Leçon de diététique
Réforme des cantines scolaires
A partir de septembre, suite à la publication d’une proposition de loi, les élèves hongrois qui fréquentent les cantines scolaires devront s’habituer à un régime alimentaire beaucoup plus sain, ce sera le cas également des acteurs du secteur alimentaire.
Les spaghettis à la bolognaise ou nature avec du fromage font partie des plats qui reviennent les plus fréquemment au menu des cantines scolaires hongroises (et dans beaucoup d’autres pays également !), ainsi que les desserts à la confiture ou au Nutella. Cependant cette nouvelle année scolaire commencera par une leçon de diététique. Suite à une proposition de loi publiée par le Service National de Santé Publique et des Médecins Conseils (ÁNTSZ), «il est recommandé de varier l’alimentation servie dans les lieux publics» (tels que les cantines scolaires ou hospitalières).
Moins de matières grasses
Ainsi un même menu ne pourra être servi que tous les 20 jours. La consommation de pâtes est également restreinte : elles ne garniront donc les assiettes qu’une fois tous les 10 jours. Il est interdit de servir désormais des plats trop épicés aux enfants de moins de 14 ans. Judit Paller, médecin conseil, a également limité la proportion de matières grasses, de sel et de sucre dans les plats servis. Elle a déconseillé l’utilisation des soupes instantanées, du fromage blanc avec plus de 12% de matière grasse et des viandes avec plus de 30% de matière grasse. Les desserts doivent être composés d’au moins un tiers de fruits ou de produits laitiers. L’ÁNTSZ précise également quelles sont les boissons autorisées pour les écoliers : eau, cacao (sans sucre ajouté) ou thé. Les jus doivent contenir aux moins 50% de fruits.
Même si le document sur lequel repose ces préconisations n’est encore qu’à l’état de proposition de loi, il est déjà mis en application et sert aujourd’hui de test auprès des entreprises chargées de l’alimentation publique. Les autorités publiques pourront ainsi évaluer si ces dernières suivent les conseils et les différentes injonctions figurant dans le texte. L’ÁNTSZ souhaite que la réforme se concrétise par une loi qui pourrait spécifier des sanctions. Il s’agit là de la deuxième série de mesures prise par le gouvernement contre l’obésité, le Parlement ayant déjà voté une loi instituant un nouvel impôt sur la malbouffe avant les vacances d’été. Cette offensive vise à réduire le nombre de maladies cardiovasculaire et de cancers très présents en Hongrie. Les statistiques européennes pour 2010 montrent qu’en Hongrie, 15 adultes sur 100 et 20 enfants sur 100 sont obèses.
Pas de consultation
Les principaux acteurs du secteur alimentaire expriment tout de même de vives inquiétudes vis-à-vis de cette proposition de loi. Ils jugent ce changement trop brusque et critiquent le comportement des autorités publiques qui ne les ont pas consultés avant de mettre en œuvre ces nouvelles dispositions. Ils contestent également la mesure qui vise à répertorier les ingrédients composant chaque menu afin que les parents puissent se renseigner sur la composition des repas chaque fois qu’ils le souhaitent.
Selon l’ÁNTSZ, le document de travail est en cours d’élaboration depuis deux ans, période pendant laquelle des conférences et des débats professionnels ont été organisés sur le sujet.
Les entreprises touchées craignent que la réforme augmente le prix des repas alors que les municipalités souffrent déjà de difficultés de paiement. Par exemple, en 2010 dans plusieurs école rurales, les cantines n’ont pu servir que des tranches de pain tartinées de matières grasses au lieu de plats chauds, car les mairies ne pouvaient plus payer les entreprises fournissant leurs cantines.
Judit Zeisler