Livre:Diener-Dénes
Le peintre Diener-Dénes est connu par les historiens d’art et les meilleurs galeristes à Budapest mais même si il a été oublié pendant de nombreuses années. Son univers très attachant est à découvrir à travers les magnifiques illustrations et un choix de textes émouvant dans l’album qui vient de paraître chez Corvina.
Le peintre a participé à l’aventure des Montparnos qui sont entrés dans la légende. Le poète et écrivain Gyula Illyés a dédié tout un livre à cette époque des hongrois parisiens. Dans l’album nous retrouvons son essai consacré à Diener-Dénes le situant dans cette ambiance multiculturelle du quartier de Montparnasse. On y retrouve Soutine, Chagall et Modigliani comme le photographe André Kertész, avec qui, aux débuts de sa carrière il a partagé à plusieurs reprises la même table de bistrot. Le peintre a fait d’innombrables croquis et Kertész des prises de vue – avec souvent les mêmes sujets d’inspiration. On ne connait pas assez les affinités de cette grande époque – les mémoires et études publiées à Paris évoquent la figure du poète Attila József qui arriva également en France et est devenu alors l’ami du peintre. Grâce aux archives de la famille, le lecteur remarquera les dédicaces d’Attila et les reproductions des affiches des expositions parisiennes de Diener-Dénes. C’est à partir de 1924 que le peintre a passé sept ans décisifs à Paris : il visitait les expositions et fréquentait les écoles de dessin comme la Grande Chaumière. Dans ses choix chromatiques, on remarque l’influence de l’art français. La femme à la toilette ; le nu sensible comme les paysages dans lesquels l’historien d’art Philippe Cros trouve étroitement mêlés l’héritage de Cézanne et de Van Gogh. On découvre également son goût de la couleur et du mouvement dans son Bal populaire à Montmartre. Son talent a été reconnu alors qu’il était encore très jeune, avant même sa période parisienne. Il a participé à l’exposition d’Avant-garde de Kassák et a exposé personnellement à la galerie Belvedere à Budapest. Nous retrouvons les échos des meilleurs historiens d’art dans l’album avec l’étude de François Gachot, sorte d’ambassadeur de la culture qui a affirmé «dès 1924, Diener-Dénes était déjà en possession des multiples ressources que lui offrait son talent. A Paris, il a trouvé (…) bien plus que de nouveaux principes pour révolutionner son esprit, une confirmation et dans une certaine mesure, un enrichissement des connaissances sur lesquelles était basé, dans le domaine des formes et des couleurs, l’essentiel de sa peinture.”
Malgré la grande qualité de ses peintures, son art a subi la répression avec l’avènement du fascisme le classant dans la catégorie de l’art dégénéré et mettant sa propre vie est en péril. Après la libération il a exposé et obtenu le grand prix de la Société Szinyei et la médaille „Pro Arte”. Malheureusement, il est à nouveau tombé dans le discrédit. Il est décédé en 1956.
Il est temps de redécouvrir son monde „recréé à sa manière poétiquement chatoyante avec un mélange de tendresse et d’ironie”(Béla Czóbel).
Éva Vámos
- 7 vues