L’éloge du feu

L’éloge du feu

Exposition de Károly Klimó et de Willi Weiner à la Galerie 2B

 

Image retirée.

Un grand tryptique évoque le feu, dans une vaste gamme de couleurs allant du jaune et orange jusqu’à l’écarlate et le noir. Toujours des couleurs chaudes, non pas tellement pour leur côté spectaculaire, mais plutôt dans le sens symbolique, comme nous le confie l’artiste. Depuis l’Antiquité grecque le feu correspond aux grandes énergies, au dynamisme et à l’amour de la vie.

L’artiste a choisi les toiles exposées en fonction de l'espace qui lui était alloué, rue Ráday, où la galerie 2B s’est récemment installée. Ainsi, dès l’entrée, nous faisons face à ce grand tryptique de quatre mètres, auquel succèdent des toiles moins grandes. C’est dans la grande salle de la galerie que nous découvrons ensuite les sculptures de Willi Weiner. Les oeuvres de cet artiste allemand peuvent être qualifiées de sculpture lyrique. Il est proche de la nature et de l’eau en particulier - la pierre, les rochers dans l’océan ont aussi leur symbolique. Les deux artistes sont liés depuis longtemps par leurs recherches artistiques et par l’amitié dont témoignent le nombre d’expositions communes auxquelles ils ont participé, notamment en Suisse et à travers toute l’Allemagne. La première exposition individuelle de Klimó à Budapest date de 1974. Il a ensuite été découvert par les galeristes en Europe et au-delà.

La peinture de Klimó pourrait être qualifiée „d’expressionnisme abstrait”, mais il se laisse également tenté par la narration, en prenant notamment pour référence Antonin Artaud. Mais c’est surtout un art très ouvert, très varié, qui exprime avec sensibilité l’état d’âme de l’artiste. Parmi ses influences, on retrouve aussi bien l’improvisation sentimentale de Paul Klee que la „vitalité intellectuelle” et révolutionnaire du groupe COBRA. Pour lui, l’art a toujours signifié, y compris pendant les périodes les plus difficiles, la survie intellectuelle.

Depuis longtemps on connaît Károly Klimó comme un amoureux de la littérature française, dont il est un lecteur assidu depuis son adolescence, à un tel point que ces oeuvres littéraires font partie de sa vie et deviennent des éléments de son existence et de sa manière de penser. C’est ainsi qu’il a réalisé 44 dessins inspirés d’une poésie d’Antonin Artaud et 12 dessins de grandes dimensions dédiés aux oeuvres du Marquis de Sade. On a pu voir la série sur Artaud au Musée Ernst et la série sur Sade à l’Institut Français de Budapest. Ces derniers figurent par ailleurs dans le troisième volume des oeuvres complètes de Sade publiées en Allemagne. Klimó pense que cette oeuvre est loin d’être seulement érotique ou même perverse, mais comporte une multitude de grandes pensées philosophiques et conduit à un univers libertin extrême.

Dans les années 60’ il a subi l’influence de Camus, de Sartre. C’est la compréhension humaine qui est sa principale préoccupation, mais il a depuis abandonné les existentialistes car il ne pouvait pas s’identifier entièrement à cette manière de penser. Quoi qu'il en soit, ses toiles inspirées d’oeuvres littéraires ne sont jamais des illustrations dans le sens classique du terme.

Durant de longues années il a enseigné aux Beaux-Arts de Budapest et ses élèves sont restés fidèles à son exigence, à son héritage et c’est avec un de ses anciens élèves, le sculpteur András Böröcz, qu’il s’est retrouvé pour illustrer les oeuvres de Baudelaire au Musée littéraire de Budapest.

Éva Vámos


2B Galéria 1092 Ráday u 47 du lundi au vendredi 14h00-18h00, samedi 11h00-16h00, tel: 215-48 99

Ouvrages cités: Klimó Károly 2006, Enciklopédia Kiadó avec un interview de István Hajdu publié en français également

Oeuvres complètes du Marquis de Sade, Matthes und Seitz, Munich

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