MDF-SZDSZ: Reloaded

Le MDF et le SZDSZ, tous deux au plus bas dans les sondages, ont conclu un accord visant la création d'un Centre Démocratique. Un rapprochement à première vue contre nature, tant les différences idéologiques des deux partis sont profondes.

La machine de la campagne électorale s’est enfin mise en route. D’après les sondages, le Fidesz arriverait en tête, suivi par le Jobbik et le MSZP. Les prévisions annoncent peu de voix pour le SZDSZ et le MDF, les deux grands perdants de la dernière saison parlementaire, marquée par l’avancée de la droite et le recul de la gauche. Afin de conserver quelques sièges lors des prochaines élections législatives, les libéraux et les démocrates doivent reconquérir des électeurs. Leur tactique passe par une stratégie électorale surprenante au premier abord, basée sur le partenariat des deux partis et la volonté de créer un Centre Démocratique, proposant des débouchés potentiels tant au MDF qu’au SZDSZ.

L’union fait la force

Bien que le rapprochement de ces deux partis semble à première vue contre nature, leurs approches idéologiques étant contradictoires et les débats qui opposent leurs leaders permanents, il n’est toutefois pas sans précédent. Il y a 20 ans, le MDF, parti leader des premières élections après le changement de régime, avait conclu un partenariat avec le SZDSZ, deuxième force politique de l’époque, afin de garantir une direction démocratique au pays. Aujourd’hui l’histoire est un peu différente. D’après les prévisions, le SZDSZ serait incapable d’atteindre les 5% nécessaires pour obtenir des sièges au Parlement et le MDF, qui connaît des problèmes de financement et de crédibilité, a fort besoin de personnalités marquantes, attirant les électeurs et le soutien financier de partenaires privés. Le concept sur lequel les deux partis semblent être tombés d'accord serait de créer une nouvelle base capable de remporter le plus de voix possibles, de faire barrage au Fidesz afin d’éviter qu’il ne remporte les deux tiers des sièges au Parlement et de gagner les voix des électeurs modérés déçus par la politique de la gauche.

Un mariage de raison

Malgré de réelles différences de philosophie politique, les deux partis seront-ils capables de trouver assez de points communs pour élaborer un rapprochement performant? Peut-être… Il est en effet possible d’identifier des points commun entre le MDF et le SZDSZ: la lutte pour la survie et le souhait de créer un centre politique puissant avec un leader crédible, que tous deux pensent avoir trouvé en la personne de Lajos Bokros, ancien ministre des Finances. Selon cet accord, le SZDSZ renoncerait à se présenter aux élections et délèguerait des députés sur la liste nationale des démocrates, en contrepartie il mènerait la campagne pour les municipales de Budapest en nommant la tête d'une liste commune. Ces tractations permettront peut-être aux libéraux de remporter des sièges au Parlement mais surtout de maintenir leur position au conseil municipal de la capitale. Dans ce cadre, c’est donc le parti MDF-Centre Démocratique, complété par des députés libéraux, qui se présentera aux élections en avril, avec Lajos Bokros comme candidat au poste de Premier Ministre. Il faut reconnaître que c’est la forme la plus raisonnable que pouvait prendre une coopération MDF-SZDSZ car, d’après les sondages actuels, une liste de coalition serait incapable d’atteindre la barre des 10% nécessaires pour entrer au Parlement.

Le programme

Le programme électoral du Centre Démocratique se base sur l’essai politique de Lajos Bokros, intitulé Travail et Dignité = La Hongrie Moderne. Au lieu de récapituler sa philosophie politique, économique ou sociale, il traite uniquement les facteurs potentiels menant à la croissance économique et visant à reconduire le pays sur la voie du développement – une stratégie optimale à l’époque ou les électeurs hongrois sont par dessus tout préoccupés par la récession. Le programme évince toutes pensées idéologiques potentiellement “décevantes” et se concentre sur des questions plus techniques, comme l’égalité et la solidarité sociales, les cotisations des consultations médicales, la révision de la taxe sur l’immobilier, un système éducatif plus performant, un environnement motivant pour les PME et la modernisation du système administratif.

La fin justifie les moyens

Le pacte MDF-SZDSZ n’est pas encore définitivement concrétisé car il existe encore de nombreux intérêts contradictoires au sein des partis, en particulier de nombreux conflits d’intérêt personnels. Des voix s’élèvent pour s’opposer à cet accord, qu’elles considèrent comme le dernier sursaut de deux partis en chute libre dans les sondages pour conserver leur pouvoir. Ceux-là dénoncent les travers de la vie politique actuelle, basée non sur des luttes idéologiques mais sur des batailles de personnes qui cherchent avant tout à rester ou devenir populaires.

Kata Bors