Les vivants et les ombres
Les livres du JFB
Pour changer un peu de la littérature hongroise, je vous propose de vous laisser emporter quelques kilomètres plus loin, sur les terres de l’ex-Pologne, la Galicie, en lisant ce merveilleux roman de Diane Meur : Les Vivants et les ombres.
Très vite, vous vous attacherez à l’histoire de la famille Zemka, que vous suivrez à travers plusieurs générations, de 1820 à 1914.
Pour nous raconter l’histoire des Zemka, l’auteur a eu l’idée de personnifier la maison où grandissent tous les membres de cette famille. C’est donc la maison qui raconte le récit, épiant les habitants qui circulent entre ses murs : « Les voix montent et forment une vapeur de mots qui, peu à peu, s’exfiltrent par les crevasses des murs et les fentes du plancher et, pour souffler un peu, je finis par les y suivre. »
Cette manière de raconter donne un style très particulier et attachant à ce roman. Les craquements de la maison, la vie qui se dégage à travers ces murs, les morts qui hantent la maison : tous ces éléments sont parfaitement perçus par le lecteur qui a réellement l’impression de vivre dans cette demeure. « Mes amies les casseroles ne dorment pas en revanche : je viens de m’en assurer en descendant dans la cuisine. Suspendues aux murs comme des pipistrelles, elles écoutent muettement les gouttes d’eau tombant d’une serpillière qu’on a mise à sécher. »
En outre, l’auteur nous offre une histoire romancée et passionnante de l’Europe. Car pour une fois, ce qui constitue une autre originalité de ce roman, c’est que l’auteur aborde l’Empire des Habsbourg à travers le prisme de la Galicie / Pologne et non de l’Autriche-Hongrie.
Par son atmosphère et la qualité de l’écriture, ce grand roman nous fait penser à des classiques de Stendhal ou de Daphnée du Maurier. A lire, si vous appréciez les sagas historiques.
Clémence Brière
Diane Meur, août 2007-
Editions Sabine Wespeiser