depuis que, le 1er décembre, György Frunda, leader de la liste de l’UMDR, a cédé son mandat à Gyula Winkler qui occupait la troisième place sur cette liste. Tôkés, de son côté, va donner sa démission d’évêque et poursuivre sa carrière en tant que politicien européen. Quant au Fidesz, il pourra certainement compter sur Tôkés à l’avenir. Un constat quelque peu amer : les élections européennes en Roumanie sont en effet peu à peu devenues une affaire hongroise, ce qui pourrait nuire aux rapports, notamment diplomatiques, entre les deux pays. Il se peut aussi que, stimulé par son succès, Tôkés crée son propre parti, qui serait le concurrent potentiel de l’UMDR. La communauté hongroise aurait donc une alternative dans ses choix politiques. Mais l’on peut douter que si deux partis représentent les Hongrois de Roumanie, ils puissent tous deux mener avec succès une politique “minoritaire”; il est bien plus probable qu’à la longue cela cause un échec mutuel.

Selon l’interprétation de Viktor Orbán, les résultats des élections montrent de façon éclatante que la démocratie triomphe enfin puisque les électeurs n’ont pas fait le choix du parti unique. Et répondant à la question d’un journaliste, il a souligné que son parti, toujours respectueux des lois, n’avait pas financé la campagne électorale de Tôkés, tout en admettant que cela n’était pas exclu après les élections.

Quant au résultat plus global des élections, c’est le Parti démocrate (parti d’opposition) qui est arrivé en tête et qui enverra 13 des 35 députés roumains au Parlement européen.

 

Tímea Ocskai

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