Patrimoine: Quartier juif
Nous avons évoqué dans ces colonnes le sort du quartier juif et les efforts menés pour sa sauvegarde par l’association hongroise ÓVÁS épaulée par l’association française Les mardis hongrois de Paris. Le 2 septembre dernier, plusieurs associations du quartier Erzsébetváros ont lancé un appel contre la démolition d’un immeuble dans la rue Nagy Diófa et le danger imminent de la destruction d'une vaste zone historique.
Les associations réclament notamment un moratoire sur les démolitions et les constructions.
Elles demandent également le vote d'une loi sur le patrimoine en harmonie avec les lois internationales. Pour sa part, l’UNESCO attend un rapport en février prochain sur l’arrêt des démolitions et la construction d’immeubles jugés médiocres dans la zone classée autour de l’avenue Andrássy.
Sociologues, urbanistes et représentants des associations civiles s’interrogent: comment protéger Budapest des projets immobiliers favorisant des profits à court terme ? Il y a 23 arrondissements à Budapest qui sont autant de fiefs où les décisions patrimoniales sont prises sans concertation avec les autres quartiers et qui disposent de peu de moyens.
«Comment admettre qu’à 20 m. de la grande synagogue, l'on démolisse des bâtiments classés pour y bâtir un immeuble de sept étages», écrivait Jean-Pierre Frommer pour Le Monde il y a six mois. Il rappelle en outre que les investisseurs sont également perdants à long terme car en réhabilitant ces immeubles de valeur, à l’image de ce qui a été fait dans le quartier du Marais à Paris, les retombées à long terme seraient fructueuses.
La période est charnière et il est temps de préserver ce quartier et l'Histoire dont il est le témoin. Au 19e siècle c’était la nouvelle ville juive, le quartier des petits commerçants, des artisans, des commis, des courtiers. Autour de l’ancien marché de Pest, Juifs et Grecs, Arméniens et Roumains étaient attirés par les possibilités que leur offrait la grande ville prospère. Sans oublier les libraires-éditeurs et les cabarets. Une vie animée et vibrante régnait dans ce quartier et la rue Király était célèbre aussi pour son Carnaval juif de Pourim.
Loin d'être un quartier riche, c'est précisément l'ambiance populaire de ses immeubles et de ses cours intérieures qui doit être sauvegardée sans pourtant que cela signifie qu'il faille figer le quartier dans une image passéiste.
Selon les dernières informations des associations du quartier, le sort de l'immeuble en danger dans la rue Nagy Diófa est toujours en suspens et, à plus grande échelle, il semblerait que le maire de Budapest, Gábor Demszky, ait choisi de ne pas soutenir le projet déposé en faveur de la réhabilitation du quartier.
En attendant, il faut reconnaître la vulnérabilité du site tout en prenant immédiatement des mesures de protection interdisant la démolition aussi bien à Erzsébetváros qu’à Terézváros.
Pour plus d’informations: http://sauvezbudapest.hautetfort:co, et www.NOL.HU.
A lire également: Budapest, la juive, András Kovács dans la revue Autrement no 34 et A zsidó Budapest, Géza Komoróczy (1995).
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