Prise de conscience
Diana Ürge-Vorsatz , Docteur en Sciences de l’environnement, diplomée des universitiés de Los Angeles et de Berkeley, a obtenu en octobre 2007,avec le goupe de travail qu’elle a dirigé, l’“Intergovernemental Panel on Climate Changes” (IPCC) et Al Gore (vice Président des États-Unis), le prix Nobel de la paix. Ils se sont ainsi vus récompensés pour leurs travaux communs visant à mieux connaître les facteurs humains contribuant aux changements et bouleversements climatiques.
Diana Ürge-Vorsatz est directrice du Départment des Sciences et Politiques de l’environnement à la Central European University (création du très renommé philantrope Soros György) à Budapest. Malgré son emploi du temps chargé et ses contraintes familiales (elle est maman de deux enfants, dont le plus jeune vient d’avoir 11 mois), elle a accepté avec beaucoup de gentillesse et de facilité de répondre aux questions du JBF.
JFB: Madame Ürges, pouvez-vous expliquer à un public non averti le contenu et le but de vos travaux?
Diana Ürge-Vorsatz: Le but était de mettre en relief les conséquences à long terme des actions humaines sur le climat et sur les conditions de vie à court et moyen terme. Il est maintenant très clair pour le monde scientifique que l’homme est à l’origine de ces grands bouleversements, et que les conséquences peuvent être prévues et décrites si rien ne change: conflits armés pour le pétrole et l’énergie, ensemble de pays rendus inhabitables partiellement ou même totalement, diminution généralisée des ressources naturelles etc…
JFB: Pourquoi un prix Nobel de la Paix pour des travaux scientifiques, et non pas un prix Nobel de physique ou de chimie?
D.Ü.V: Il n’existe pas de prix nobel à caractère scientifique pour ce genre de projet. De plus, ce prix récompense en fait la contribution à la connaissance et à la vulgarisation des facteurs de changements climatiques, ce qui doit contribuer à l’institution d’une paix globale.
JFB: Vous parlez de vulgarisation. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce sujet? Le grand public est il assez informé et éduqué?
D.Ü.V: D’une manière générale, l’agenda politique montre une prise de conscience au niveau des dirigeants. L’IPCC est le fruit de la participation de 190 pays, ce qui ne serait pas envi-sageable sans une réelle volonté politique. En ce qui les entreprises, l’on ne ressent pas encore réellement une telle prise de conscience. À ce niveau,
malheureusement, il s’agit encore souvent d’écologie de façade. Au niveau de l’éducation des peuples, cela dépend vraiment des pays. En Europe de l’ouest et du nord, le civisme écologique est beaucoup plus développé qu’à l’Est. La Grande Bretagne fait figure de leader en la matière.
JFB: Donc l’individu est l’élément clé en ce qui concerne les actions possibles à envisager pour freiner ces changements?
D.Ü.V: Oui, les comportements individuels sont essentiels. Chaque individu porte en lui une part de la solution, bien mieux et bien plus efficacement que les entreprises. Il s’agit des gestes de la vie quotidienne répetitifs, ou des choix de vie. Par exemple, nous avons présenté avec nos travaux des modèles de maisons écologiques (housing progam), qui, par l’intelligence de leur conception, consomment seulement 1/10 de l’énergie utilisée dans la construction traditionnelle. La rénovation de l’existant est aussi un sujet majeur, puisque la réhabilitation“verte”permet 75% d’économie d’énergie.
JFB: Et la Hongrie? Êtes-vous écoutés, vous donne-t’on des moyens?
D.Ü.V: D’une manière générale la Hongrie est en retard. Mais la volonté politique est réelle. J’ai été surprise de voir que mes idées étaient entendues et mises en application dans la mesure de mes moyens. Par exemple le gouvernement a initialisé, à ma demande, un programme de “stand-by killer devises”, qui permet aux équipements (ordinateurs, éclairages…) de se mettre automatiquement en veille de manière reactive. Je vois beaucoup de signes positifs dans les efforts que montrent le gouvernement.
JFB: Quels sont vos objectifs à long terme?
D.Ü.V: Contribuer à un développement intelligent. Le but est d’aller vers une meilleure qualité de vie, ce qui n’exclut pas le confort, mais en préservant les équilibres essentiels. Donc, développements et préservation.
JFB: Vous considérez-vous comme écologiste?
D.Ü.V: Si être écologiste signifie vouloir contribuer à une meilleure connaissance des phénomènes en cours et à une diffusion de ces savoirs, alors oui.
Propos reccueillis par Bernard Deléglise
Pour en savoir plus:
http://web.ceu.hu/envsci/staffDV.htm
http://www.sun.ceu.hu/climate.
http://www.osf.sk/Default.aspx?CatID=33&NewsID=89