L’ivresse de la vitesse
Mardi 12 décembre était projeté à l’Institut Français un documentaire intitulé “Tout s'accélère” réalisé par Gilles Vernet. Un documentaire qui dresse un constat terrible de nos sociétés occidentales et de nos modes de vie.
“Longtemps j’ai vécu en accéléré”. C’est par ces mots que s’ouvre le documentaire. Mots prononcés par Gilles, ancien trader reconverti à présent dans l’enseignement en région parisienne. Interpellé par cette course contre la montre effrénée (qu’il a expérimentée) de nos sociétés occidentales, il a souhaité filmer les réflexions de sa classe de CM2 à ce sujet. Pourquoi cherchons-nous tant à aller si vite ? Pourquoi et comment la vitesse est devenue un impératif si pesant ces dernières décennies ?
Des sociétés en excès de vitesse
Ce n’est pas que Gilles le trader qui a vécu en accéléré. Nous tous en Occident connaissons cela. Voilà un constat simple. Si simple que des enfants de 10 ans sont capables de s’en rendre compte. “ normal">Tous les mois voire toutes les semaines il y a des nouvelles paires de chaussures qui sortent, pareil pour les jeux vidéos” remarque un des élèves au début du documentaire. Un exemple révélateur de ce que l’on vit quotidiennement. Un quotidien qui n’a cessé de s’accélérer ces dernières années selon Etienne Klein, philosophe des sciences français. Les technologies ont permis de rendre accessible n’importe quelle information instantanément partout dans le monde. Informations immédiates et réponses immédiates: voilà l’une des facettes de l’accélération que connaît notre monde. Mais que dire de l’environnement ? “ Nous percevons des changements climatiques qui ne sont normalement pas détectables à échelle humaine” constate Nicolas Hulot, lui aussi interrogé. Nos sociétés courent, ou plutôt foncent à pleine allure, à leur perte, à l’épuisement de leurs ressources. Mais rien ne se passe. Tout va très bien madame la Marquise, nous avons du temps, ne vous en faites pas...Il est minuit moins une pourtant. A minuit sonnera FR" lang="FR" xml:lang="FR">le glas.
Comment expliquer l’accélération que nous vivons dans nos vies, cette anxiété qui nous pèse? La technologie a toujours eu pour but de faire gagner du temps. Or, nous n’avons jamais autant entendu dire “ Je n’ai pas le temps”. Pourquoi ? Parce que nous sommes rentrés dans une société instable. Nous ne sommes plus certain d’avoir le même emploi toute notre vie. Nous voilà condamner à “performer”, à être efficace sans cesse. Nous souhaitons de plus être digne de l’unique vie dont nous disposons selon Etienne Klein. Ne devant pas la gaspiller, nous nous sentons poussés à remplir chaque instant libre d’activités. Nous courrons car nous pensons que “ normal">c’est en étant débordé que nous avons la sensation d’exister” explique le philosophe. Anxiété et dépressions sont alors devenues FR" lang="FR" xml:lang="FR">notre lot quotidien.
Que faire ? Quelles solutions ? “Il faut dès lors que nous tous, collectivement, fassions le point sur ce qui est essentiel pour nous. En faisant ainsi, nous construirons nos actions pour parvenir à cet essentiel.” préconise Etienne Klein. Ainsi, le temps ne sera plus notre ennemi contre lequel on lutte mais un allié vers l’accomplissement de notre projet. Devrions-nous désormais vivre selon cette maxime évoquée par l’instituteur et ces élèves “ Moins c’est plus” ? Ce qui est certain, c’est qu’il est grand temps d’agir. Car comme le précise notre ministre de la transition écologique et solidaire “ Nous nous dirigeons vers un nouveau type de société. Il nous reste à savoir si cela sera de gré ou de force.”
François Lalande
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