Opération Portes ouvertes à l’Institut Français de Budapest
Entretien croisé avec Hervé Ferrage et Isabelle Farçat
A la rentrée l’Institut Français de Budapest invite le public à découvrir de nouveaux espaces accueillants dans le cadre de l’opération Portes ouvertes et un programme riche pour l’automne. Nous avons rencontré le directeur de l’Institut Hervé Ferrage et son adjointe Isabelle Farçat.
JFB : L’Institut Français de Budapest sur les quais du Danube aux pieds du Château Royal a une situation privilégiée dans la ville. A la rentrée le public découvrira d’importants changements dans le hall plus ouvert et agrandi avec des espaces librairie et gourmet . Quels sont les événements les plus marquants de la rentrée qui se déroulent dans un cadre renouvelé ?
Hervé Ferrage : L’Institut Français se transforme considérablement en ce début d’année académique, puisque des travaux importants ont été entrepris pendant l’été à partir des propositions qui nous ont été faites par des étudiants du MOME spécialisés en design. Dans le Hall se trouve désormais de nouveau la librairie Latitudes et le Gourmet de Bordeaux ouvre un magasin. On a aussi remanié complètement l’organisation de la Médiathèque puisque les collections ont été redistribuées dans l’espace. Il y a vraiment pas mal de choses qui changent et on espère que cela sera positif pour l’image de l’Institut et pour sa fréquentation – notamment en terme de génération, que l’on soit plus séduisant pour les jeunes générations et pour l’intérêt qu’elles peuvent développer pour la langue et la culture française.
A part la mise en avant et la promotion de la langue française très naturellement le rôle de notre institut est de mettre en valeur la création dans le domaine culturel en France et plus largement dans les pays francophones ici à Budapest quelque soit l’art concerné – il y a des projets jusqu’à 2015.
Isabelle Farçat : La journée Portes ouvertes aura lieu le samedi 20 septembre et on y invite le grand public à découvrir nos nouveaux espaces. Un programme avec animation et des tombolas est prévu pour différentes cibles de public. L’équipe des cours de langue et celle de la Médiathèque accueilleront les visiteurs. Cela sera aussi l‘occasion de valoriser tous les types de cours de français proposés qui débutent le 22 septembre (enfants, adultes, formation de fonctionnaires, etc ). Ajoutons qu’il y aura également des cours de hongrois pour francophones. (dans nos prochaines éditions nous aborderons ce sujet plus à fond avec les responsables de l’enseignement)
A retenir également la date du 26 septembre, Journée des langues. Cet événement aura lieu à l’Institut Italien.
La veille, le 25 septembre c’est dans ce cadre également, mais élargi à la littérature européenne – l’Europe des écrivains – que nous attendons la venue de Jean Rouaud qui a reçu le Prix Goncourt pour son premier roman. Dans son emploi du temps à Budapest plusieurs événements sont prévus en partenariat avec Magyar Lettres Internationales et avec la Commission Européenne. Jean Rouaud rencontrera plusieurs écrivains de renom lors d’une table ronde suivi de la projection des films d’ARTE .Une rencontre-dédicace aura lieu le 24 septembre à la Librairie Latitudes à l’Institut Français.
JFB : La diffusion des biens culturels c’est bien la tâche de l’Institut Français. Quels sont vos moyens pour publier des livres français et diffuser dans un sens plus large la culture et les sciences ?
H.F. : Il y a le programme Kosztolányi, un programme d’aide à la traduction et à la publication d’ouvrages français - comme cela existe dans beaucoup d’autres pays à travers les Instituts français. Chaque année nous pouvons aider un certain nombre d’éditeurs hongrois à publier en traduction hongroise des livres français, quelque soit le domaine : roman, essai, roman pour la jeunesse ou encore poésie.
Cette année au mois de novembre – le mois de l’environnement - il y a un grand projet dédié à la question du réchauffement climatique . En partenariat avec le Ministère de l’Agriculture hongrois tout le mois de novembre il y aura des rencontres, des débats. Il y aura également une journée pour sensibiliser les jeunes aux questions environnementales à l’Institut Français avec un fil directeur : les enjeux liés au réchauffement climatique, la façon de répondre à ce défi pour la planète et l’humanité en général. Tous les Instituts Français dans le monde ont d’ailleurs la mission de se mobiliser sur ces questions, dans la perspective de la grande conférence sur le climat (COP 21) qui aura lieu à Paris en 2015.
JFB : L’année 2014 est celle des commémorations : La Grande Guerre, le Shoa et enfin la Libération. Depuis ce printemps l’Institut Français a organisé de nombreux événements . Quels sont les enjeux des commémorations ?
H.F. : Pour les commémorations du 70e anniversaire de la déportation des Juifs hongrois on a organisé à la fin du mois de mai en partenariat avec le Mémorial de l’Holocauste de Páva utca une série d’événements. L’idée étant pour nous d’avoir une approche comparative entre ce qui s’est passé avec la déportation de Juifs français et étrangers sur le territoire français et ce qui s’est passé en Hongrie à partir de mars 44. Il nous semblait qu’il pouvait y avoir des similitudes entre ce qui s’est produit de tragique dans les deux pays . Mais aussi des similitudes et des différences sur la façon peut-être pas aussi directe dont les Etats respectifs, la République Française d’un côté, et la Hongrie de l’autre pouvaient reconnaître le mal qui avait été fait en son sein même contre une partie de sa population. C’était pour nous les enjeux.
Nous avons organisé à l’Institut Français la projection d’un documentaire très beau, réalisé par l’écrivain et cinéaste Jérôme Prieur sur une jeune fille juive parisienne Hélène Berr. Elle a été déportée en 44 et elle a écrit son journal pendant toute la durée de la guerre, ce qui est un témoignage remarquable et particulièrement émouvant. Jérôme Prieur est venu présenter le documentaire : tables rondes et débats ont eu lieu avec lui et l’historien Tal Brutman et la présidente de la Maison d’Izieu Hélène Waysbord dans l’ amphithéâtre de l’Institut Français et au Centre de l’Holocauste à Páva utca. Le débat sur la question des Justes en France était une discussion enrichissante et nuancée.
I.F. : Au même moment il y avait une exposition sur Hélène Berr à l’Institut Français, exposition gracieusement prêtée par le Mémorial de la Shoa à Paris. Parmi nos invités, Hélène Waysbord a aussi fait une intervention au Lycée Français sur les thématiques de la déportation, de la Shoa et de l’antisémitisme. Le Lycée Trefort a présenté un spectacle remarquable à Páva utca sur le thème des enfants cachés ( spectacle présenté d’abord au Festival du théâtre francophone de Pécs)
H.F : Quant’à la Grande guerre nous avons prévu un cycle cinéma de la Grande Guerre cet automne en lien avec la série de colloques que l’Université Andrássy a organisé tout au long de cette année. Cela me semble important. Signalons particulièrement le lundi 6 octobre la projection de La grande illusion de Jean Renoir qui est pour tout Français le film emblématique sur la Grande guerre.
Au mois de novembre Points tournants – une exposition d’art contemporain qui associe un grand nombre de pays européens à la Galerie Nationale marquera les commémorations historiques de cette année 2014 .
JFB : Quels sont les événements hors les murs dans le domaine de la musique ?
I.F. : Il est important aussi de souligner, les actions que l’on mène hors les murs avec nos partenaires dans le domaine de la musique et la danse au Trafó, au Théâtre Bárka et au A 38. Pour la musique classique c’est dans le cadre du Festival Quartettissimo que le Quatuor Van Kuijk donnera un concert au Château de Fehérvárcsurgó le vendredi 19 septembre et le lendemain au BMC (Budapest Music Center). Nous aurons une coopération renforcée avec le BMC et pour la musique classique et pour le jazz. On aura une forte programmation durant toute la saison. Des figures illustres du jazz comme Michel Portal et Vincent Peirani seront en concert à Budapest le 13 octobre, puis d’autres musiciens de jazz français se produiront également durant le Week-End de Jazz Français ( 24 et 25 octobre). Au mois de novembre on continue toujours avec le BMC pour un programme autour de la musique contemporaine en partenariat avec l’Institut Goethe et l’Institut Péter Eötvös, un programme franco-germano-hongrois avec des ateliers pour jeunes chef d’orchestre . Nous voudrions continuer en ce sens l’année prochaine ensemble avec l’Ircam pour les 90 ans du grand musicien Pierre Boulez.
Éva Vámos