Les Roms célèbrent leur histoire

Les Roms célèbrent leur histoire

Image retirée.Lundi 8 Avril avait lieu la journée mondiale des Roms (Roma világnap). Afin de faire prendre conscience des difficultés et des enjeux associés à ce peuple, des célébrations étaient organisées partout en Europe. L’occasion de revenir sur l’histoire de la plus importante communauté de Hongrie.

“L’Homme accompli” qui est la traduction de Rom en langue romani est un peuple originaire du nord de l’Inde qui a migré pour la première fois en Europe au 9ème siècle. En France, ils seront persécutés sous Louis XIV, puis également réduits à l’esclavage dans les pays de l’Est notamment en Roumanie jusqu’en 1856. Dépourvus de libertés, leurs âmes sont considérées comme des simples objets appartenant à des maîtres.

La deuxième guerre mondiale marquera l’histoire de ce peuple par l’extermination dont il a été victime. Le génocide tsigane fera disparaître des familles entières n’épargnant personne. Après le Porajmos, l’appellation Tsigane aura indéniablement une connotation péjorative. En 1971, lors du premier congrès international leur étant réservé (à Londres), ils décident de reprendre le terme de Rom, qui rappelle également les origines anciennes de ce peuple. Leur principale revendication est d’être reconnus comme un peuple à part entière.

Le fait qu’ils n’aient aujourd’hui aucune structure étatique renforce leur difficulté à être intégrés dans de nombreux pays. Dans des sociétés sédentaires, le nomadisme des Roms est bien souvent difficile à faire accepter ; les persécutions et la pauvreté constituent les premières raisons de ces migrations vers l’Europe occidentale. Aujourd’hui, on distingue trois groupes de populations parmi les Roms. Il y a les Sintés et les manouches qui vivent en France, en Allemagne et en Italie. Également les Kalés et les Gitans majoritairement présents en Espagne et en France. Puis les Roms dans l’Europe de l’est (Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Serbie, Kosovo, Bulgarie, Grèce).

Les communautés hongroises

Victime des éternels refrains discriminatoires, emprunts de xénophobie, ce peuple débordant de vie et de coutumes suscite la curiosité, voire le mystère depuis des siècles.

En Hongrie, on dénombre de nombreux groupes distincts de Roms, parmi lesquels Romungro, Vlach et Beas. Malgré des velléités d’assimilation culturelles et linguistiques au cours du temps, ceux-ci ont su conserver un parler propre, symbole d’un patrimoine et de la fierté qui l’accompagne.

Si la journée mondiale des Roms se tient le 8 Avril, d’autres événements majeurs sont célébrés au fil de l’année. La Hongrie est notamment le théâtre de pèlerinages religieux de grande envergure, comme celui de Máriagyűd à Siklós, à l’occasion de la pentecôte, ou encore celui de Máriapócs pour le jour de l’exaltation de la Sainte Croix.

Image retirée.Le 2 Août, le jour commémoratif de Porajmos rend hommage aux centaines de milliers d’âmes Roms emportées par les infamies Nazies.

Un hommage qui fait aussi resurgir une cicatrice : celle d’êtres, qui malgré leur volonté d’exister, ont toujours subi le mépris du Vieux Continent. Faisant les frais d’un mode de vie, d’une allure, et peut-être d’une trop grande discrétion, les mentalités et les lois ont toujours entravé leur développement et leur intégration. Près de trois quarts des Roms en âge de travailler seraient sans emploi en Hongrie.

Le 8 Avril, c’est donc l’opportunité pour le peuple Rom de sensibiliser à propos d’une situation délicate. Cette journée permet de vaincre les clichés et les stéréotypes, et surtout d’encourager le monde à accepter leur différence, et pourquoi pas, à l'apprécier.

Ode à la musique Rom

Le peuple Rom est notamment réputé pour ses prodigieuses dispositions naturelles pour la musique. Beaucoup d’entre eux la pratiquent, et s’adonnent à différents genres, de leur folklore traditionnel jusqu’au jazz. A Budapest, la fête a commencé bien avant l’heure grâce aux survoltés Olah Gipsy Beat. Pendant toute la soirée du Dimanche 7 Avril, le célèbre groupe a embrasé l’Instant, repère emblématique des noctambules, niché au cœur du 7e arrondissement. Interprétant leurs compositions les plus enivrantes, ces dix artistes ont déversé des litres d’énergie sur une foule conquise qui n’a pas résisté longtemps à l’appel de la danse. Ainsi, musique, art et partage sont, le temps d’un jour, le témoignage de l’infinie richesse d’une culture millénaire.

Vincent Faure et Hugo Cellarier

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