La politique différemment
Lehet más a politika (Pour une politique différente), tel est le nom d’une initiative civile, réunissant 200 à 300 activistes, qui espère bientôt faire son entrée sur la scène politique. Ses représentants, pour la plupart des écologistes, défenseurs des droits civils ou issus d’autres associations civiles, veulent mettre fin aux politiques discréditées des partis hongrois et créer une vie politique plus juste, plus propre et plus transparente. Pour cela, LMP a récemment adopté 12 points anti-corruptions et, à voir la longue liste de changements qu’ils proposent, nul doute qu’ils ne s’attendent pas vraiment à tenir un rôle politique majeur…
Le LMP est à l’heure actuelle une initiative civile mais envisage de se développer et d’obtenir les statuts d’un véritable parti politique si leur programme incite assez de citoyens à adhérer à leur mouvement. Le cas échéant ils se présenteraient aux élections européennes en 2009. Selon les fondateurs de LMP, les exigences des citoyens en matière de politique responsable sont très loin de ce que les partis proposent aujourd’hui et la population souhaite un renouvellement dans la vie politique. Une grande partie des électeurs hongrois déserte en effet les bureaux de vote, phénomène que les activistes de cette initiative expliquent par le mécontentement de la population vis-à-vis de l’élite politique. LMP tente donc de se tourner vers ces électeurs blasés en leur proposant une nouvelle voie politique.
Leur programme repose sur les trois principes suivants: développement durable, équité et participation. Ils proposent des changements dans sept domaines différents, dont des actions en faveur de l’intégration de la société, des mesures pour le développement de la province, pour la transparence de la vie publique et une politique budgétaire équilibrée. Ils attacheraient une grande importance au dialogue avec les associations civiles afin d’établir une démocratie plus juste et une société plus solidaire. Début octobre, LMP a présenté, à Budapest et dans cinq grandes villes, douze points anti-corruptions. Les suggestions de LMP visent entre autres à augmenter la transparence du secteur public, à renforcer les contrôles des institutions indépendantes telle que la Cour des comptes ainsi qu’à réviser la rémunération des députés et l’influence des lobbies. LMP organise également des soirées-débats dans différentes régions afin d’écouter les propositions des citoyens. Ils essaieront ensuite de former leur programme en fonction des exigences de la population.
Parmi les fondateurs de LMP on trouve plusieurs des anciens membres de l’association Védegylet, une association civile écologique fondée suite aux premières pollutions de la rivière Tisza en 2000. András Schiffer, avocat et activiste auprès de plusieurs associations ainsi que Benedek Jávor, jeune philosophe, en faisait partie et ont tous deux contribué à la campagne de László Sólyom lors des élections présidentielles en 2005. Ils disent avoir quitté le Védegylet dans le but d’apparaître dans la vie politique et d’initier un dialogue social en faveur d’un changement politique.
L’exigence de la population pour une nouvelle force politique est sans doute considérable mais LMP sera-t-il capable de motiver assez de citoyens à agir, telle est la question des mois à venir. Il y a quelques années, Mihály Kupa, ancien ministre de l’économie, avait fondé un parti centriste mais, malgré sa réputation personnelle, son parti n’a pas atteint le seuil des 5% aux élections législatives et n’a pu entrer au Parlement. Si l’on tient compte des sondages d’opinions qui ont récemment fait état de la perte de popularité du SZDSZ et du MDF, on constate que la polarisation gauche-droite de la vie politique est de plus en plus forte en Hongrie. Quand on voit ensuite les difficultés que le MDF a rencontrées pour pouvoir maintenir sa fraction au Parlement (alors même qu’il a été le vainqueur des premières élections après le changement de régime) on commence à douter que les représentants d’un jeune parti comme le LMP puissent obtenir le soutien nécessaire pour devenir des acteurs importants de la vie politique hongroise.
Anna Bajusz