Lysistrata à l’A38
Ce Mercredi 26 Juin, les Français de Lysistrata se produisaient à l’A38 Hajó. Pendant une heure, Max, Théo et Ben ont enflammé le navire, à coups de riffs et de percussions endiablés. Entre les répétitions et le début de leur concert, les trois amis nous ont accordé quelques minutes d’entretien.
JFB : Pourquoi Lysistrata comme nom ?
Lysistrata : C’est une pièce de théâtre, Théo a vu le nom passer en cours d’histoire. On avait à peu près formé un groupe, et on nous avait proposé une date au barathon de Saintes (Charente-Maritime), en Janvier 2013. Il fallait qu’on ait un nom et qu’on se décide vite. On ne savait pas si on allait le garder, et finalement on a trouvé ça joli.
JFB : Comment s’est formé le groupe ?
L : A la base, on jouait avec un gars, un poil plus vieux, de 30 ans de plus que nous. Lui avait déjà ses compos écrites. Nous on avait 14-15 ans, il nous fallait un bassiste, et j’ai appelé Max, et on a commencé à répéter à quatre. On voulait faire du live mais l’autre membre nous disait qu’on n’était pas prêts. Alors, lassés de répéter pour rien, on a commencé notre projet à trois.
JFB : Comment vous définiriez votre musique ?
L : C’est un peu du Rock Alternatif. Mais c’est assez difficile à définir, y’a pas mal d’influence, notamment de post-hardcore, de noise et même des trucs un peu à la Radiohead, avec beaucoup d’arpèges. C’est un peu tout ce qu’on écoute en fait, on ne se pose pas trop de question sur le style qu’on pratique. Sur l’album à venir y’a des morceaux plus calmes que d’autres. On fait vraiment ce dont on a envie. Parfois à la sortie des concerts, des gens nous parlent de style et nous disent « j’adore le screamo ! » alors que nous on ne connait même pas…
JFB : Etes-vous nés avec un instrument dans les mains ?
L : Théo a étudié la guitare classique au conservatoire de Saintes. Les deux autres, on était voisin, on a commencé la musique au même moment, à 8 et 10 ans, en achetant une batterie et une basse. Mais on a tous les trois grandis en écoutant pas mal de musique.
JFB : Vous faites beaucoup de dates à l’étranger, est-ce que vous sentez une culture du rock différente hors de nos frontières ?
L : C’est un peu différent dans tous les pays, mais ça dépend aussi du lieu. Hier on était à Zagreb dans un gros festival, et parfois on est dans des petits clubs, voire des caves. On avait envie de roder dans des endroits où on ne nous avait jamais vu et recevoir des retours de personnes qui ne nous connaissaient pas. On a joué en Asie aussi, c’était cool, mais la Chine c’était très différent, c’est très censuré là-bas. On y est allé complètement inconnu, et même avant d’aller jouer, t’es obligé d’envoyer toutes tes paroles. C’était une vraie expérience pour nous, on aimerait même y retourner. Pékin c’est plus cosmopolite, c’est rempli d’étrangers, mais dans d’autres villes c’était sans touristes, sans culture du rock.
JFB : Il y a peu, vous aviez commencé à un barathon dans la ville de Saintes, maintenant vous êtes à l’affiche de gros festivals à travers l’Europe, comment vous le vivez ?
L : C’est cool de faire plein de choses différentes. Et ça fait du bien de changer, de faire des gros festivals et aussi des concerts plus intimes. Au début, on jouait très peu pendant les 3 premières années. On a pris 3 ans pour sortir de notre région, on faisait quasiment aucun concert. C’est grâce à notre booker Jacob Music, avec qui on a signé en 2016, qu’on a commencé à se produire beaucoup. On était à la fac, on devait faire un choix, on avait une grosse liste de dates possible, et on a décidé d’arrêter les cours, de ne refuser aucun live, et de vivre de l’intermittence.
JFB : Vous paraissez très détendus, à 30 minutes du début de votre concert. Comment vous vous sentez généralement ?
L : On a toujours un petit stress, mais positif. C’est important de l’avoir ce stress. On peut avoir l’air cool, parce qu’on a l’habitude de faire des concerts. Quand des groupes jouent avant nous et qu’ils mettent une grosse pique ça met encore plus la pression, et ça donne envie de faire une grosse performance et donner tout ce qu’on a. T’as différentes humeurs avant les sets, parfois on a même des gros coups de barre avant de jouer, et puis dès qu’on est sur scène ça repart. Mais nous on n’est quand même pas des grands stressés.
JFB : Vous chantez exclusivement en Anglais, pensez-vous passer au français ?
L : On ne s’est jamais posé la question. Au début du groupe, c’était purement instrumental, on avait aucune parole. Puis on a fait une base de morceau, et on a voulu caler des paroles dessus, écrire des trucs. C’est arrivé naturellement, et maintenant, dans tous nos morceaux, on raconte des choses. Ben est d’origine anglaise, il écrit les paroles. Nous on a toujours voulu jouer à l’étranger, et le fait de chanter en Anglais ça aide pas mal, c’est plus difficile de faire du rock en français et de sortir des frontières. Tout ce qu’on écoute c’est anglophone et ça nous a toujours paru plus musical. Y’a des groupes qui y arrivent très bien, comme tRuckks en France, ils chantent en français avec une honnêteté incroyable et une énergie de folie.
Quant à nos thèmes et nos sujets, ça reste relativement sombre. Sur le prochain album, un peu comme le premier, on parle beaucoup d’anxiété, de broyer du noir, mais aussi d’amour, d’éducation, de l’avenir, de comment vont se passer les choses. On vient de sortir un morceau qui s’appelle « Mourn », je me suis inspiré d’un bouquin d’un écrivain américain, et ça parle un peu de la folie, du fait de perdre quelque chose et de ne pas s’en remettre.
Propos recueillis par Vincent Faure et Hugo Cellarier
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