Les femmes sur le marché du travail
Spécial anniversaire : 1989, 20 ans après
Le taux de chômage, qui dépasse désormais 10%, fait la Une de tous les médias. Ce chiffre a en effet augmenté de près de 100% depuis 1989 lorsqu’il était seulement de 1,2%!
Pendant l’ère du “travail pour tous”, la part de femmes hongroises dans la population active était plus élevée qu'en Scandinavie. Aujourd’hui en revanche, le pourcentage des Hongroises qui travaillent est inférieur même à celui de nos voisins centre européens.
La propagande de l’ère socialiste selon laquelle «seule la femme travailleuse est un membre utile de la société» portait alors ses fruits – au moins en ce qui concerne leur chance de trouver un emploi. Seules environ 1,5% des femmes ne trouvaient pas de travail il y a 20 ans alors qu’aujourd’hui ce sont 9,3% des femmes en âge de travailler qui restent à la maison.
Le changement de régime a entraîné la hausse drastique du nombre des demandeurs d’emploi, celui-ci ayant atteint, dans les années 1990, des proportions similaires à celui des pays occidentaux. A la suite du “paquet Bokros”, le nombre des femmes qui travaillaient avait considérablement chuté. Le taux de chômage fut particulièrement élevé chez les jeunes femmes ayant au moins un enfant. Parmi elles, seulement 52% pouvaient ou voulaient retrouver un emploi il y a 12 ans, ce qui démontre en outre un profond changement concernant l’image de la femme au foyer, autrefois inacceptable. Tandis qu’en Europe de l’Ouest, les mères de famille travaillent souvent à mi-temps ou à temps partiel, en Hongrie ces options restent quasi inexistantes même 20 ans après le changement de régime, rendant le travail des jeunes mères souvent impossible. Par conséquent, ces femmes au foyer sont souvent entièrement dépendantes financièrement de leur maris.
Il est aussi important de noter que les professions «féminines» en Hongrie (institutrices, infirmières, etc.) sont souvent les moins bien payées. De plus, les femmes perçoivent seulement 75% des salaires des hommes occupant les mêmes positions. Bien que l’on puisse observer un changement – encore faible – concernant la préférence professionnelle des femmes, la majorité choisit toujours ces professions traditionnellement féminines. Celles qui choisissent d’autres métiers doivent, par contre, faire face à l’effet du «plafond de verre», ces obstacles invisibles qui s’opposent à l’ascension professionnelle et sociale des femmes, considérablement plus fort en Hongrie qu’en Europe de l’Ouest.
Il apparait ainsi que, bien qu’il y a 20 ans les femmes menaient de front une carrière professionnelle et une vie de famille, aujourd’hui la tendance s’est inversée et se rapproche d’une vision plus traditionnelle concernant le rôle des femmes dans la société. Ceci est bien illustré par le fait que le taux de chômage des générations ayant commencé à travailler avant le changement de régime est moins fort qu’en Europe Occidentale, tandis qu’il est au contraire plus fort pour les jeunes femmes (8% en 2008) et pour les femmes de plus de 55 ans. Il va sans dire que l’insuffisance des places dans les crèches et les écoles maternelles, un phénomène quasi inexistant il y a 20 ans, n’aident pas non plus la réintégration des femmes sur le marché de travail puisque 48% d’entre elles ont besoin d’une aide pour la garde de leurs enfants.
Toutefois, bien que le chômage féminin atteint des niveaux inquiétants, le taux de chômage des hommes hongrois dépasse encore celui des femmes: 9,9% au premier semestre contre 9,3% pour les femmes.
Kinga Neder
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