La Perse à Budapest
Malgré la politique étrangère que mène l’Iran et les opinions inacceptables que professe son président, la culture perse est une des plus ancienne du monde. Pour en savoir plus sur les Iraniens vivants à Budapest et sur leur culture et leur intégration, le JFB a rencontré Samira Sinai, metteur en scène et actrice à la double origine hongroise et iranienne.
JFB: Quelle est l'importance de la communauté iranienne à Budapest?
Samira Sinai: On peut considérer qu’il y a deux composantes principales, une première qui regroupe une centaine de personnes venues en Hongrie il y a plus de vingt ans et une deuxième qui comprend tous les jeunes venus faire leurs études en Hongrie soit un millier de personnes environ.
JFB: Pourquoi ont-ils choisis précisément la Hongrie? .
S. Sinai: 70% de la population iranienne a moins de trente ans, de nombreux jeunes veulent étudier à l’étranger pour pouvoir trouver un meilleur emploi à leur retour. Il existe en Hongrie de nombreuses formations qui sont dispensées en anglais et le coût des études y est relativement bas. Ce sont donc avant tout des raisons d’ordre financier qui poussent les jeunes iraniens à venir étudier ici. Ils étudient à Szeged, Debrecen et Budapest et la plupart préparent des diplômes de médecine ou d’ingénieurs.
JFB: Existe-t-il une véritable communauté iranienne?
S. Sinai: A l’exception de certaines communautés particulières et assez réduites, on ne peut pas réellement parler de vie communautaire. Il existe divers évènements, organisés par l’Ambassade d’Iran ou par des personnes privées qui regroupent des Iraniens le temps d’un évènement ou d’une soirée.
JFB: Qu’en est-il des évènements culturels?
S. Sinai: Il existe des endroits où se réunissent les étudiants iraniens entre eux et des fêtes traditionnelles comme Norouz ( premier jour du printemps et du calendrier iranien NdR) ou pour les dix jours de fête commémorant le changement de régime pendant lesquels l’Ambassade organise des évènements culturels avec la venue d’artistes, de musiciens et parfois de films. Le patron du restaurant Shiraz dans la rue Raday est aussi toujours prêt à épauler un évènement culturel, il nous a, par exemple prêté une salle pour les répétitions de mon dernier spectacle. La chaîne de télévision Duna et certains cinémas d’Art et d’essais passent parfois des films iraniens.
JFB: Vous êtes vous-même metteur en scène et actrice et vous présentez actuellement une pièce, Rostam et Sohrab, inspirée de textes anciens...
S. Sinai: Oui, les textes sont extraits du Shahnameh (livre des Rois de Akim Abol Qasem Ferdowsi écrit autour de 970 et traduit en hongrois par Laszlo Devecsery NdR ) ce sont des histoires que l’on contait dans les maisons de thé, les hommes qui fréquentaient les Zurkhane, «les maisons de force» proches des maisons de thé venaient écouter le conteur, lui-même un homme, qui venait raconter, tel un feuilletonniste, une partie de l’histoire chaque semaine. Les hommes venaient dans les «maisons de force» pour cultiver leur corps et leur esprit, ils ne devaient pas juste être forts, ils devaient être bons comme les héros des contes. Dans ma pièce ce sont des femmes qui content l’histoire, deux musiciens nous accompagnent et les décors sont enrichis d’oeuvres de peinture photographiées et projetées durant la pièce. Ces histoires ont une dimension universelle car les héros ont des qualités qui sont présentes chez chacun de nous et qu’il faut cultiver.
JFB: C’est votre deuxième pièce en Europe...
S. Sinai: Ma première pièce, Les murs de la ville grise, évoquait les difficultés d’une mère pendant la guerre et la peur de voir quelque chose arriver à son enfant. Je suis moi-même mère d’une petite fille et le thème de la nécessité d’une paix réelle et durable entre les peuples est un thème qui m’est cher.
JFB: Vous travaillez actuellement sur plusieurs projets...
S. Sinai: Je voudrais monter une pièce simple avec peu d’acteurs, voir même un monologue que je pourrais facilement présenter dans de nombreux pays à moindre frais. Je pense qu’il est important de faire partager sa culture au plus grand nombre possible.
Xavier Glangeaud
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