Les viticulteurs boivent la tasse
En visite à Eger, le Ministre de l’agriculture et du développement régional, József Gráf, déclarait récemment que «face à la concurrence, la viticulture hongroise doit miser avant tout sur la qualité pour trouver sa place sur le marché mondial». Des propos que l’on pourrait attribuer à son homologue français, Michel Barnier, à propos du secteur viticole français.
Il est vrai qu’au premier abord, les deux pays souffrent des mêmes maux: complexité des appellations, arrivée sur le marché des vins chiliens et australiens, dont les prix défient toute concurrence: ce sont des commentaires que l’on entend régulièrement de la bouche des vignerons français, mais que l’on retrouve également en parcourant la presse hongroise.
Avec environ 80 000 hectares de vignobles et une production moyenne de 3,5 millions d’hectolitres par an, la Hongrie est l’un des plus importants producteurs de vin parmi les nouveaux Etats membres. C’est peu au regard de ses concurrents sur le marché mondial, d’autant plus que les exploitations hongroises, de petite taille, peinent à améliorer leur compétitivité, notamment concernant la réduction des coûts de transports. Cela est d’autant plus difficile du fait de la crise économique mondiale. En effet, les viticulteurs sont maintenant confrontés à un drastique resserrement des conditions de crédit. A cela s’ajoutent l’évolution des taux d’intérêt et la baisse de la valeur des biens servant de garantie en cas de non remboursement du crédit. Autant de facteurs qui freinent les investissements dont la filière viticole a pourtant besoin. La situation est si difficile que, selon le directeur marketing de l’entreprise viticole Varga Bálint, «à certaines périodes de l’année, le crédit accordé aux viticulteurs peut atteindre 50% de son chiffre d’affaires. Peu de filières peuvent s’en sortir avec un tel niveau d’endettement».
En outre, les exportateurs souffrent des fluctuations du forint: une stabilisation du forint, même à son taux actuel, serait on ne peu plus souhaitable. Concernant le marché intérieur, en revanche, la situation semble moins dramatique. Si la Hongrie peine à s’insérer au niveau international, les vins étrangers ont quant à eux du mal à pénétrer le marché hongrois: ainsi, bien qu’en légère progression, les imports représentent toujours moins de 10% des vins vendus en Hongrie chaque année.
Pour ce qui est de la consommation, si on enregistre au mois de janvier une baisse située entre 15 et 20% par rapport à l’an passé, en revanche les ventes dans la grande distribution restent relativement stables. D’après le directeur de Varga Bálint, la crise devrait amener les consommateurs à se tourner vers les vins bas de gamme, au détriment des vins intermédiaires (400-900 HUF). Concernant les vins haut de gamme (au-delà de 1000 HUF), les ventes devraient selon lui rester constantes, avec toutefois une légère tendance à la baisse. Il préconise à l’avenir de mettre l’accent sur les offres promotionnelles, lesquelles pourraient à terme contribuer à la baisse des prix et donc à la relance de la consommation: affaire à suivre…
Christelle Lapierre
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