POLITIQUE CULTURELLE. Centre Rrom

POLITIQUE CULTURELLE. Centre Rrom

Les Rroms exprimaient leur désir de voir la création d’une infrastructure culturelle officielle depuis le changement de régime. Chacun des gouvernements successifs a promis la création d’une telle insutition mais finalement tous les projets échouaient les uns après les autres. Les Rroms ont tout simlement appelé "l’écurie" le premier bâtiment que l’État leur a octroyé en 1997 afin de fonder le Centre Culturel et de Documentation Rrom. La communauté n'a jamais vraiment pu en profiter à cause du mauvais état de l’immeuble, situé en outre dans une banlieue de Budapest, dans le XIVe arrondissement. Dix ans après, un autre gouvernement a souhaité créer une galerie d'art rrom, projet que la mairie du Ve arrondissement a empêché de voir le jour, se basant sur des querelles de propriété foncière.

Ainsi le centre Culturel Rrom de Budapest, envisagé pour 2010 par la Marie de Budapest (Revue de presse, n°287 du JFB), seraient la réalisation d'un vieux rêve de la plus grande minorité en Hongrie. L'institution serait un moyen de lutte contre le racisme envers les Rroms en canonisant et popularisant leur culture. Elle contribuerait aussi à l'intégration de la communauté comme une base de mouvement, pour ainsi dire une «Roma pride», qui permettrait aux tziganes de découvrir leurs propre valeurs.

Pourtant, plusieurs association civiles rromes, comme par exemple le Parlement Rrom, sont très mécontentes de ce projet. Elles pensent que la Mairie de Budapest et le gouvernement, qui participe au financement, commettront la même erreur que leurs prédécesseurs avec ce centre. La principale raison de leur opposition au projet est le choix du lieu, une vielle école située rue Szentkirályi (VIIIe arrondissement), propriété de la Ville de Budapest, qui semble être incapable d'accueillir des fonctions culturelles. Les salles, trop petites, ne peuvent abriter ni le musée d’art rrom, ni la scène prévue pour accueillir des spectacles de théâtre ou des concerts. Ainsi, la culture, c'est-à-dire la fonction la plus importante de l'instution du point de vue de la lutte contre le racisme, serait négligée. Le muséologue et écrivain Péter György regarde le cas comme «un cynisme politique» et s'engage à tout faire pour empêcher la création de cette institution. La marie se défend en ajoutant au projet des fonctions pédagogiques et un cinéma – qui fonctionne déjà à l'heure actuelle en tant qu’organisation tzigane, rue Népszínház. Cette dernière proposition est de nouveau critiquée car le cinéma ne peut accueillir que 100 spectateurs.

Les associations civiles rromes s'interrogent sur le coût des travaux, estimés à 900 millions de HUF, et ce alors que la mairie ne souhaite que repeintre le bâtiment, changer le chauffage et le système électrique et ajouter deux ascenseurs... Elles citent l'exemple de la mairie du VIe arrondissement qui vient de construire un tout nouveau centre culturel de 1,1 milliards de HUF, soit seulement 200 millions de plus que les frais de renovation qu'elle s'apprête à engager!

Le gouvernement, qui finance la rénovation et une partie des frais d’opération du futur centre, a ainsi choisi de dépenser cette somme dans la création de ce centre municipal, renonçant ainsi à la création d'un centre rrom national. Ainsi, si l’institution est réalisée selon les plans actuels, les Rroms n’auront probablement pas d'institution culturelle representative dans un avenir proche.

Centre Culturel et d’Eduducation Rrom de la Capitale

7 Szentkirályi utca, VIIIe arrt.

Ouverture probable: septembre 2010

J.Z.

 

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