L’euro-vision
On attendait du gouvernement Fidesz qu’il détermine une date pour l’introduction de l’euro en Hongrie. Il semblerait toutefois qu’il faille encore attendre…
Devinette: Plus on s’en approche, plus il s’éloigne? De quoi s’agit-il? De l’introduction de l’euro en Hongrie bien sûr, dont, depuis 2002, on entend toujours parler comme d’une mesure qui se réalisera “dans 4 ans”. En effet, en 2002, le gouvernement Medgyessy avait déjà prévu l’introduction de l’euro pour 2006 et depuis cet horizon n’a cessé de reculer, d’année en année. Fin 2009, on a évoqué la nécessité d’introduire de façon imminente la monnaie européenne en Hongrie, afin de minimiser les risques provenant de la fluctuation des taux de change, qui touchent avant tout les personnes ayant souscrit des crédits en francs suisse et en euro. Toutefois, depuis un certain temps, plus personne ne semble promouvoir cette idée. Au contraire, le gouvernement Orbán préfère attendre 2011 avant d’évoquer la date de l’introduction de la monnaie européenne, et ce contrairement à ses promesses électorales. Cette incertitude est peu appréciée des marchés, ce qui a des répercussions sur la réputation du pays et du forint aux yeux des investisseurs.
A vrai dire, même si le gouvernement le souhaitait, il ne serait pas possible d’introduire l’euro avant longtemps et même les prévisions les plus optimistes n’envisagent pas de voir des euros dans les porte-monnaie hongrois avant 2015. Tandis que les Tchèques et les Polonais arrivent à satisfaire trois des quatre critères de Maastricht et luttent seulement contre le déficit budgétaire, la Hongrie rencontre des difficultés avec chacun de ces critères: l’inflation, la convergence des taux d’intérêts mais surtout la dette publique. Cette dernière est la plus problématique car elle dépasse de 20% la limite fixée par Bruxelles. Bien que, à l’heure actuelle, l’inflation et le déficit budgétaire soient près de satisfaire à ces critères, la situation instable de l’euro et les pressions inflationnistes globales pourraient remettre en cause ces aspects optimistes. De plus, lors de sa campagne, le Fidesz a rendu le gouvernement Bajnai responsable d’un déficit caché de 7 à 7,5 %, mais il est fort probable que ces accusations ne servent en fait qu’à dissimuler les futures dépenses du gouvernement actuel.
Les marchés internationaux seraient très reconnaissants à la Hongrie si Budapest fixait finalement une date réaliste pour l’introduction de l’euro. Mais le nouveau programme du gouvernement ne détaille pas cette question et le fait que le Fidesz a plusieurs fois déclaré son souhait de ne plus voir András Simor (lire article page 3) à la tête de la Banque Centrale prouve aussi que le Fidesz ne considère apparemment pas l’euro comme la solution aux problèmes économiques du pays. Au lieu de cela, György Matolcsy, le nouveau ministre de l’économie, parle plutôt de la stimulation de l’économie nationale via la création de nouveaux emplois et le renforcement de certains secteurs économiques, tels que l’industrie pharmaceutique et le tourisme médical. Il est vrai que l’euro à lui seul n’est pas une potion magique contre les maux du pays. En effet, un taux d’échange fort diminuerait la compétitivité du pays tandis qu’un taux d’échange faible aurait des conséquences drastiques sur le pouvoir d’achat des Hongrois. De plus, avec la crise de l’euro et les paradoxes inhérents des critères de Maastricht, la monnaie européenne n’est peut-être pas la solution à long terme. Tout de même, la Hongrie a grand besoin de définir enfin des objectifs et un cap plutôt que de reprendre sans cesse un nouveau chemin vers l’indéfini.
Kati Nagy