Le lifting des bains
Depuis le 1er juin dernier, les bains de Budapest ont un nouveau directeur général, Tibor Ferenci. Ce dernier, nommé directeur de Budapest Gyógyfürdôi és Hévizei Rt. (Bains et sources thermales de Budapest) après avoir été PDG de la banque Konzumbank, souhaite donner une image propre et singulière à chaque établissement. Nouveaux programmes, services spéciaux, (re)constructions et modernisation: les projets sont nombreux, d’autant plus qu’ils bénéficient de l’aide financière de l’Union européenne. La société qu’il dirige désormais et qui, jusqu’en 1996, était sous la direction de la Mairie de Budapest, compte quinze établissements dont cinq (celui de Csepel, Palatinus, Pünkösdfürdô et Római) n’ouvrent leurs portes qu’en été. D’une certaine manière ils sont en concurrence les uns avec les autres. C’est donc pour assurer la même fréquentation dans tous les établissements que les bains auront bientôt des caractéristiques bien différentes.
En offrant de plus en plus de nouveaux services, la direction cible surtout les jeunes qui, contrairement aux autres générations, vont rarement aux bains. En effet, selon les statistiques, la majorité des visiteurs a au moins cinquante ans. Pour inverser cette tendance, Tibor Ferenci souhaiterait coopérer avec les organisateurs d’autres évènements budapestois. En 2007, par exemple, les visiteurs du festival Sziget profitaient d’une réduction de 20% sur les billets d’entrée aux bains. De la même manière, il envi-sageait cette année de séduire les spectateurs du Festival de printemps ou encore ceux du grand prix de Formule 1.
Cependant, il existe une autre manière d’attirer les jeunes et l’équipe des bains Rudas espère l’avoir trouvée avec le concept des Cinétrip. Ou plutôt retrouvée, car jusqu’en 2004 ces séances ciné-musicales étaient très populaires, non seulement auprès des jeunes Hongrois, mais aussi des touristes. Plusieurs chaînes de télévision étrangères (comme BBC ou Arte) avaient alors relayé cette curiosité festive. Il y a quatre ans, ces soirées avaient été interrompues à cause des travaux de rénovation. Mais une fois les travaux achevés, la direction n’avait pas souhaité renouveler le contrat. Ce n’est donc que depuis le 15 décembre dernier que les „cinétrip-party” ont de nouveau lieu dans les bains Rudas, grâce à Tibor Ferenci. Pourtant, ce n’est pas un projet à long terme puisque le 1er juin prochain les cinétrips partiront aux Széchenyi…
Dans les bains les plus récents de Budapest (Bains Paskál-XIVe arr.), les dirigeants souhaitent créer des bains japonais. Il s’agit de plusieurs bassins de 36-45°C que, selon la tradition, hommes et femmes ne fréquenteraient pas ensemble. Pour les construire, seuls du bois et de la pierre sont nécessaires. Si le projet aboutit, Budapest sera la seule ville européenne à être dotée de bains de ce type.
Les plans concernant les bains Lukács ne manquent pas d’ambition non plus. Selon un accord signé avec l’Institut national de rhumatologie et de physiothérapie, les dirigeants de Lukács souhaitent créer un nouveau complexe de santé dans le voisinage des bains. S’ils obtiennent que la rue Frankel Leó soit réservée aux piétons, un véritable quartier de repos pourrait accueillir les curistes.
Quant aux bains Dagály (XIIIe arrondissement), ils connaîtront de nouveaux investissements pour mieux répondre aux exigences de leur clientèle. En effet, puisque cet établissement accueille surtout des hommes d’affaires qui travaillent dans les bureaux voisins, la direction souhaite proposer des services qui seraient adaptés à leurs besoins. Par exemple, la construction d’un terrain de foot y est prévue.
Quant aux bains Rácz, actuellement en cours de rénovation, la construction d’un hôtel est également prévue afin d’accueillir les visiteurs des bains. Une idée que Tibor Ferenci voudrait voir s’étendre à ceux de Rudas pour que les touristes aient la possibilité de se loger à proximité des bains.
Parallèlement à ces projets „individuels”, la direction va probablement prendre des mesures qui concerneront l’ensemble de la société des bains et sources thermales de Budapest. Comme Tibor Ferenci l’annonçait en décembre dernier, les abus contre le système d’entrée des bains ont occasionné des pertes considérables pour l’entreprise. Les contrôles au sein des établissements ont révélé que les personnes qui avaient accès aux bains étaient beaucoup plus nombreuses que celles qui avaient acheté un billet d’entrée. Afin d’empêcher les resquilleurs d’entrer, la direction envisage donc de rendre les contrôles plus sévères. D’autant plus que la situation financière de l’entreprise ne lui permet guère de tolé-rer ce genre de pertes. Sur l’exercice 2007 la société n’a été rentable que grâce à la vente d’un établissement sur le mont Gellért (pour environ 2,4 milliards de HUF). Dans le cas contraire, son bilan aurait été dans le rouge... Ce qui compliquerait l’accès aux ressources gouvernementales car si son bilan était de nouveau déficitaire, l’entreprise ne pourrait pas bénéficier des 9 milliards de HUF pourtant consacrés à la rénovation des bains.
Anna Bajusz