Migrants: hommage aux bénévoles...

Migrants: hommage aux bénévoles...

A tort ou à raison, le gouvernement hongrois fait une fois de plus la une des médias occidentaux, et pas précisément pour recevoir des fleurs... Il est vrai que Viktor Orbán, dont les oreilles sont déjà bien habituées à siffler, n’en est plus à cela près.

 

Il faut dire que, face à l’épineux problème des migrants, le premier ministre hongrois, ne donne pas dans la dentelle: campagne d’affichage agressive, édification d’un rideau de barbelés et déploiement de l’armée tout au long de la frontière serbe, révision musclée du code pénal. Mesures censées aider les autorités hongroises à protéger l’Europe et à défendre ses frontières, en quelque sorte un nouveau Charles Martel... (Au passage, il est intéressant de savoir Viktor Orbán devenu brusquement si soucieux des intérêts de l’Europe). Sauf que ces mesures s’adressent davantage à une population qu’il cherche à se concilier, qu’aux migrants eux-mêmes, qui ne comprennent pas un mot de hongrois, franchissent allègrement les grillages (en passant tout bonnement par-dessus ou par dessous) ou les contournent et, de toute façon, restent fermement décidés à passer coûte que coûte, même au prix de leur vie.

La question, extrêmement grave et préoccupante, de l’afflux des migrants, a déjà été largement (et passionnément) débattue et mon propos n’est pas d’y revenir une fois de plus. Mais notre devoir n’est-il pas de leur venir en aide, ne serait-ce que pour les quelques jours de leur passage ?

Tel ne semble pas être la position des autorités hongroises qui renvoient ouvertement la balle aux associations et aux particuliers, le rôle de l’Etat n’étant pas, selon elles, de jouer les instances caritatives (1). Pas même un geste, ne serait-ce que symbolique. Alors que des centaines de migrants se sont trouvés amassés, une bonne semaine durant, dans le passage de la gare de l’Est de Budapest, pas un responsable ne prit la peine de leur rendre visite, ne serait-ce qu’un secrétaire d’Etat, maire-adjoint ou quelque officier supérieur de la police. Rien! Le ministre de l’intérieur n’ayant même rien trouvé de mieux que de prendre quelques jours de vacances. La seule présence officielle était (et reste) constituée par les policiers, au demeurant admirables par leur comportement patient, voire attentionné. Si! Viktor Orbán s’est déplacé ! À la frontière... pour y surveiller l’édification du „mur”, sans même daigner faire un saut dans le camp voisin. Bref: mépris et arrogance.

Mais le pire: le cardinal archevêque d’Esztergom-Budapest, primat de Hongrie, Péter Erdő - faisant visiblement fi de l’évangile - n’a rien trouvé de mieux que de lancer: ”Recevoir des migrants pour l’Eglise reviendrait à lui faire jouer le rôle de passeur illégal de clandestins”. Ceci avant la prise de parole du pape François. Il a certes essayé de se rattraper par la suite, mais sans convaincre. Et puis voilà que l’évêque de Szeged (Mgr László Kiss-Rigó) vient d’enfoncer le clou en critiquant ouvertement et durement les appels à générosité du pape tout en tenant des propos des plus méprisants à l’égard des migrants (2). Fort heureusement, pour l’honneur de l’Eglise hongroise, l’abbé supérieur du monastère bénédictin de Pannonhalma, Mgr Asztrik Várszegi, a par contre déclaré héberger des migrants dans son enceinte.

Mais la palme de l’honneur revient à tous ces bénévoles anonymes qui affluent auprès des réfugiés (terme que je préfère à „migrants”, la grande majorité venant de Syrie) pour leur distribuer eau, pain, couvertures, vêtements chauds, voire des jouets pour les enfants, ici très nombreux. Et surtout un peu de réconfort. Un coup de chapeau également à ces médecins qui, une fois leur journée de travail terminée, vont passer une partie de la nuit à suivre et soigner les malades.

Alors que le pays est en train de subir une image quelque peu malmenée, voilà qui rassure. Beaucoup (souvent de condition modeste) me demandent de le faire savoir et de faire passer le message suivant. „Non, Orbán n’est pas la Hongrie!”

Voilà qui est fait. Hommage leur soit ici rendu!

Pierre Waline

(1): Telle la position prise par Péter Harrach, président du Parti populaire chrétien-démocrate (KDNP),membre de la coalition gouvernementale... 

(2): intreview publiée dans le Washington Post  (8 septembre). Considérant ces familles qui ont parcouru plus de deux mille kilomètres à  pied - beaucoup ayant perdu des leurs et fui les bombardements et massacres – comme de simples capricieux avides de confort et de gains!!!!

Photos : Csilla Katona

Plus d'image sur la situation des refugiés en Hongie:

https://www.facebook.com/CSillaKatonaPhotographicMemories/posts/895946767155106

https://www.facebook.com/CSillaKatonaPhotographicMemories/posts/896427880440328

https://www.facebook.com/CSillaKatonaPhotographicMemories/posts/897153790367737

 

 

 

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