Marchés chinois

Marchés chinois

Mauvaise qualité, illégalité, mais prix bas

Fraude fiscale, travail au noir, absence de factures : ce sont les caractéristiques générales des marchés chinois. Bien que les produits soient souvent de médiocre qualité, les prix bas attirent une clientèle toujours plus nombreuse. Les autorités contrôlent sans cesse des commerçants et les verbalisent, mais la plupart des marchés fonctionnent et prospèrent malgré la répression.

Image retirée.

Il existe plusieurs marchés chinois au coeur de Budapest, où l’on trouve non seulement des vêtements, des chaussures, des parfums, des cigarettes, mais aussi parfois des diplômes, des certificats de langue, le baccalauréat ou des armes d’autodéfense. Bref, on trouve de tout dans les marchés chinois, et même si les vendeurs parlent mal (ou pas du tout) le hongrois, qu’aucune facture n’est émise en générale, que les objets vendus s’abîment très vite, de nombreux Hongrois viennent y faire leurs courses. Selon une étude réalisée sur le sujet, un Hongrois sur cinq a déjà acheté quelque chose dans un marché chinois, soit quelque 2 millions de personnes !

La raison de ce succès est bien évidemment le coût des produits. «Tout le monde sait en Hongrie que sans les marchés chinois, les pauvres Hongrois mèneraient une vie encore plus désolée et plus amère», dixit Gyula Hegyi, député au Parlement européen, il y a quelques années, en faisant allusion aux marchandises bon marché.

Bien que les marchés chinois soient synonymes de fraude fiscale, de travail au noir, de marchandises de mauvaise qualité, les autorités ne peuvent pas les supprimer. Quatre services compétents, le VPOP qui lutte contre le marché au noir, l’APEH qui recherche les défauts de paiement de la TVA et contrôle l’émission de factures, le Nemzeti Fogyasztóvédelmi Hatóság, organisme de défense des consommateurs qui mène des enquêtes à la demande des clients, et l’Országos Munkavédelmi és Munkaügyi Fôfelügyelôség, organisme de contrôle du droit du travail qui lutte contre le travail au noir, contrôlent pourtant sans cesse les commerçants des marchés chinois.

Par exemple, l’année dernière, le VPOP a effectué 4646 contrôles sur les marchés au cours desquels il a dénoncé 1645 violations de la loi. Les autorités verbalisent les commerçants coupables, mais le travail des autorités est freiné par une «chaîne d’information» : si des contrôleurs de l’APEH ou des douaniers apparaissent au marché, les vendeurs répandent immédiatement la nouvelle et beaucoup de commerçants quittent les lieux. Les autorités ne peuvent donc contrôler que peu de commerçants en une seule “visite”.

«Le travail au noir et la fraude fiscale des marchés dits «chinois» a des racines anciennes: les marchés KGST (entre les pays communistes), avant le changement de régime, en furent les précurseurs», souligne György Vámos. Selon le secrétaire de l’Association de Commerce Général (Országos Kereskedelmi Szövetség), la situation actuelle peut être considérée comme étant bien pire car outre les clients individuels, ces marchés vendent aujourd’hui surtout aux détaillants. György Vámos préfère parler des marchés asiatiques plutôt que chinois, parce qu’on trouve «de plus en plus de commerçants vietnamiens, turcs et afghans dans ces marchés.»

Un marché chinois populaire, celui de rue Fáy, «le Shanghai» a été fermé l’été dernier. La municipalité du XIIIe arrondissement avait appuyé la liquidation de ce marché depuis dix ans déjà, mais ce n’est finalement ni la municipalité ni les autorités qui l’ont fait fermer, mais le propriétaire du terrain qui souhaite désormais mieux en exploiter l’espace et les possibilités.

Par contre, le fameux marché de Józsefváros, «Les quatre tigres», autour duquel un véritable quartier chinois commence à se former, fonctionne et prospère sans être inquiété par l’administration, à moins que la mairie du VIIIe arrondissement, la mairie de Budapest et la MÁV (le marché se situe à côté de la gare de Józsefváros, propriété de la MÁV) ne s’accordent sur l’avenir de ce territoire.

Szabolcs Dull

Selon une recherche menée en 2007, 6800 Chinois vivent en Hongrie officiellement, comme salariés. Selon les calculs du sinologue Gergely Salát, spécialiste de l’immigration des habitants des pays d’Extrême-Orient, «il est difficile de l’estimer, mais leur véritable nombre en Hongrie est approximativement de 30 000», dont une centaine a acquis la nationalité hongroise.

Catégorie