Persepolis: l’Iran vue par une petite fille

Persepolis: l’Iran vue par une petite fille

Cinéma

 

Image retirée.Adapté de la bande dessinée autobiographique créée par Marjane Satrapi, le long métrage Persepolis a été réalisé par cette dernière avec Vincent Paronnaud, et a reçu le Prix du jury à Cannes.

C’est l’histoire d’une petite fille iranienne, Marji, fan de Bruce Lee et envisageant la carrière de prophète, élevée dans une famille moderne à l’heure où le pays se change en tyrannie théocratique imposant la morale religieuse dans chacun des aspects de la vie courante. Puis, c’est la découverte de l’Occident (Vienne) où elle est envoyée par ses parents qui veulent la protéger du régime. Premières amours, premières déceptions sentimentales, sentiment d’exil, et finalement errance: l’adolescente Marji retournera en Iran pour y étudier et réaliser que définitivement, elle ne peut pas y vivre.

Parmi les points les plus intéressants du film, le traitement du dessin et du noir et blanc figure en tête de liste. Car à l’exception de quelques passages (parisiens) en couleur, le film est un flash-back d’1h30 en noir et blanc dans lequel le personnage de Marjane se remémore sa vie à Téhéran. Le trait abstrait du dessin, gommant le relief des personnages et des décors, et l’horizon, a pour vocation de souligner l’universalité du propos (dixit Marjane Satrapi). Ceci étant renforcé par l’absence quasi-totale de sons d’ambiance.

Les références à la miniature persane, et à l’orientalisme en général, ne sont pas placées là où on les attendait (dans les passages iraniens), mais plutôt dans la période viennoise ou encore dans les passages oniriques. Le traitement des évènements historiques (guerre Iran/Irak par exemple) se révèle également agréablement surprenant : ce seront des silhouettes sommairement animées comme des pantins, ou des ombres chinoises, soulignant le point de vue naïf de la petite narratrice…

La musique est, elle, utilisée plus classiquement: triste pour souligner la tristesse du personnage, oppressante quand les protagonistes vivent une situation anxiogène, drôle quand il faut rire. La reprise du thème de Rocky fait sourire.

Les dialogues sonnent juste et suscitent l’empathie lorsqu’ils sont familiers ou vulgaires, contribuant à humaniser les personnages en leur donnant un franc-parler; mais ils sont moins convaincants lorsque les propos «édifiants» du père, de la grand-mère ou de la narratrice, à force de répétition, deviennent redondants.

Finalement, Persepolis semble traversé par deux tendances. L’une est polissonne, satyrique et mordante, tel Godzilla croquant la Japonaise dans le film d’horreur que vont voir Marji et sa grand-mère. L’autre est plus sage, tenant à un humanisme qui, à force d’être explicite, empiète quelque peu sur les meilleurs aspects du film.

Alexis Courtial

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