Numérisation de la télévision hongroise

D’ici le 31 décembre 2011, les émissions analogiques vont progressivement cesser, et toutes les chaînes télévisées seront uniquement diffusées numériquement. C’est ce que prévoit la nouvelle loi de 2007 sur la numérisation des médias hongrois. Ce changement, qui marque un tournant dans leur histoire, est pourtant arrivé tardivement.

La dernière loi sur les médias en Hongrie est entrée en vigeur en 1996. Les députés s’étaient alors prononcé sur l’interdiction des limites territoriales de la distribution, c’est-à-dire que chaque chaîne puisse être captée partout dans le pays. Cependant, cela ne s’est jamais concrétisé et la Commission européenne a porté plainte contre la Hongrie en automne 2005 à ce sujet.

Avec la numérisation des médias, la Hongrie devrait pouvoir accomplir ce devoir manqué envers Bruxelles, car les conditions actuelles ne permettent pas la couverture complète du pays. De plus, grâce à ces changements technologiques, une chaîne quelconque pourra offrir une dizaine de programmes différents au lieu d’un seul, et la qualité de l’image et du son de l’émission s’améliorera significativement. Les téléspectateurs hongrois auront en outre la possibilité de capter 80 chaînes à la fois, soit trente chaînes de plus qu’actuellement.

Avec une diffusion nationale, les petites chaînes comme ATV ou Viasat3 pourront, de plus, augmenter leurs revenus publicitaires. Ainsi voient-elles le passage au numérique comme un phénomène prometteur. Parallèlement, les majors TV2 et RTL Klub craignent de perdre des annonceurs, car les téléspectateurs ne verront plus l’intérêt de regarder les sports traditionnels. Les sites partageant des vidéos, comme YouTube, ont déjà grignoté une part du gâteau. Selon le PDG de RTL Klub, Dirk Gerkens, questionné par l’hebdomadaire Figyelô en octobre dernier, si quelqu’un rêve d’une télévision gratuite et sans publicité, il doit cependant se familiariser avec l’idée que les annonces ne disparaîtront jamais de l’écran. Elles se transformeront probablement en bannière comme sur internet ou occuperont une partie de l’écran continuellement sous une autre forme.

Certains fournisseurs de télévision proposent déjà une offre numérique depuis 2004, cependant, leur clientèle est restée modeste pendant longtemps à cause du prix élevé des services. Ainsi, quand en 2006 l’un des acteurs sur le marché, DigiTv, propriété roumaine, a offert des prix beaucoup plus bas (2700 Ft/mois), les autres fournisseurs ont fait appel au Conseil National de la Concurrence. Malgré les difficultés initiales, DigiTv a quand-même débuté la diffusion, et a touché 300 000 spectateurs en un an. Essentiellement ceux qui n’avaient pas encore de fournisseur.

Judit Zeisler