La révolution en négociation

Spécial anniversaire: 1989, 20 ans après

La table ronde de l'opposition

Le 22 mars 1989, une association, nommée La table ronde de l’oppostion, a été fondée par les partis d’opposition pour adopter une position commune contre le MSZMP (Parti socialiste hongrois des ouvriers) et afin de pouvoir modifier en douceur le système politique et économique du pays.

 Pour les partis de l’opposition, le but de cette réunion était d’entamer une démarche commune contre le MSZMP encore tout-puissant. Pour gagner du temps, le MSZMP avait en effet toujours tenté de diviser les partis d’opposition mais, en juin 1989, il n’y est pas parvenu et a été contraint de se mettre à la table des négociations.

Mis à part le gouvernement, tout le monde souhaitait le changement et Károly Grósz (Premier Ministre à l’époque) sentait qu’il devait tenter quelque chose s’il voulait garder le pouvoir. Cette table ronde a donc été l’ultime tentative de fédérer autour d’un projet commun.

Parmi les partis membres de la table ronde se trouvaient le FIDESZ (Union des jeunes démocrates), le MDF (Forum des démocrates hongrois) et le SZDSZ (Alliance des démocrates libres) qui sont tous encore présents actuellement dans la vie politique hongroise.

L’objectif de la table ronde était de pouvoir organiser des élections démocratiques et établir une démocratie stable. La Hongrie était l’Etat d’un parti mais, après les événements et l’évolution de la situation politique internationale et après la mort de Brejnev en 1982, qui a beaucoup marqué et choqué les Etats amis de l’Union Soviétique, la Hongrie a saisi sa chance.

Le gouvernement sentait déjà qu’une époque s’achevait. C’est pourquoi Károly Grósz a tenter d’associer au gouvenement les partis d’opposition afin qu’ils n’entrent pas dans une lutte ouverte contre le pouvoir. Il fallait faire quelque chose pour partager les responsabilités. Imre Pozsgay, qui était membre du MSZMP tout en étant un peu déçu par le régime, s’est mis à tenir un autre langage à la radio sur la révolution de 1956. Ce nouveau discours a eu pour effet de lancer de grands débats et une rupture interne dans le parti.

Après cet événements, la table ronde a eu la possibilité de commencer à organiser des négociations. En revanche, ils ont commis beaucoup de fautes. Par exemple, pendant les négociations, ils n’ont pas évoqué l’économie, la politique extérieure ou encore le système scolaire, qui sont aujourd’hui encore source de beaucoup de problèmes au sein de la société hongroise. De plus, ils n’ont pas abordé le problème des biens d’Etat. Ainsi, suite au changement de régime, un vaste mouvement de privatisations spontanées a eu lieu en Hongrie et l’Etat a perdu de nombreux biens publics.

En outre, pendant les négociations, le MSZMP n’a pas permis l’organisation d’une élection pour élire le président. On a laissé ce pouvoir au gouvernement.

Peut-on réellement affirmer que la date exacte des changements politiques et économiques en Hongrie fut le 19 juin 1989, lorsque la table ronde de l’opposition a signé un pacte sur les changements? Peut-être. C’est du moins la date du début de ces changements, qui restent inachevés encore aujourd’hui. Une chose est sûre, la table ronde de l’opposition a fait un premier pas, engageant tout le processus d’évolution du système.

Eszter Kocsis