Photo: Mois de la photographie

Photo: Mois de la photographie

Photo – graphie, photo – copie, photo – génique, photo – sensible, photo – maton…Il est difficile d’être passé à côté du Mois de la Photographie.

En effet, à moins d’avoir l’habitude de marcher les yeux rivés au trottoir, cet événement bisannuel, créé il y a maintenant près de dix ans, a eu un retentissement particulier cette année. Pas loin de cinquante-cinq expositions dans plus d’une trentaine de lieux, et avec pour leitmotiv le Dialógus. Le porte-parole de l’événement rapporte que l’idée principale était de mettre en relation les artistes contemporains originaires des quatre pays de Visegrád (Pologne, Slovaquie, République tchèque et Hongrie : en 1991 ces quatre pays ont décidé d’harmoniser leur politique en vue de l’entrée dans l’UE). A l’encontre de certaines idées reçues et de l’actualité tendue entre la Slovaquie et la Hongrie, il affirme que « les changements du passé récent ont soulevé des questions et des dilemmes similaires dans les pays d’Europe centrale. Et c’est pour cela qu’il nous a semblé juste de montrer comment ces similarités sont reflétées dans les travaux des jeunes artistes contemporains. »

 

 

 

L’une des expositions a encore lieu pour quelques jours au Vam Design Center, Király utca. Si ce centre est plus souvent associé ces derniers temps à l’exposition Bodies, n’oublions pas que ce bâtiment particulier, mélange de brique ancienne et de matériaux modernes, doté d’un grand hall central, idéal pour les défilés qui s’y déroulent régulièrement, abrite quantité d’autres expositions, dont ces regards croisés sur la réalité contemporaine d’Europe centrale. En effet, pour mener à bien un projet aussi ambitieux il fallait un lieu assez vaste qui puisse se prêter à cette idée de dialogue interculturel. Nous sommes donc invités à déambuler entre ces photographies, tantôt petites et intimistes, tantôt monumentales et théâtrales, à la recherche de cette spécificité de ce territoire au cœur de l’Europe. On retiendra les corps asexués de Petra Cepkova (Sk), les instantanés de Kamil Strudzinski (Pl), les fragments d’intérieur de Mucsy Szilvia (Hu), la série des amis, passés et présents, de Gàldi Vinkó Andrea (Hu), les nus en lévitation de Filip Jurkovic (Pl) et les stars d’aujourd’hui intégrées aux déportés d’hier de Pavel Smejkal (Sk). Au-delà du témoignage de la réalité contemporaine de ces pays, ces photos reflètent aussi la nouvelle génération de photographes qui ne craint pas d’explorer les possibilités offertes par le numérique et les logiciels de retouche d’image. Si le Mois de la Photographie se termine officiellement le 30 novembre, quelques expositions se prolongent néanmoins, comme celle d’Etienne Sved, juif hongrois réfugié en Egypte et ayant rapporté de son exil des clichés d’une énorme valeur historique, exposés à la Budapest Kiállítóterem. Un témoignage documentaire et artistique à la fois, pour les amateurs de l’Egypte ancienne et nouvelle… Par ailleurs, une rétrospective consacrée à Thomas Ruff aura lieu au Mücsarnok à partir du 12 décembre. Photographe allemand à la réputation internationale, Thomas Ruff explore « tous les extrêmes de la vie, du portrait à la galaxie, du microcosme au macrocosme ». Il existe donc une alternative au ciel gris de novembre, et pour cela il vous suffira de décoller vos yeux du trottoir, car à Budapest nous ne sommes jamais loin d’un petit havre de couleur.

Maïté Desguin

 

Vam Design Center,

VIe arrt. Király utca 26

Budapest Kiállítóterem, Ve arrt. Szabad sajtó út 5

Mücsarnok, XIVe arrt. Hôsök tere

 

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