Opération MOL

Opération MOL

L’acquisition inattendue de 21,2% des actions de MOL par Szurgutnyeftyegaz, société énergétique russe, n’a pas été très bien prise à Budapest ni à Bruxelles.

 

 

Le fait qu’une part importante de la société pétrolière nationale passe entre les mains d’un investisseur russe a surpris le gouvernement hongrois, qui a déclaré n’avoir eu vent d’aucun projet de telle nature, et n’avoir aucune intention d’entrer en négociations avec Szurgutnyeftyegaz sur une éventuelle prise de part dans MOL. La Hongrie a intérêt, souligne le gouvernement, à préserver l’indépendance de la société pétrolière hongroise, l’une des dernières survivantes de la politique de privatisation de grande échelle des dernières décennies.

Fin mars, la société autrichienne pétrolière, OMV, a vendu sa part dans la société pétrolière hongroise, MOL, à un groupe pétrolier russe, Szurgutnyeftyegaz. Cette acquisition imprévue a choqué l’opinion publique hongroise et internationale, craignant pour l’indépendance de l’industrie pétrolière hongroise. Le fait que Szurgutnyeftyegaz ait payé le double, soit 1,4 Milliards d'euros, de la valeur réelle des actions, suscite des inquiétudes concernant les motivations de l’acheteur, dont on n’a toujours pas suffisamment d’informations, d’autant plus que le cours des actions ne cesse de monter. Il est possible que Szurgutnyeftyegaz n’ait pas l’intention de poursuivre avec le rachat des actions, pour acquérir une part stratégique dans MOL, il souhaite peut-être à long terme opter pour des positions opératives. L’hypothèse la plus probable est qu’il s’agit seulement d’un outil financier pour mettre un pied dans le marché européen, afin de redynamiser l’expansion énergétique russe. Les 21,2% des actions n’assureront que 10% des votes dans l’assemblée générale de MOL, ce qui est loin d’être suffisant pour menacer l’indépendance énergétique hongroise. De plus, la prise de participation russe pourrait servir d’une sorte de garantie à la Hongrie contre les fluctuations du prix du pétrole sur le marché international et en cas d’une éventuelle crise énergétique, comme celle de l’hiver dernier. Pour l’instant, Szurgutnyeftyegaz est considéré comme un investisseur financier apportant du ravitaillement à MOL, assoiffé de capital.

A Bruxelles, l’appréciation des opérations n’est pas si optimiste. Le conseil énergétique de l’UE a exprimé son inquiétude quant à l’impact de telles affaires sur l’évolution de la politique énergétique commune de l’Union Européenne, actuellement remise en question, et de l’obstacle possible que de telles acquisitions peuvent représenter à la réalisation de Nabucco, projet européen d’un réseau de gaz afin de justement diminuer la dépendance énergétique européenne.

En tout cas, l’ambiance générale chez Mol est plutôt à la défensive. On continue de bâtir les murailles contre les acquisitions inattendues: modification du règlement intérieur, volonté de ne pas payer de dividendes de 2008 pour rendre plus difficile la rentabilité des actions acquises, décision certes très désavantageuse pour les autres actionnaires.

Szurgutnyeftyegaz est la seule des dix sociétés pétrolières les plus importantes en Russie, qui, lors la crise économique, n’a pas eu besoin d’aide financière grâce à ses réserves disponibles considérables. A l’heure actuelle, le secteur énergétique russe ne dispose pas de débouchés suffisamment attractifs pour les investisseurs, Szurgutnyeftyegaz, exploitant 13% du pétrole russe, s’est alors tournée vers l’Europe pour élargir son portefeuille financier. Suite à ce rachat, il possède 21,2% des actions, ce qui le place au premier rang des actionnaires minoritaires, devant OTP (8,4%), CEZ (7,35%), BNP Paribas (7,27%), Oman Oil Company (7,00 %) et Magnolia Finance (5,75 %). Le propriétaire majeur est toujours l’Etat hongrois, qui détient 47,89 % du capital.

Kata Bors

 

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