„A l’écoute les uns des autres” : l’orchestre du Festival nous promet une saison riche et variée
La saison 2016-2017 de l’Orchestre du Festival de Budapest débutera en septembre avec le festival Bridging Europe centré cette année sur la France. Outre les chansons d’Edit Piaf ou le fabuleux destin d’Amélie, que nous offre ce si vaste et incroyablement riche domaine culturel ? Grâce au programme qu’il a élaboré, Iván Fischer nous emmènera, à travers Montmarte et sa bohême, à la rencontre - au côté des impressionnistes, d’un Ravel ou d’un Debussy - d’un personnage excentrique et sensible à fleur de peau, mais si attachant, Eric Satie; pour terminer notre promenade dans la seconde moitié du XXème siècle et y retrouver Henri Dutilleux dont on vient de célébrer en janvier le centenaire.”
Par ces lignes débute le dossier de presse remis aux assistants de la conférence de presse de l’Orchestre. De quoi flatter la fibre chauvine de mes compatriotes. Certes, mais restons modestes et n’oublions pas l’essentiel, à savoir que la musique est l’affaire de tous au-delà des frontières et par-delà les spécificités culturelles.
Second point évoqué par Iván Fischer: son penchant pour la musique de Gustav Mahler dont il s’attache à nous offrir chaque année une œuvre maîtresse. Cette année la Troisième symphonie, la saison prochaine Le Chant de la Terre.
Troisième point évoqué, peut-être le plus important, en tous les cas le plus original et sympathique: le lancement d’une nouvelle série de concerts visant à promouvoir de jeunes chefs débutants, proches de l’orchestre. Sous l’acronyme FIÚK (*), le chef hongrois passera sa baguette à trois jeunes talents: un Australien (Vladimir Fanshil), un Hongrois (Gergely Dubóczky) et un Français (Victor Aviat). Iván Fischer se souvenant que lui aussi débuta un jour.
Autre nouveauté: sous le titre „Retour à la nature”, la formation de chambre de l’orchestre offrira régulièrement au public dans la salle des répétitions des concerts de musique baroque sur instruments d’époque.
Mais au-delà de ces nouveautés, du programme et des invités de la future saison, Iván Fischer insista à nouveau, tout au long de sa présentation, sur un point fondamental qui, à ses yeux, dépasse la vocation purement musicale de sa formation: aller au-devant des autres pour porter la musique à celles et ceux qui n’ont pas eu le privilège d’y être formés. La société étant à ses yeux encore bien trop fermée au monde de la musique dite „classique”, l’orchestre va continuer à multiplier les actions pour aller „porter la musique hors les murs”. Des tous jeunes (concerts goûter/Kakaó koncert: 5-12 ans) aux étudiants en passant par les lycéens, telles, par exemple, ces soirées „Midnight music”(18 ans et plus) où l’orchestre se déplace en fin de soirée dans le centre de la capitale pour aller jouer auprès des jeunes et leur donner le goût de la musique avant leur entrée en disco. Et ça marche!
Sous le slogan „C’est notre affaire commune”, le chef aspire en effet à sortir le plus possible des salles et de son public habituel (sans pour autant le délaisser) pour aller jouer auprès de toutes les générations, de toutes les couches de la société, et ce „en toutes circonstances”. Mission (c’est le mot qu’il emploie) qui constitue sans nul doute une originalité de l’orchestre par rapport aux autres grandes formations du monde. Action notamment concrétisée par les „Semaines de la communauté” durant lesquelles les musiciens vont se produire en concerts gratuits auprès de jeunes des milieux démunis ou d’enfants autistes ou handicapés moteurs. Trois de ces semaines sont organisées chaque saison (60 concerts gratuits sur 60 jours).
Mais le véritable temps fort de la saison sera constitué par une reconduction du concert public dansant („TérTáncKoncert”) donné l’année dernière en juin sur la place des Héros de Budapest: tandis que l’orchestre du Festival interprétait le Songe d’un Nuit d’été de Mendelssohn, 250 enfants venus de province, issus de milieux en difficulté (dont la moitié de roms) dansaient au pied du podium. Cette fois-ci, ce seront 500 enfants qui, le 3 juin, viendront danser sur la place, venus pour moitié des quatre coins de la province.
Pour en revenir à la programmation, à signaler en janvier-février une série Beethoven (symphonies et concertos avec Richard Goode en soliste), mais surtout beaucoup d’invités étrangers, dont le chef russe Dimitri Kitaïenko, le violoniste Leonidas Kavakos ou encore Paavo Järvi, bien connu du public parisien, ainsi que notre violoncelliste Sonia Wieder-Atherton, mais beaucoup d’autres encore. Et toujours les tournées, bien évidemment ! Avec notamment des représentations de Bartók auprès du public américain Et n’oublions pas la journée Marathon qui sera consacrée à Johannes Brahms (le 23 janvier).
Un programme riche, dense et varié qu’il nous est impossible de reprendre ici, mais que l’on trouvera sur le site de l’orchestre : www.bfz.hu. Qui nous promet encore de bien beaux moments.
Pierre Waline
(*) FIÚK qui signifie en hongrois Garçons, mais correspond aussi à un acronyme désignant „Les Nouveaux Chefs d’Iván Fischer” (Fischer Iván Új Karmesterei)
Photo : BFZ, Ákos Stiller
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