Les Quatre et cent coups

Les Quatre et cent coups

Arrestations dans l’affaire des assassinats de Rroms

La police a enfin arrêté quatre personnes, suspectes d’avoir commis les crimes contre des Rroms depuis 1 an. Cette arrestation n’a toutefois pas calmé l’opinion publique, en particulier au sein des communautés minoritaires, qui craignent qu’une partie de leurs complices soient encore dans la nature.

 C’est le vendredi 21 août qu’un groupe de 80 policiers en civil armés sont entrés dans le bar Perényi 1 à Debrecen. Ils y ont arrêté quatre personnes employées en tant que gardiens de sécurité et ingénieur du son. Les autorités soupçonnent “le groupe des Quatre”, comme les surnomme la presse hongroise, d’avoir commis la série d’attentats contre les Rroms, causant la mort de 6 personnes depuis un an. La dernière victime est une femme, tuée en août dernier à Kisléta, au Nord-Est de la Hongrie, dont la fillette de 13 ans a également été blessée lors de l’attentat.

 

La police était sous pression depuis des mois afin de résoudre cette affaire qui a terrifié toute la communauté rrome en Hongrie. Ainsi les autorités ont-elles régulièrement cherché à rassurer l’opinion publique sur les avancées de l’enquête, en particulier en révélant plusieurs détails comme la collaboration de la police hongroise avec le FBI. Cependant, depuis ces arrestations, la police reste très discrète quant aux circonstances de la résolution de l’affaire. Selon certaines théories, quelqu’un aurait finalement confié à la police où trouver les auteurs présumés de la série de crimes. Cependant, selon d’autres informations également confirmées par des sources policières, c’est grâce aux signaux émis par les téléphones portables des quatre hommes que ceux-ci ont finalement été démasqués.

 

Afin de cacher leurs identité, les assassins présumés utilisaient des cartes SIM uniquement le jour des crimes et dans le voisinage des villages visés. C’est précisément ce qui a éveillé les soupçons des enquêteurs lors de l’analyse d’environ 4,5 millions de signaux téléphoniques. Ils ont ainsi constaté que ces téléphones n’étaient en fonction que dans une zone géographique et un lapse de temps restreints, toujours en rapport avec les crimes.

 

Bien que la résolution de l’affaire reste énigmatique, le capitaine de la police nationale, József Bencze, affirme d’ores et déjà qu’il s’agit effectivement des meurtriers, ce que les preuves découvertes semblent également démontrer. La police a en effet saisi quelque 140 armes cachées dans le bar, dont six sont du même type que celles utilisées pendant les attaques. De plus, les prélèvements ADN des quatre personnes interpellées sont identiques aux échantillons prélevés sur les lieux des meurtres. Enfin, les autorités ont découvert les plans d’un futur attentat chez un membre du groupe selon lesquels ils avaient envisagé d’attaquer un village dans le département de Nógrád de la même manière qu’auparavant. La police voulait agir en avant la réalisation de ce funèbre projet, mais assez tard pour pouvoir saisir des preuves.

 

Reste encore à prouver la motivation raciste des crimes. Le passé extrémiste d’au moins deux des quatre personnes arrêtées ne laissent aucun doute sur cette hypothèse. L’un d’entre eux, I.K., était connu pour sa violence et sa haine des Rroms. En tant que membre d’une formation d’extrême droite, il était déjà suspect d’un acte criminel raciste en 1994 pour avoir d’avoir brûlé l’armoire de la thora d’une synagogue de Debrecen. Selon les informations de la télévision hongroise, MTV, les services secrets l’ont surveillé pendant longtemps, probabalement jusqu’à l’année dernière quand les attentats ont débuté. L’autre suspect, István Cs., était un soldat professionnel démobilisé au printemps 2008, quelques mois avant le premier assassinat perpétré à Galgagyörk en juillet. Depuis qu’il avait quitté l’armée, il écrivait régulièrement des textes d’incitation à la violence et à l’exécution des Rroms sur les forum de plusieurs sites sous le pseudonyme Csontrabló (voleur d’os). Peu d’informations ont en revanche été rendues publiques sur l’identité des deux autres personnes. On sait encore que le plus jeune du groupe a 28 ans, tandis que le plus vieux d’entre eux est âgé de 42 ans.

 

Les représentants de la communauté rrome craignent qu’une partie des assassins soit encore en liberté. Ils soupçonne le groupe des Quatre de n’être qu’un corps exécutif aux ordres d’un de complices inconnus. Ainsi les Rroms continuent-ils à s’organiser afin d’assurer rigoureusement la sécurité des villages dans le région du Nord de la Hongrie. La police dément pour le moment ces « théories de conspiration », puisqu’aucune preuve ne les démontre encore, mais l’enquête se poursuit, malgré l’arrestation du groupe des Quatre.

 

Judit Zeisler

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Chronologie de la série d’attentats:

 

21 juillet 2008, Galgagyörk

 

8 août 2008, Piricse

 

5 septembre 2008, Nyíradon

 

3 novembre 2008, Nagycsécs (2 morts)

 

15 décembre 2008, Alsózsolca

 

23 févier 2009, Tatárszerntgyörgy (2 morts)

 

22 avril 2009, Tiszalök (1 mort)

 

3 août 2009, Kisléta (1 mort)

 

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