La mythologie d’Éva Rónai

La mythologie d’Éva Rónai

Tapisseries dans les galeries, de Budapest à Dijon

Une immense liberté rayonne dans les tapisseries d’Éva Rónai où, entre ciel et terre, les vagues de l’océan jaillissent de la surface du tissage. Les légendes deviennent réelles au travers de son art, comme dans l’expédition de l’irlandais Brendan, et les personnages bien réels. Ses plus proches rentrent dans sa mythologie La Conquête des Hongrois, où l’histoire et les fêtes de famille de nos jours, s’entrecroisent dans une même œuvre.

 

Dans un art on ne peut être plus traditionnel, Éva Rónai a frayé de nouveaux chemins et a élevé toute une génération d’artistes. Elle a élargi les frontières de l’art du textile en utilisant les nouvelles techniques. En outre, elle s’est essayée à l’art non-figuratif pour ensuite revenir aux sources, et ainsi trouvé sa voie par le biais des gestes anciens. Dans ses tapisseries de haute-lisse, elle a recourt aux fils anciens de couleurs naturels ou à la laine satinée d’agneau nourri à l’herbe fine. Les meilleurs historiens d’art hongrois ont remarqué son indépendance d’esprit, et le travail incessant que requiert  la tapisserie,  quand notamment elle réalise ses œuvres, seule et sans cartons.

L’expédition Brendan que vous pouvez observer à Budapest est une deuxième variante, la première ayant hélas disparue. L’artiste, qui s’est inspirée du livre de Tim Severin,  a reproduit avec un navire à  deux mâts tout recouvert de cuir, le voyage des moines irlandais qui ont atteint les côtes de la Terre Promise, l’Amérique - relaté dans un texte du VIIIème siècle. Le traitement de l’eau donne libre cours aux improvisations du tissage.

Dans la Course, elle expérimente la représentation du mouvement, avec une composition proche de la peinture – en arrière-plan, la mer y est tissée tout en contrastes de couleurs. Vous y verrez également une tapisserie énigmatique représentant son fils qui nourrit un renard en peluche. Ainsi que sa fille sur Twin Peak, dans une situation surréaliste avec une bicyclette. Les Nabis ont eu cette même prédilection pour les scènes familiale, dont l’apothéose apparaît d’ailleurs dans la Conquête des Hongrois. Les retrouvailles de toute sa famille et ses amis, et les véhicules empilés les un sur les autres rejoignent Villey sur Tille, là où sa fille, artiste peintre, réside avec son mari et ses enfants. De nos jours, utiliser la technique dans une tapisserie avec plein d’ironie comme le fait Eva Ronai, rappel  l’ancienne tradition des gobelins. À ce propos, elle évoque l’image de la cathédrale avec un car dans une sorte d’arc de triomphe, tout en fruits et fleurit. La Conquête des Hongrois titre également en mémoire aux guerriers hongrois, qui se sont aventurés vers l’an mil jusqu’à cet endroit. On y retrouve une colonne érigée avec une inscription qui rappelle ce passé.

Éva Rónai a réuni tout ses influences dans un univers fantastique. Vous pourrez y observer également les visages de deux artistes plein de talent, et reconnus comme tels – ses enfants Beáta et Gábor Roskó.

Rónai Éva – édition en hongrois, français et anglais. Texte de Tünde Topor – édité par la Galerie 2B – Budapest, 2011.

Júlia Jankovich : Az ujjászületett gobelin – 150 illustrations en couleurs des artistes hongrois contemporains, Edition Balassi Budapest, 2001.

Ensemble – catalogue bilingue de l’exposition des artistes de l’Association des artistes de la tapisserie hongroise au Musée du textile, Budapest 2009.

Éva Vámos 

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