L’Europe mise au frais

L’Europe mise au frais

Comme si la crise économique ne suffisait pas, voici une bonne crise énergétique en Europe centrale. Il y a déjà plusieurs semaines que le débat sur la répartition du gaz russe transitant par l’Ukraine a débuté, cristallisant ainsi les tensions dans les pays de l’Europe centrale et de l’Est, fortement dépendants de l’énergie russe.

 

 

 

La crise du gaz a touché tous les pays de la zone et la Hongrie n’a pas fait exception. Mais tous les pays n’ont pas été touchés de la même manière. Une distinction s’opère entre ceux qui disposent de réserves nationales de gaz, suffisantes en générale pour une dizaine de jours, et les autres, sans réserves stratégiques, où les ménages sont victimes de cette interruption de la livraison de gaz, les compagnies nationales n’étant plus capables d’alimenter les foyers. Résultat: radiateurs froids, stratégie d’épargne des entreprises, menaces d’appel dans les pays frileux. Néanmoins il faut noter une conséquence positive à cette crise puisqu’elle a vu le rapprochement de certains pays d’Europe centrale et leur entraide, ce qui a permis de renforcer certaines relations diplomatiques, pas toujours chaleureuses par le passé.

Le réseau de gaz russe couvre toute l’Europe et fournit en gaz la plupart des pays européens. Le principal tracé de ce réseau transite par l’Ukraine avant de gagner l’Europe centrale et occidentale. Un éventuel dysfonctionnement de la circulation du gaz met donc en danger les réseaux nationaux de gaz et oblige les pays touchés à prendre des mesures de secours comme l’utilisation des réserves nationales et les restrictions de leur consommation. Voyons comment les différents pays ont su gérer la crise énergétique.

 

La Hongrie

 En Hongrie, la consommation nationale s’élève à 14 milliards de m3 de gaz par an. La Hongrie est un pays très dépendant du gaz étranger : 80 % du gaz provient des importations, dont 70 % est d’origine russe, moins cher, le reste provenant de fournisseurs européens. Le gaz importé est acheminé selon deux gazoducs vers la Hongrie. L’un transite par Beregdaróc (le gaz provient de Russie), selon une masse de 30 m3 par jour, et par Baumgarten (mélange de gaz russe et occidental, plus cher), avec 12 m3 par jour.

La consommation journalière du pays s’élève à 62-64 millions de m3, dont la moitié est assurée par des importations directes, en plus de l’exploitation des réserves et sources nationales. Le pays possède 5 conteneurs de gaz, disposant de 3 milliards de m3 de gaz au total et une réserve stratégique de 500 millions de m3. Les ressources énergétiques n’étant en outre que très peu diversifiées en Hongrie, cela entraîne des risques, mais théoriquement le pays est bien protégé contre les éventuels manques de gaz. De plus, s’il parvient à économiser ces ressources, il peut, en cas de crise comme celle que nous venons de connaître, aider ses voisins en situation difficile.

 

La Roumanie

 L’approvisionnement roumain est assuré car le pays a bien diversifié ses fournisseurs de gaz. De plus seuls 40 % de sa consommation lui sont fournis par des importations. En effet, la Roumanie satisfait le reste de sa demande intérieure grâce à des exploitations nationales et à l’aide d’énergies alternatives. Elle possède 2,2 millions de m3 de réserves nationales, c’est-à-dire un stock suffisamment important pour pourvoir le pays en gaz durant près de 2 semaines .

 

La Serbie et la Bosnie

 Ce sont les pays les plus vulnérables en matière énergétique car ils dépendent à 100 % du gaz russe et ne possèdent pas de réserves nationales. Ceci s’explique par un niveau de développement moindre mais aussi par la guerre, dont le souvenir est encore très vivace. Lors de cette crise du gaz, la Serbie et la Bosnie se sont adressées à la Hongrie à laquelle ils ont demandé de l’aide pour pouvoir fournir du gaz aux particuliers.

 

Entraide des pays européens

 La crise du gaz a créé un certain sentiment de solidarité entre les pays d’Europe centrale : les pays qui sont parvenus à économiser leur consommation ont été en mesure d’approvisionner les pays qui ne disposaient pas de réserves suffisantes. C’est ainsi que la Hongrie a fourni du gaz à la Croatie, à la Serbie et à la Bosnie, que la République Tchèque a aidé la Slovaquie et que la région a bénéficié du gaz acheminé par l’Allemagne et l’Autriche. L’entraide européenne a ainsi ravivé les relations diplomatiques entre pays voisins, projetant la vision d’un avenir plus convivial dans la région.

 

Kata Bors

 

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