Pierre Grunstein, l’Eminence grise du septième art

Pierre Grunstein, l’Eminence grise du septième art

 

Pierre Grunstein, producteur exécutif, a fait le déplacement à Budapest afin de présenter le film de Claude Berri, Ensemble, c’est tout. A l’occasion des journées du film français il a fait pour la première fois la promotion de cette œuvre à l’étranger en même temps qu'il découvrait la capitale hongroise. Nous l'avons rencontré à l’hôtel Méridien.

JFB : Quelle est la différence entre un producteur exécutif et un producteur ?
Pierre Grunstein: Le producteur est celui qui apporte l'argent au film, qui choisit le sujet, les acteurs, le     réalisateur. Le producteur exécutif, c'est-à-dire moi, n’a pratiquement aucune influence dans le processus créatif du film alors que le producteur oui. Je ne mets pas de fonds propres dans le   projet, je suis le lien entre le studio ou le producteur et le film. C’est un   métier rare en France par la nature même du cinéma français où il n’y a pas  vraiment de « studios ». On peut toutefois en trouver chez  Pathé, Gaumont ou encore UGC.  Par contre, aux Etats-Unis, les producteurs exécutifs     dominent le marché. C’est mon devoir de me charger de la logistique du film, du tournage, des salaires, du matériel, etc. En bref, je dépense seulement  l’argent que le producteur, Claude Berri, me donne (il rit).

JFB : Vous êtes très humble. Mais il est très difficile de croire que vous n’avez aucune influence sur votre ami de longue date…
P.G.: Notre amitié a commencé il y a plus de 30 ans. J’ai pratiquement   travaillé sur tous ses films. Bien sûr, nous discutons beaucoup sur les projets possibles, je peux lui faire aussi quelques suggestions, mais la décision finale lui revient. Claude Berri a   prouvé déjà maintes fois qu’il est un  très bon     producteur et un réalisateur talentueux. Il faut rendre à César ce qui lui appartient.

JFB : Comment avez-vous débuté dans ce métier ?
P.G.: J’ai commencé ma carrière très jeune en travaillant au théâtre comme régisseur.  J’ai ensuite continué à participer aux décors, au choix des costumes, puis j’ai travaillé comme assistant dans des documentaires et après sur de grands films. S’il y a une chose que je revendique c’est que je considère que je suis ce qu’on appelle « un enfant de la balle ». Je ne suis pas né dans ce milieu, mais j’ai des affinités avec ce métier et je l’adore.

JFB: Quelle est pour vous la recette d’un bon film ?
P.G.: Au risque de paraître cliché, je dirais que c’est avant tout un bon scénario. Il faut aussi de bons personnages, une bonne dramaturgie et aussi un réalisateur qui se sente impliqué à 100 pourcent dans ce qu’il fait et qui maîtrise la fable et le propos.

JFB : Est-ce que c’était le cas avec le film Ensemble, c’est tout ?
 P.G.: Bien entendu. Il y avait ce phénomène de société, voire phénomène tout court, Anna Gavalda et son magnifique roman. Le livre a été traduit en quatorze langues. La grande réussite de ce film dans un premier temps c’était l’adaptation de ce livre. Elle n’est jamais facile. C’est toujours difficile de décider ce que l'on garde et ce que l'on enlève du texte. Malgré tout cela, il faut garder l’esprit du roman. L’adaptation de Claude Berri a été très réussie et, par conséquent, la mise en scène, faite par lui-même aussi, a été relativement facile. La troisième réussite du film était le choix des acteurs. L'expérience de Claude a permis de réunir un casting de pur équilibriste, entre des acteurs          populaires comme Audrey Tautou et Guillaume Canet, et une révélation issue de la scène, Laurent Stocker, sociétaire de la Comédie Française. La réunion de ces trois aspects fait la   réussite du film. Rien dans ce film n'est d'ailleurs forcément très réel, mais c'est toute sa force: on veut y croire, simplement parce que cela fait du bien d'y croire.  Cela fait longtemps que l'on ne s'était pas aussi volontiers laissé prendre à une comédie romantique française. D’ailleurs même Anna Gavalda a été  très contente du résultat final. Elle était très anxieuse, de peur elle a refusé de regarder les rushes pendant le tournage. Le film a eu un gros succès. En France, il a fait 2,3 millions d’entrées !

JFB : Comment s’est passé le tournage ? A-t-il été difficile ?
P.G.: Non, il a été plutôt facile, on l’a tourné en neuf semaines. Il n’y a pas eu de répétitions en amont du tournage, car Claude était assez fatigué à cette époque, et aussi pour éviter de casser la spontanéité du plateau. Donc on a travaillé avec Audrey, Guillaume, Laurent, les techniciens. Claude est venu uniquement pour le tournage. On était ensemble, c’est tout.
Ditta Kausay

 

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