PETITE PIAPIATERIE avec Christophe Thomet, nouveau directeur de la médiathèque

PETITE PIAPIATERIE avec Christophe Thomet, nouveau directeur de la médiathèque

Image retirée.Avis à tous : notre nouveau directeur de la médiathèque à l’Institut français est un homme charmant. Un physique à la Aramis, une conversation drôle et incisive et une parfaite courtoisie. Oui, presque un homme d’un autre siècle et pourtant…

Ce gentleman quadragénaire, qui ne cache pas son goût pour les XVIIe et XVIIIe siècles, nous arrive tout droit d’une des maisons les plus culturellement bouillonnantes de France: la bibliothèque du Centre Georges Pompidou et son fonds art moderne et contemporain dont il était le conservateur en chef. Ainsi, il semble que l’habit ne fasse pas ici l’érudit et que sous cette apparence très «vieille France patrimoniale» se cache en réalité une polyvalence culturelle qui refuse très visiblement de se laisser étiqueter, figer et enfermer.

De Lyon à Budapest

Lyonnais d’origine, Parisien jusqu’au bout de la moustache et résidant à Budapest depuis septembre, Christophe Thomet affirme être arrivé à un moment de sa vie où «une expérience à l’étranger l’intéressait». Une envie d’ailleurs et d’une nouvelle aventure professionnelle qui lui permettrait de découvrir d’autres facettes de son métier. De sa jeunesse et de ses années de formation qu’il raconte avec discrétion pour mieux parler de ceux qui ont su lui insuffler la passion des beaux livres, on retient une idée qui, visiblement, lui tient à cœur : l’importance parfois déterminante de certaines rencontres. Ainsi, par petites esquisses successives, le «moi je» clairement esquivé, se dessine le portrait d’un homme sensible et discret qui a le bon goût de ne pas s’imposer.

Et de rendre naturellement hommage à ceux qui ont compté dans son orientation : son père tout d’abord qui a su favoriser son inclination pour la lecture et les belles éditions ; Perlette Chartier ensuite dont il parle presque comme d’un personnage romanesque régnant dans sa «librairie - du Bât d’Argent» tenant salon sur tout ce que Lyon comptait à l’époque «d’original et d’originaux». Il en fut «le plus jeune client» et c’est elle qui, la première, lui suggéra de faire de cette passion un métier; le professeur Jacques Thirion enfin, conservateur au Louvre dont l’érudition «généreuse et profonde» a éclairé ses années de formation à l’école des Chartes. Formation à l’époque encore très orientée sur la période médiévale, un peu trop parfois à son goût de moderniste.

Et puis ce fut Beaubourg jusqu’à la rentrée 2006 et son arrivée à Budapest. Par chance et presque malgré lui, reconnaît-il, tant «il se croyait, au sortir des chartes, fait pour une institution culturelle beaucoup plus patrimoniale» : contre toute attente, en effet, ce fut immédiatement le coup de foudre entre le Centre et lui. Et de parler de l’extraordinaire dynamisme de cette maison très bien dotée, sachant fédérer des personnalités variées et parfois extrêmement flamboyantes. Pourtant, après 13 ans passés au coeur de cette «bulle culturelle très privilégiée», il avoue avoir eu envie de changements car une «confortable routine professionnelle commençait à le guetter». Et comme «quitte à changer quelque chose, autant tout changer», le voilà donc aujourd’hui parmi nous dans une autre capitale, dans un autre emploi, dans une autre vie presque.

Le Caractère Accompli du Livre

Lorsqu’il parle de son goût pour les livres anciens dont il fait collection depuis l’âge de 10 ans, Christophe Thomet choisit chacun de ses mots avec un soin presque amoureux. «Le livre, au-delà, bien évidemment, de son contenu intellectuel, est une des créations humaines les plus accomplies à mes yeux : papier, typographie, mise en pages, reliure, illustration… C’est un objet parmi les plus beaux et les plus achevés qui se puisse concevoir : un livre ne s’offre pas à la contemplation comme le ferait un tableau ou une sculpture, un livre s’ouvre et se ferme, il se découvre et la relation que l’on établit avec lui est assez secrète aussi.»

Ainsi, clairement, tout a commencé par là, par cette initiation classique à ce monde mystérieux et très spécialisé qui, au-delà de l’érudition, a développé chez lui un œil grand ouvert sur d’autres univers esthétiques : peinture, sculpture, architecture, mobilier/design… Pour lui, il est visiblement tout à fait naturel de s’intéresser aussi bien à la création contemporaine dans tous ses états qu’aux formes d’art et d’artisanat les plus traditionnelles ou les plus populaires (ici notamment, il chine déjà très activement les boîtes métalliques).

Parions donc, en toute subjectivité, que cet homme atypique et ouvert saura bien, dans ses nouvelles fonctions au sein de l’Institut Français, nous faire partager son insatiable curiosité pour l’écrit et bien plus si affinités.

 

Marie-Pia Garnier

 

P.S. : les prochains RV de la médiathèque : Salon du livre du 12 au 15 avril prochains en présence de Viviane Chocas, auteur de Bazar magyar. Toutes les informations sur le site de l’Institut (www.inst-france.hu) ou sur Le pont des arts, sa revue.

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