On ne vit qu’une fois !

On ne vit qu’une fois !

Concert de Jane Birkin à Budapest

 

Le 22 janvier, Jane Birkin viendra interpréter les chansons du grand Serge, dans le cadre de sa tournée internationale intitulée "Serge Gainsbourg & Jane via Japan". Vingt ans après le décès de Gainsbourg, elle revisite une nouvelle fois les titres du compositeur dans une version japonisante. Les fonds collectés lors de ces concerts  permettront d’aider les victimes de la  catastrophe de Fukushima. Elle répond aux questions du JFB.

 

 

JFB - Avez vous mené toute votre carrière en France par choix ou par hasard  ?

Jane Birkin : Par hasard. Je suis venue pour faire le film "Slogan" et je suis tombée amoureuse de Gainsbourg, puis on m'a demandé de faire "la piscine " avec Delon. J’ai alors commencé à vivre avec Gainsbourg et ma fille Kate Barry  ... la suite, c'est par choix, j'adore la France ... et les Français ...

 

JFB : De quel côté de la Manche vous sentez-vous le plus chez vous ?

J.B. : En France, car en Angleterre il ne me reste qu’Andrew mon frère et Linda ma soeur, à qui je rends visite régulièrement. Linda viendra à Budapest !

 

JFB : Vous avez jonglé et jonglez encore entre votre carrière d’actrice et celle de chanteuse ? Ces deux facettes sont-elles complémentaires ou une façon de diversifier vos envies, d’assouvir une sorte de boulimie ?

J.B. : Complémentaires : chanteuse grâce à Serge, actrice "sérieuse" grâce a Doillon (père de Lou), puis le théâtre, music-hall grâce à Chéreau et "la fausse suivante" avec Piccoli qui m'a donné le courage ensuite de faire "Le Bataclan", première fois que j'ai chanté en "live" ...

 

JFB : Comment vit-on sa vie de famille quand on s’appelle Jane Birkin et qu’on a des enfants également célèbres (Charlotte et Lou) ?

J.B. : Et ma fille Kate, photographe ! C'est formidable de les voir épanouies, Charlotte grande actrice affirmée et Lou qui va être "la mouette" à Avignon. Elle sort également un disque écrit par elle même, et elle est la vedette dans le film de Doillon. Une année ou enfin elle va être reconnue elle aussi comme "artiste", tout comme Charlotte ... 

 

JFB :  Considérez-vous que Gainsbourg est au cœur de votre carrière et de votre vie aussi ? Qu’il est une sorte d’élément fondateur ?

J.B. :  Elément fondateur oui, ensuite j'ai fait mon chemin comme actrice et metteur en scène du film "boxes". C'est la joie de chanter à nouveau Serge pour célébrer les 20 ans de sa mort ... de le remercier en quelque sorte ...

 

JFB : Avez-vous essayé parfois de vous éloigner de l’influence de Gainsbourg (l’enregistrement de l’album «A la légère» en 1998 ou l’interprétation très récemment de l’album culte de Tom Waits) ? ou considérez-vous que son art, sa musique est un fil directeur dans votre vie ? On a le sentiment en effet que malgré quelques coupures ou «infidélités» vous revenez en permanence à son œuvre ?

J.B. : Pour la raison qu'il m'a écrit sur 25 ans les meilleures chansons de ma vie. Pour continuer, il fallait trouver d'autres compositeurs, et j'ai été extraordinairement gâtée.

 

JFB : Pouvez-vous nous dire ce que représentent sa musique, ses paroles pour vous ?

J.B. : Le meilleur ... des souvenirs,  son génie, le manque de lui ...

 

JFB : Vous avez interprété le grand Serge sur des mélodies arabisantes avec «Arabesque» et aujourd’hui japonisantes. Revisiter ainsi son œuvre est-elle une façon de la faire découvrir encore et toujours  ?

J.B. : Oui et aussi ... il fallait  trouver après "Arabesque" une manière originale et très brillante d’exciter les gens, pour leur donner un show inattendu. Et franchement ce sont les plus "brillantes" orchestrations  depuis Djamel pour "Arabesque" ... elles sont géniales !

 

JFB : Vous êtes une femme engagée. Vous avez chanté pour Amnesty International, réalisé un court-métrage pour la lutte contre le sida, avez voyagé à Sarajevo en pleine guerre. Vous vous êtes engagée aussi pour la libération d’Aung San Suu Kyi en Birmanie et les victimes du tremblement de terre en Haïti et plus récemment au Japon. Toutes ces causes, l’envie d’aider est-elle un des vos moteurs?

J.B. : Oui je préfère y aller plutôt que de rester devant ma telé en me disant "oh les pauvres" ... Je lutterai jusqu'à ma mort contre la peine de mort, le combat social est un héritage de mon père : les conditions épouvantables en prison, la gratuité des hôpitaux publics et des écoles qui avec notre gouvernement risquent de sombrer comme en Angleterre ...

 

JFB :  Comment se concrétise cette série de concerts aux quatre coins du monde, dont Budapest, en soutien à la catastrophe de Fukushima ? Elle tombe aussi au moment des 20 ans de la disparition de Gainsbourg. Chanter ses chansons dans de telles circonstances a-t-il une valeur symbolique pour vous ?

J.B. : Ce sont les 20 ans ... puis comme je suis partie au Japon juste après la catastrophe, j'ai connu ces musiciens Nobu. Je me suis dit à ce moment-là que je pouvais faire des concerts avec eux, un bon moyen de ne pas oublier le Japon et aussi de récolter des fonds pour les enfants là-bas ...

 

JFB :  Quels seront les grands tubes et les moments clé de cette soirée ? Est-ce un secret ... ?

J.B. : "ces petits riens" avec trompettes, tambours et une marche presque militaire. "Les amours perdues", chanson de Serge d'il y a 50 ans en toute délicatesse, et "Melody", 20 ans déjà, mais c'est à vous de dire…

 

JFB :  Connaissez-vous déjà Budapest ?

J.B. : Oui ! j'ai adoré ... Buda et Pest, il y a 20 ans peut-être. Je suis ravie d'y retourner et de faire découvrir cette ville à ma sœur.

 

JFB :  Qu’appréciez-vous de cette capitale d’Europe centrale ?

J.B. : Les gens ... la profonde gentillesse des personnes que j'ai connues, la beauté de la ville et .... les bains turcs (pour hommes) que je voudrais montrer à mes musiciens japonais, curieux de tout.

 

JFB :  Vous nous avez offerts beaucoup de surprises tout au long de votre vie, nous réservez-vous d’autres surprises ? Avez-vous des projets en cours, des envies de chanson, d’écriture, de films, de pièces ... ?

J.B. : 2 films que j'aimerais écrire et réaliser ... et aussi le"one woman show" que Wadji Mouawad a écrit pour moi. Je le fais cette année, plus les concerts avec les Japonais qui risquent de m'emmener jusqu'à fin décembre 2012. Et enfin un film marginal américain que je ferai comme actrice en septembre. Là, j'arrête car il faut que je prépare ce Noël avec mes 3 filles et mes 5 petits enfants !!!

 

JFB : Pouvez-vous nous livrer le secret de cette énergie hors du commun ?

J.B. : On ne vit qu'une fois ! 

 

 

A 38, « Serge Gainsbourg & Jane via Japan », le 22 janvier. Entrée : entre 6000 et 7000 HUF. Renseignements : www.a38.hu

 

 

Gwenaëlle Thomas

 

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