L’Etat de sainteté !
Un Etat généreux avec ses églises
Selon le Secrétaire d’Etat aux affaires civiles, religieuses et tehniques, László Szászfalvi, après huit années de tension et de guerre froide, le gouvernement actuel s’est enfin mis d’accord avec les églises historiques hongroises pour redonner à l’Institution religieuse son prestige perdu.
Il s’agit bien évidemment du financement religieux qui a toujours posé la question de la participation de l’Etat au financement des églises, privant de fait ces dernières de l’indépendance dont elles étaient si fières pendant de longs siècles. Zsolt Semlyén, président du parti démocrate chrétien hongrois, en charge des questions religieuses pour le gouvernement, souhaite visiblement montrer qu’il sera beaucoup plus généreux avec les églises que les gouvernements précédents. Il est de notoriété publique que de nombreuses organisations civiles, ainsi que des fondations, missions religieuses et sociétés privées recueillent le plus d’argent possible pour aider financièrement les autorités religieuses. Il est aussi officiel que l’Eglise se plaint d’être sous-financée et maltraitée. C’est à cette situation que Semlyén et le pouvoir actuel souhaitent mettre un terme. Une somme de 5 milliards de forints supplémentaire sera ajoutée au cadre financier déjà fixé dans le budget pour l’an 2011. La contribution directe et indirecte de l’Etat au profit des églises dépassera ainsi les 60 milliards de forints et, selon beaucoup d’experts, cette somme officielle est encore bien inférieure à la réalité.
Les églises ont déjà reçu fin 2010 un versement de 757 millions de forints qui comportait un rattrapage budgétaire pour le secteur de l’éducation religieuse sur l’année 2009. De même, Elles ont reçu, à la fin de l’an passé, un peu plus d’un milliard de forints comme contribution au fonctionnement de l’enseignement religieux. Selon le Secrétaire d’Etat, les gouvernements précédents ont illégalement retenu le versement d’environ 5 milliards de forints que les institutions éducatives religieuses auraient dû toucher pour leur fonctionnement. Ce sont donc 5 milliards de forints qui vont être restitués au domaine religieux, dont 4 milliards manquant qui vont être versés dans les 2 années 1/2 à venir.
La majeure partie de ces sommes va être consacrée au maintien des immeubles, propriétés des différentes églises historiques, au fonctionnement quotidien des établissements religieux, au développement de l’enseignement religieux, ainsi qu’aux événements et initiatives culturels. Cet argent permettra, en outre, de construire de nouvelles églises, essentiellement dans les petites villes et villages de la province hongroise.
László Szászfalvi a insisté sur le fait que nous ne sommes qu’au début d’un processus qui a comme vocation d’aider les établissements religieux en difficulté financière. Il a promis que les contributions publiques des années à venir seront encore plus généreuses que celles de 2011, qui sera déjà supérieure de 2 milliards de forints à la somme payée par l’Etat en 2010. Il a souligné que la contribution de l’Etat ne vient qu’en complément de la dotation constituée par le pourcentage des impôts (1%) affecté aux diverses églises et fondations religieuses. Szászfalvi souligne que ce pourcentage sur l’impôt sera complétée en 2011, tout comme c’était déjà le cas dans les années passées, par un versement par l’Etat d'1% supplémentaire calculé également sur le montant des impôts. C’est ce qu’on appelle le système 1+1, qui fonctionne depuis des années.
Une chose est certaine: l’Eglise ne restera plus sans aide. Une autre chose est certaine:le maintien de ce type d’établissements coûte très cher. Mais ce dont on peut douter, c’est que l’intervention aussi directe de l’Etat dans le financement religieux ne soit une entrave à l’indépendance des paroisses. Comment en effet pourront-elles prédiquer librement la parole de Dieu sans être attachées à tel ou tel pouvoir ou gouvernement qui manifesterait sa générosité, en particulier en période d’élections politiques?
Bálint Seres