Portrait de Szilvia Bach : son parcours du Danube au Mexique
C’est dans la salle d’exposition de la maison de la presse que nous avons eu la chance de rencontrer une méduse des temps modernes. Cette figure mythologique revisitée s’appelle Szilvia Bach et possède, non pas des serpents, mais de nombreux talents. Elle nous pétrifie d’admiration, lorsque l’on observe sa carrière. Au cours de cette rencontre, la comédienne, chanteuse, écrivaine et maintenant peintre, nous fera partager sa passion pour le Mexique et son patrimoine culturel, qu’elle a décidé de raconter dans ses œuvres hautes en couleurs. Un aller retour rapide Budapest-Ciudad de Mexico au prix du rire, de l’Art et du talent, avec une Szilvia Bach au savoir faire polymorphe comme pilote.
Influence de Frida Kahlo et Mariachis :
Avec une carrière de comédienne remarquée qui fut récompensée à plusieurs reprises, Szilvia Bach est très reconnue sur la scène artistique hongroise. Après avoir écumé les théâtres, passé 5 années à l’antenne d’une radio, animé à la télévision sa propre émission « Bach show », s’être exportée aux Etats-Unis par le biais de la chaîne MTV et avoir été l’auteure de sa propre tragi-comédie Bőrönd, ce caméléon a trouvé l’inspiration durant un voyage au Mexique pour rajouter une corde à son arc et se lancer dans la peinture.
Dans son exposition, Szilvia Bach nous conte son amour pour le pays. Elle fût très impressionnée par la capitale qu’elle considère comme une ville aussi importante que Paris. De sa culture différente et unique à ses figures emblématiques, l’artiste nous fait partager ses inspirations. Chavela Vargas par exemple, une chanteuse Mexicaine qu’elle considère comme une grande dame ; Elle prend plaisir à l’écouter en permanence lorsqu’elle réalise ses toiles. A l’image de la figure majeure de l’art Mexicain, Frida Kahlo, Szilvia a été inspirée, dans ses toiles dont elle ne faisait jamais part jusqu’ici, par l’amour.
Les traits de son pinceau ont réuni l’amour qui émane des gens au Mexique, les couleurs et l’histoire. L’art agit comme un pont entre l’ancien et le nouveau Mexique, puisqu’elle propose au spectateur des peintures allant de l’époque précoloniale inspirée des aztèques, passant par le post-colonialisme dont la vierge Marie est ici érigée en symbole, jusqu’à l’art de Frida Kahlo et l’influence des Etats-Unis. Szilvia Bach n’a pas passé beaucoup de temps au Mexique, mais elle a l’intention d’y retourner, à un moment ou ses œuvres s’orientent davantage sur des situations actuelles. Notre regard se penche alors vers une œuvre qui dépeint la réalité brulante du rapport entre les Etats Unis et le Mexique : c’est un homme, représenté avec un air malheureux, une cigarette en bouche et un drapeau américain sur la tête. Cette idée se retrouve dans la peinture « partir ou rester » qui dépend la réalité des personnes émigrant du Mexique en raison des conditions économiques. Le dialogue des arts, illustrant son parcours, a permis à Szilvia de proposer des œuvres diversifiées. Après avoir eu la chance de chanter sur scène avec un Mariachi et devenir partie prenante de la culture, sans se cantonner à l’observation, elle prévoit de mettre en scène un monologue sur la vie de deux mexicaines, dans lequel elle souhaite être accompagnée à la guitare. Si Szilvia s’est donnée à cœur dans ses œuvres, ses aspirations d’origines ne font pas parties d’un passé enterré.
Dialogue des symboles :
Si les symboles dialoguent dans les peintures de Szilvia Bach, comme les disciplines dans sa carrière, c’est que selon elle, ils se ressemblent et se complètent. Par exemple, sa représentation de la mort et de la vie dans une union, témoigne de la tradition mexicaine de la fête des morts, durant laquelle les deux stades ne font qu’un. Dès l’enfance, ils apprennent à ne pas avoir peur de la mort en la percevant comme la continuité de la vie.
Son œuvre contenant le plus grand nombre de symboles est la représentation de la Vierge de Guadalupe, représentant une bénédiction. A l’image des plus grands maîtres, elle glisse des symboles universels cachés, comme la santé et l’amour. « Le serpent à plume », incarnation récurrente dans l’architecture et les totems, « la paloma negra » tirée d’une chanson traditionnelle se retrouvent subrepticement déposés dans ses toiles.
Mélangeant art figuratif et non figuratif dans la salle, Szilvia Bach se fait plus mystérieuse en abordant les nombreuses créations qu’elle n’a pas exposées, et nous met en haleine quant à ses projets d’expositions à Paris avec l’aide de l’ambassade du Mexique.
Théo Cazedebat
Photos : Julie Gaubert
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