La station d'épuration de Csepel
Un juste retour des choses
Pouvoir délivrer à sa population une eau courante potable est le premier besoin d’un Etat. L’eau étant devenue une ressource de plus en plus menacée, la nécessité du retraitement efficace des eaux usées s’est vite imposée. Au cours du vingtième siècle, les pouvoirs publics français soucieux du bien-être de la population ont édicté des normes sévères quant à la qualité des eaux distribuées. Les industriels français ont donc été amenés à développer des technologies de plus en plus performantes pour le traitement des eaux usées, technologies qu’elles sont aujourd’hui en mesure de proposer aux agglomérations du monde entier. C’est ainsi que la ville de Budapest, qui ne peut actuellement traiter, dans de bonnes conditions, que 46% de ses eaux usées, a confié à un consortium composé par Degrémont (Groupe Suez) OTV (groupe Veolia Eau Solutions & Technologies) Hídépítő( Groupe Vinci) et Alterra (Groupe Colas) un contrat portant sur la conception, la construction et l'exploitation (pour une durée de 4 ans) de la plus importante station de dépollution des eaux usées du pays. Ce projet résoudra le problème de la forte pollution du Danube en aval, due essentiellement au rejet dans le fleuve des 54% d’eaux usées non retraitées.
C’est selon toute probabilité en 2010 que la station d’épuration de Csepel, une île située dans le XXIème arrondissement de Budapest, entrera en activité. On peut regretter qu’un tel projet n’ait pas été initié plus tôt, néanmoins, il faut admettre qu’il s’agit d’une réalisation onéreuse. Ce contrat représente un montant total de 290 millions d’euros, réparti en deux phases : d’une part, près de 250 millions d’euros pour la conception et la construction de l’usine et d’autre part, 41 millions d’euros pour son exploitation pendant quatre ans. Le financement est assuré par les Fonds de cohésion européens, l’Etat hongrois, la ville de Budapest et la Banque européenne d’investissement. D’une capacité de 350 000 m3/jour par temps sec, l’usine pourra traiter jusqu’à 900 000 m3/jour par temps de pluie, pour une capacité équivalent à 1,5 million d’habitants.
Ce projet a toutes les chances de devenir un modèle du genre et ce, pour plusieurs raisons :
Il faut noter, tout d’abord, que les sociétés participantes ont largement fait la preuve de leur excellence et font partie intégrante de groupes présents dans le monde entier. Degrémont est un des leaders mondiaux dans le domaine du traitement des eaux. Forte de soixante années d’expérience, cette société a participé à la construction de plus de 10 000 sites dans 70 pays. Il en va de même pour OTV dont les technologies innovantes sont reconnues dans le monde entier (le groupe Véolia est d’ailleurs partie prenante dans plusieurs projets similaires en Hongrie, dont ceux de Szeged et de Érd). Ces deux sociétés ont déjà collaboré, avec succès, sur deux projets similaires à Paris et un autre, de moindre importance, à Santiago du Chili. En ce qui concerne la partie génie civil du projet, la société Alterra possède une riche expérience dans le domaine des équipements liés à l’eau et Hídépítő n’est plus à présenter puisque cette filiale du groupe Vinci est présente dans la plupart des grands projets de génie civil en Hongrie. On peut ajouter qu’une partie du matériel (1000 tonnes de tuyaux et raccords ) sera fournie par le groupe Saint-Gobain.
De plus, la station est prévue pour s’intégrer au maximum dans l’environnement en présentant le moins d’inconvénients possibles pour la population. Des systèmes de filtrage et de traitement de l’air, ainsi que la volonté d’utiliser des équipements de taille réduite permettront d’éviter les désagréments de voisinages tels que les nuisances sonores ou les odeurs.
Les divers procédés de traitements choisis assurent une efficacité totale dans le traitement ce qui devrait permettre à terme le respect des normes européennes. Les eaux usées seront d’abord prétraitées, un système de filtrage séparant l’eau des boues après décantation, puis suivra une chaîne complète d’épuration. Les systèmes de filtrages mécaniques et biologiques complétés par la pasteurisation de l’eau mis en place dans cette station d’épuration sont à la pointe des technologies en vigueur dans ce domaine. L’ensemble de l’installation est aussi conçu pour avoir un impact visuel minimal tout en offrant une sécurité maximale, y compris lorsque le niveau des eaux du Danube atteint un seuil critique.
Xavier Glangeaud
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